Publié le 6 May 2024 - 16:22
15e SOMMET DE L’OCI EN GAMBIE

Diomaye, le soutien indéfectible à la Palestine

 

Lors du récent Sommet de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) à Banjul, le nouveau gouvernement sénégalais a clairement marqué son soutien à la Palestine, amorçant un tournant dans sa politique extérieure. Retour sur les implications de cette position pour les relations internationales du Sénégal et les réactions qu'elle suscite. 

 

Le chef de l’État Bassirou Diomaye Faye a participé, le 4 mai 2024, aux travaux du 15e Sommet de l'OCI au Centre de conférences international Sir Dawda Kairaba Jawara de Banjul, sous le thème "Promouvoir l’unité et la solidarité à travers le dialogue pour le développement durable".

Lors de sa prise de parole, le chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye, a soutenu qu’’’en tant que président nouvellement élu du Sénégal, membre fondateur de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), le Sénégal était plus que jamais ancré au sein de cette organisation, ceci dans un esprit de solidarité et de fraternité islamique".

Dans la foulée, le chef de l’État a aussi renouvelé son soutien indéfectible á la Palestine dans un contexte de guerre à Gaza qui a déjà fait près de 30 000 morts, selon le ministre de la Santé palestinien.  Le président Bassirou Diomaye Faye a déclaré que le Sénégal est ‘’particulièrement préoccupé par la situation catastrophique à Gaza”, dénonçant ‘’le regard indifférent de la communauté internationale”, ‘’l’inertie du Conseil de sécurité” de l’ONU et le ‘’mépris des règles humanitaires les plus élémentaires’’.

Pour sa part, le journaliste du quotidien ‘’L’As’’, Abou Sy, analyse que ‘’c'est un discours à saluer. Car le Sénégal, qui préside le Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a un rôle important à jouer dans ce conflit et sur la situation à Gaza dont les actes sont qualifiés de génocide par la rapporteuse spéciale des Nations Unies pour les territoires palestiniens, en mars dernier. À mon avis, ce discours est un message à Israël et une position de soutien à la population de Gaza. Sous ce rapport, je pense que le Sénégal, qui a été le premier à reconnaître la Palestine comme État, a un rôle historique à tenir’’.

Pour beaucoup d'observateurs, cette prise de position marque une nette rupture avec les politiques de son prédécesseur Macky Sall. Le Sénégal entretenait des relations étroites avec Israël, notamment dans le domaine sécuritaire et de l'agriculture.

En octobre 2023, le Sénégal, en sa qualité de président du Comité des Nations Unies pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, avait réitéré son appel à la désescalade et au respect du droit international humanitaire, suite à la reprise des hostilités dans le conflit israélo-palestinien.

Abou Sy : ‘’L'Afrique du Sud est en train de remplir une mission que le Sénégal a désertée.’’

En effet, c’est en juin 2017 que la situation est retournée à la normale, après quelques brouilles diplomatiques entre le Sénégal et Israël. En 2016, le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait rappelé son ambassadeur et annulé les programmes d’aide au Sénégal. Dakar avait conduit une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies condamnant la construction de colonies juives en 2016.

Depuis 1975, le pays préside le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien. Une grande partie de la population sénégalaise est solidaire à la cause palestinienne et se réjouit de cette nouvelle position.

Pour Cheikhouna Samb, “Bassirou Diomaye Faye et son gouvernement doivent avoir une position claire et exiger la création des deux États au Proche-Orient, en condamnant les massacres de l’armée juive à Gaza et dans les territoires occupés’’.

Pour la ministre des Affaires étrangères Yacine Fall, cette posture reflète la position indéfectible de Dakar sur cette question. Elle poursuit dans le site web de l’Agence de presse sénégalaise (APS) : ‘’Le Sénégal, depuis son indépendance avec le président Senghor, a toujours pris une position claire et très forte en faveur des droits du peuple palestinien.’’ Elle rappelle que ‘’le président Senghor avait donné un passeport diplomatique à Yasser Arafat’’.

Donc, selon elle, le Sénégal a toujours eu une position de principe par rapport à la protection des droits inaliénables du peuple palestinien pour la création de leur propre État et c’est ce que le président Bassirou Diomaye Faye a réaffirmé dans sa déclaration.

Dans cette optique, le journaliste veut que le Sénégal soit plus exigeant, comme la Colombie qui a décidé de rompre ses relations diplomatiques avec Israël, et la Turquie qui a boycotté le commerce israélien.  ‘’L'État du Sénégal, dit-il, doit pouvoir aller plus loin en formant une coalition internationale pour intenter des procès contre les dignitaires du régime, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le ministre de la Défense et certains dignitaires de Tsahal coupables d'exactions contre des populations à Gaza. L'Afrique du Sud est en train de remplir une mission que le Sénégal a désertée. Senghor a été jusqu'à recevoir Yasser Arafat, à une époque où il était qualifié de terroriste’’.

AMADOU CAMARA GUEYE

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