Publié le 16 Jan 2012 - 11:37
23 LIONS CAN 2012

Mamadou Niang : l’incassable

Mamadou Niang, capitaine des lions

 

Les chiffres ne peuvent pas tout dire. Ils vous évoquent juste l’essentiel. Dans le cas de Mamadou Niang, ils conteront l’histoire d’un formidable attaquant adulé à Marseille, qui a marqué 100 buts pour le club olympien. Ils feront le profil d’un joueur qui a inscrit 26 buts en sélection et qui peut devenir le meilleur buteur de l’histoire du Sénégal en détrônant Henri Camara (29 buts).

 

Ce que les chiffres ne diront pas, c’est que la carrière de Mamadou Niang, aussi bien en club qu’en sélection n’a jamais été un long fleuve tranquille. A l’OM, il a dû cohabiter avec les fantômes des grands buteurs (Papin, Drogba), en équipe nationale, il a longtemps cherché une (petite) place aux côtés de l’omniscient El Hadji Diouf. ‘’Toujours se battre pour exister’’ : c’est l’histoire de Mamadou Niang.

 

A 32 ans, le natif de Thiempeng (région de Matam) a failli ne pas vivre le riche destin de footballeur qui est le sien. Après avoir tapé ses premiers ballons dans les rues de son quartier Caucriauville, Mamadou Niang atterrit au Havre Athletic club, la référence dans la région. Son élan et son rêve sont vite brisés par "une accusation à tort" pour un vol qu'il aurait commis au centre de formation.

 

Il est exclu. "Je n'aime pas dire du mal sur les gens, confie-t-il un jour dans le journal marseillais, la Provence, mais on m'a vraiment fait passer pour quelqu'un que je ne suis pas; pour un voyou. Même si on ne m'a pas tenu de propos racistes, je sais que l'on m'a collé ce soi-disant vol sous prétexte que je suis black et que je venais du quartier le plus chaud de la ville." Cet épisode fait lâcher l’adolescent qui met un trait sur sa carrière de footballeur. Mais son ancien formateur, Carlos Lopez, convaincu du talent de son ex-protégé, lui, entreprend de le remettre dans le droit chemin du foot.

 

Lopez le pousse à pratiquement tout reprendre à zéro et le fait rejoindre un modeste club de Division d’Honneur (6e division), à Saint-André-les-Vergers, dans la région troyenne. Mamadou Niang a 18 ans, il joue les dimanches après-midi, et travaille la semaine comme magasinier dans un supermarché pour gagner sa vie.

 

Un an plus tard, Carlos Lopez, alors adjoint d’Alain Perrin, entraîneur de Troyes, plaide pour la cause de son poulain. Niang rejoint Troyes, joue son premier match de Ligue 1 contre…l’OM, et commence à écrire à l’encre de la sueur sa formidable aventure avec le football professionnel.

 

 

 

Diouf, un frein…

 

Pendant longtemps, l’histoire de Mamadou Niang en équipe nationale a été un feuilleton où se sont entremêlés des espoirs légitimes, des promesses non tenues, des incompréhensions tenaces, mais aussi des coups d’éclat réconfortants. Lors de sa première sélection en mars 2002, le puissant attaquant marque son premier but avec les Lions contre la Bolivie.

 

Crédité d’une bonne performance, Niang, manque de peu de faire partie de la bande de 2002 qui allait briller lors du Mondial en Corée et au Japon. La suite aurait dû être une (très) belle épopée dans la tanière. Mais la pire chose qui est arrivée à Niang a sans doute d’avoir été en équipe nationale en même temps qu’El Hadji Diouf.

 

L’ancien attaquant de Marseille n’a jamais pu véritablement exprimer tout son potentiel en ayant à ses côtés l’omniprésent, la star, et la grande gueule El Hadji Diouf. Leur relation technique aurait pu (dû) porter le Sénégal plus haut et permettre à Niang de battre tous les records en sélection. Mais l’égo de Diouf ne pouvait pas supporter de voir quelqu’un briller à sa place. ‘’Il y a toujours eu une complémentarité imparfaite entre eux’’, témoigne l’ancien sélectionneur des Lions entre 2002 et 2004, Guy Stephan.

 

Mais pour qu’il y ait complémentarité, il faut d’abord une volonté d’être complice ou de faire briller l’autre. Niang n’a jamais eu (ou très rarement) des affinités avec Diouf sur le terrain ou en dehors. Si leur entente cordiale ne s’est jamais fissurée au grand jour pendant des années, la bombe à retardement a éclaté quelques mois après la piteuse élimination du Sénégal de la CAN et du Mondial 2010.

 

Entre déballages, (re) positionnement dans la tanière, les deux Lions se griffent pas presse interposée. "J'ai dit à Diouf : "à la CAN 2008, t'as pas mis un but, dans les matchs en Tunisie, en Egypte, ou au Ghana, non plus. Et tu te dis star alors que tu ne nous sers à rien", attaque Niang dans un entretien accordée au magazine So Foot en octobre 2009. La réplique du bad boy ne s’est pas faite attendre. ‘’Mamadou (Niang) sait qu’il ne peut pas y avoir un problème de leadership entre nous, assure Diouf.

 

En Equipe nationale, je ne dispute la vedette à personne. Si on devait me parler de ce problème en Equipe nationale, on me citerait les Aliou Cissé, Fadiga, Salif Diao, Oumar Daf. Bref, la génération dorée. Oui ! Eux, ils peuvent me prendre la tête. Mais, la génération d’après, non ! Je ne vois pas quelqu’un qui peut être leader devant moi. Impossible !’’. Si le champion de France 2009 et le double ballon d’or africain ont paru enterrer la hache de guerre, il n’était plus question de les voir réunis sous le même maillot national. Pour la reconstruction, il fallait choisir entre les deux. Aujourd’hui, ni Amara encore moins les Fédéraux n’ont regretté l’option Niang.

 

 

Rendez-vous avec l’histoire ?

 

 

Le capitaine de la tanière pourrait vivre une CAN historique. Si sa plus grande mission est de devenir le premier capitaine des Lions à soulever le plus prestigieux trophée du continent, Mamadou Niang peut également inscrire son nom dans les annales du foot sénégalais en étant le meilleur buteur en Coupe d’Afrique.

 

Avec quatre buts (trois en 2004, un en 2006), l’attaquant d’Al Sadd est à égalité avec Henri Camara. Un bonheur ne venant jamais seul, Mamadou Niang aura aussi la possibilité d’être le meilleur buteur de la sélection (26 buts, contre 29 pour Henri Camara). Et cette fois les chiffres chanteront certainement l’épopée du plus grand buteur que le Sénégal ait jamais connu….

 

La première sélection : Mamadou Niang a 22 ans lorsqu’il est appelé pour la première fois en équipe nationale par Bruno Mestu. Le mercredi 27 mars 2002, au stade Léopold Sédar Senghor en match amical entrant dans le cadre de la préparation des "Lions" pour le Mondial 2002, celui qui porte le maillot de Troyes, à l’époque est titularisé en attaque.

 

Après l’ouverture du score par Pape Bouba Diop (44e) et l’égalisation de Diego Bengolea (48e), Mamadou Niang (64e) donne la victoire aux Lions. Un but comme il en a marqué au cours de sa carrière : appel dans la profondeur et frappe puissante du pied droit. Une première sélection convaincante, mais pas assez aux yeux de Bruno Metsu qui ne l’inclura dans sa liste des 23 pour le Mondial 2002.

 

Repères

Mamadou Niang, né le : 13 octobre 1979 à Matam

Taille : 1m78

Poids : 80 kg

Poste : Attaquant

Clubs successifs : ES Troyes AC (2000 - janvier 2003) ; FC Metz (janvier 2003 - juin 2003) ; RC Strasbourg (2003 - 2005) ; Olympique de Marseille (2005 - 2010) ; Fenerbahçe (2010-2011) ; Al-Sadd (2011-...)

Palmarès :

Champion de France en 2010 (Marseille)

Meilleur buteur du Championnat de France en 2010 (Marseille)

Vainqueur de la Coupe de la Ligue en 2005 (Strasbourg), 2010 (Marseille)

Finaliste de la Coupe de France en 2006, 2007 (Marseille)

 

Ndiassé SAMBE

 

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