Publié le 28 Jan 2015 - 14:01
3E SESSION DES ASSISES

 La nuit du long couteau

 

Cette deuxième journée des assises a été l’épilogue pour l’affaire de Moussa Diagne qui, bien que condamné à 6 ans de prison pour le meurtre de Mamadou Ba alias Pata, bénéficie du fait d’excuse à savoir la provocation. Ce qui couvre la peine qu’il a déjà purgée. Ainsi, il repart libre du tribunal.

 

‘’Petit’’ meurtre entre amis ou presque. ‘’Ça n’a jamais été mon ami, mais juste une fréquentation que je voyais de temps en temps’’, s’est défendu Moussa Diagne, 34 ans, accusé du meurtre de Mamadou Ba alias ‘’Pata’’, lors de son procès, hier, devant la cour d’Assises. Il a été condamné à 6 ans de prison. Une peine qui couvre sa période de détention préventive. Il a écopé cette peine légère, en bénéficiant du ‘’fait d’excuse’’, et est sorti libre du tribunal.

Durant tout son procès, l’accusé a loué le Bon Dieu. ‘’Alhamdou li Laahi d’être toujours en vie. J’ai cru que ce 21janvier 2009 allait être ma dernière nuit sur cette terre‘’, a-t-il déclaré en soupirant. Car, pour se sauver des griffes d’un loup solitaire réputé violent et  cruel, il a dû se battre. ‘’J’ai vu ma vie défiler, quand il m’a attaqué avec son couteau qu’il avait dissimulé, surtout qu’il était réputé être colérique’’, a-t-il confié au juge d’un air anxieux.

Le meurtre a eu lieu lors d’une nuit de fraîcheur. ‘’Comme la maison ne se fermait pas, il s’est incrusté chez moi complètement ivre. J’étais sur mes gardes. On était tranquillement assis près du feu et on discutait. Après mon refus de lui donner 100 francs, il a pris un couvercle en plastique pour le jeter dans les flammes. Quand j’ai voulu sortir le couvercle du feu, il m’a poignardé près de l’oreille. Malgré mes blessures au bras, je réussis à lui ôter le couteau des mains, pour le poignarder à son tour au ventre, avant de l’achever à coup de brique’’, a raconté l’accusé en début d’interrogatoire.

Je l’ai frappé avec ce que j’avais sous la main : la brique

‘’Pourquoi vouloir l’achever avec une brique, alors vous l’avez déjà blessé ?’’ ne s’est empêché de demander le juge. ‘’J’étais dans un état second, suite au traumatisme subi après la première attaque. Je n’ai pas réfléchi quand il est revenu à la charge. Je l’ai frappé avec ce que j’avais sous la main, avant d’aller avertir la police,’’, a-t-il ajouté en mimant le geste. ‘’Et vous êtes conscient que la  brique pouvait le tuer?’’ a repris le président. ‘’Je sais que cela pouvait le blesser mortellement. Mais, même blessé au ventre, j’avais toujours peur qu’il ne m’arrache des mains le couteau, pour m’achever. J’ai agi en cas de légitime défense’’, s’est-il exclamé avec force.

Sur ces allégations, l’avocat général a pris la parole et affirmé comprendre les actes de l’accusé, surtout que sa victime n’était pas à son premier coup d’essai. ‘’Je sais qu’il a déjà un long passé de criminel. Et, on sait qu’il a déjà tué un militaire. Même sa famille a refusé de se constituer partie civile, à cause de ses lourds antécédents criminels. Toutefois, je remarque que l’accusé avait la possibilité de maîtriser la victime, après l’avoir touché à l’abdomen’’. Ainsi, il a requis la peine de  6 ans de prison, assortie de l’application du fait d’excuse, pour que cette peine couvre sa détention qu’il a déjà purgée.

Sur ce, l’avocat de la défense a salué un homme sans antécédent criminel qui a assez payé pour simplement avoir voulu sauver sa vie. C’est sur cette dernière intervention que la cour s’est retirée pour délibérer.

Mamadou Makhfouse Ngom

 
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