Publié le 18 Jul 2014 - 01:19
8E JOUR/2E SESSION D’ASSISES 2014

Profil des l’accusés 

 

Profil de l’accusé n°1 :

Le réfugié nigérian a noyé sa ‘’frustration’’ dans le trafic de drogue

Ernest Okeke, un Nigérian de 25 ans, est un accusé pour le moins assez facile à vivre. Accusé de détention et de trafic de cocaïne, il n’a posé aucune difficulté aux magistrats chargés de son interrogatoire, s’appliquant - au contraire - à répondre le plus exactement et de la manière la plus concise possibles aux questions posées… À tel point que son procès a été très rapidement plié. Vers 10h30, on en avait terminé, les juges et le parquet ne voyant plus la nécessité de le confondre dans ses déclarations.

De ce qu’on sait de lui, Ernest Okeke s’est rendu à Dakar, en juillet 2009, dans l’espoir de convoyer de la drogue contre une somme de 1500 € devant lui être versée en Italie, à la livraison de la marchandise. A l’époque de son arrestation, il était dans le besoin, mangeant à la soupe populaire et dormant, le soir, dans des gares, parce qu’ayant perdu son emploi, du fait de la récession économique… Ce qui explique qu’il a sauté sur l’occasion de se faire plus d’un millier d’euros, par l’intermédiaire d’un certain Georges, qui lui a proposé le ‘’service’’. ‘’J’étais tellement frustré, votre honneur. C’est la frustration qui m’a mis dans toute cette histoire, mais je jure qu’on ne m’y reprendra plus’’, a-t-il promis.

Ernest était d’autant plus frustré qu’il n’était pas un immigré clandestin, comme on l’aurait de prime abord pensé, mais bien détenteur d’une carte de séjour... L’accusé bénéficiait, en Italie, du statut de réfugié politique (allez savoir comment). Comment réagir, donc, quand on est un Africain ayant connu l’horreur du circuit de l’immigration clandestine par voie terrestre (Lybie), puis maritime (à travers la méditerranée), qu’on ait, par chance, obtenu des papiers, puis un emploi (il dit avoir travaillé 5 mois en tant qu’ouvrier en bâtiment), pour ensuite le perdre et se retrouver, une fois encore, démuni et sans famille dans un pays étranger ? Cela, alors que votre propre mère a emprunté de l’argent pour vous aider à faire le voyage et placé ses espoirs en vous ?

‘’Frustration’’ est un bien léger mot !

Profil de l’accusé n°2 :

Encore ‘’étudiant’’ à 39 ans, le dealer se prétend touriste

Ike Linus Anaeke a comparu pour répondre des chefs d’accusation de contrebande et trafic international de drogue. Corpulent, trapu, la voix très grave, l’accusé a eu une forte propension à partir dans de longues tirades quelque peu bougonnes… En plus d’avoir des hausses de tension qui lui ont valu de passer son interrogatoire assis sur une chaise en face des juges… Après Fatou Ndiaye Dabo, hier, il semble que cela devient une mode !

Ike Linus Anaeke se dit âgé de 44 ans aujourd’hui, soit de 39 ans au moment de son arrestation, à l’aéroport L.L.S, alors qu’il voulait embarquer sur un vol à destination de Lisbonne, au Portugal. Fait qui, en passant, a sans doute échappé aux juges, car ils ne lui ont pas demandé les raisons du choix de cette destination,  bien que l’accusé se soit présenté comme étant en vacances au Sénégal et domicilié… en Espagne.

Un mystère (ou une incohérence) donc, qui n’a pas empêché l’accusé de soutenir mordicus qu’il n’avait rien à voir avec les faits à lui reprochés : ‘’Je ne suis ni un trafiquant, ni un contrebandier !’’ a-t-il en effet et répété de nombreuses fois. L’accusé a ainsi servi une tout autre histoire que celle consignée dans l’ordonnance qui lui a valu son renvoi aux Assises. Ike aurait bien eu de la cocaïne en sa possession, mais pas les 15 boulettes consignées par les policiers… Il dit avoir eu par devers lui, au moment de son arrestation, environ 5 grammes de poudre pour son usage personnel.

De plus, il ne serait pas un dealer, mais un étudiant basé en Espagne, marié à une employée de supermarché et père de deux enfants… Il travaillerait, par ailleurs, à temps partiel pour 1000€ par mois, en plus de ses études (en langue espagnole, a-t-il précisé).

L’accusé se serait, enfin, rendu au Sénégal pour visiter l’île de Gorée, tout particulièrement, et aurait acheté la drogue retrouvée par devers lui à des ‘’gosses au sortir d’une boîte de nuit dakaroise’’.

Ike est-il un pauvre drogué ou un sacré menteur ?

Profil de l’accusé n°3 :

Disciple de Bacchus et meurtrier

Dernier accusé à se présenter hier, dans le cadre de cette 8e journée de la 2e session des Assises de Dakar de l’an 2014, El Hadji Pathé Ndiaye était poursuivi pour meurtre sur la personne de son ami Ameth Fall. Triste affaire que celle ayant conduit à son arrestation, car il semble bien que ce soit pour une simple bouteille (ou carton, peu importe) de vin que les deux amis en sont venus à se poignarder, victime comme accusé ayant, au moment des faits, reçu des coups de couteau.

Et le plus grave dans tout cela est que l’accusé, à un stade d’ébriété avancé au moment des faits, ne se souvient de rien. Comment, ainsi, s’imaginer à la place d’un homme qui risque, au pire, la perpétuité pour des faits dont il n’a aucun souvenir ? Gardant cela à l’esprit, on n’en a que plus d’admiration pour ce riverain du quartier des HLM Fass qui s’est présenté très calme à la barre…

De l’enquête de personnalité, on apprend qu’El Hadji Ndiaye est un carreleur de 32 ans, né à Yeumbeul. Il n’a pas poussé loin dans les études, choisissant d’abandonner les bancs en classe de CM2 pour entrer en apprentissage, d’abord en menuiserie, puis en carrelage. Depuis le divorce de ses parents, lorsqu’il avait huit ans, il a quitté le domicile paternel, aux HLM, pour vivre avec sa mère dans la maison de ses grands-parents. Bien que carreleur à temps plein, il dit parfois boucler ses fins de mois en achetant des ‘’ballots’’ d’habits de seconde main pour les revendre à Colobane… activité qu’il partage avec sa mère, elle aussi commerçante (et aujourd’hui remariée).

Si l’enquête, enfin, n’a pas révélé le statut marital de l’accusé ou l’existence (ou non) d’enfants dont il serait le père, El Hadji Pathé Ndiaye dit, lui-même, vivre dans une fratrie élargie et avoir de nombreux amis. 

 

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