Publié le 24 Apr 2014 - 18:33
AÉROPORT LÉOPOLD SÉDAR SENGHOR

Wade, une terreur pas au rendez-vous 

 

Bien qu’il ne soit pas arrivé à Dakar hier comme prévu, Me Abdoulaye Wade a pourtant fait transformer, de loin, les abords de l’aéroport de Dakar en état de siège, le temps d’une après-midi.
 
 
REPORTAGE.
 
En lieu et place d’un ‘’accueil’’, les Sénégalais auront finalement assisté à une bataille d’opinions entre l’ancien président Abdoulaye Wade et le pouvoir, avec un retour ajourné qui aura cristallisé toutes les attentions. Entre accusations de ‘’sabotage’’ par le Parti démocratique sénégalais et dénégations du pouvoir, le suspense a duré jusqu’en début de soirée. 
 
Il est 11 heures. La route de l’aéroport Léopold Sédar Senghor est jalonnée par les éléments de la gendarmerie. Lourdement armées, ces forces de l’ordre prennent au sérieux le ‘’retour hautement politique’’ du pape du Sopi. Ce qui semble compromettre l’’’accueil populaire’’ que les militants libéraux ont voulu réserver à leur leader.
 
A midi, seule une dizaine de libéraux, dont Toussaint Manga, patron de l’Union des travaillistes des jeunesses libérales (UJTL), est présente sur les lieux. Vêtus de t-shirt à l’effigie soit de Me Wade ou de son fils, ces militants sont priés de vider les lieux. Y compris les journalistes. ‘’Reculez ! Il n'y a pas de distinguo’’, beugle un gendarme. ‘’Ne bougeons pas ! Qu’on nous embarque s’ils veulent !’’ s’oppose un jeune militant.
 
‘’Ne cédons pas à la provocation’’, lui conseille un des leurs. Agacés, certains militants décident de rejoindre la permanence Oumar Lamine Badji. D’autres sont restés pour  engager le bras de fer avec les forces de l’ordre. Mais ils sont tenus en respect au niveau du rond point de Yoff Tonghor. A mesure que les minutes passent, la foule grossit. 
 
Moustapha Cissé Lo, l’intrus
 
14 heures 30 mn. Les rumeurs font état de l’arrivée imminente de Me Wade. L’adrénaline monte. Un long cortège de véhicules 4x4 débarque à l’aéroport. On peut y apercevoir les anciens ministres Aliou Sow, Farba Senghor, et l’ancien ambassadeur du Sénégal en Italie, Cheikh Sadibou Fall. Mais tout ce beau monde se verra interdire l’accès au salon d’honneur par les gendarmes.
 
Motif invoqué : ils disent exécuter un ‘’ordre’’. Point barre. La mort dans l’âme, ces responsables libéraux rebroussent chemin. Pendant ce temps, on note, curieusement la présence de Moustapha Cissé Lo, responsable de l’APR et vice-président de l’Assemblée nationale. Il vient ‘’accueillir’’ Me Wade. Qui ne vient toujours pas. 
 
’’Me Wade est bloqué à l’aéroport de Casablanca faute d’autorisation d’atterrir par le gouvernement du Sénégal’’, annonce, sur les ondes d’une radio de la place, Samuel Sarr, ancien ministre. L’information se répand comme une traînée de poudre. De quoi exaspérer les militants qui sentent un ‘’coup fourré’’ du régime. Surexcités, ils scandent : ’’Goor gi moo bàri doole’’ (Le vieux est le plus fort). S’ensuivent des échauffourées avec les forces de l’ordre qui interpellent six d’entre eux. 
 
16 heures. On annonce de nouveau l’arrivée de Wade. Un autre convoi d'une dizaine de véhicules 8x8 déboule. A sa tête Lamine Faye, garde du corps et neveu de Me Wade et son chauffeur. Le convoi est stoppé par les gendarmes à l’entrée de l’aéroport, vérification oblige. Après trois heures d’attente, toujours pas l’ombre du «messie». Un responsable du PDS confie alors : ’’Me Wade va finalement passer la nuit à Casablanca, il viendra demain (aujourd’hui) à 15 heures’’.
 
L’information est confirmée par Oumar Sarr, le coordonnateur du PDS. Les militants ne cachent pas leur déception. Toutefois, ils restent déterminés à accueillir leur leader. ‘’Tout cela montre à quel point Wade, à son âge, fait peur à Macky’’, déclare une vieille dame. Tard dans la soirée, l'information est corrigée : c'est demain 25 avril que l'ex président sera à Dakar.
 
Le convoi s’ébranle vers le QG du PDS. L’aéroport se libère petit à petit de sa pression. Les travailleurs retrouvent leur quiétude. Les véhicules peuvent alors circuler sans entrave. En attendant une nouvelle journée de tension. Vendredi.
DAOUDA GBAYA
 

 

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