Publié le 30 Sep 2019 - 13:10
AFFAIRES KARIM WADE ET KHALIFA SALL

Les petits secrets d’un deal politique en marche

Les retrouvailles de Macky Sall et Abdoulaye Wade

 

‘’Le coup de Touba’’, barrions-nous la Une de notre édition du week-end, à l’occasion  des retrouvailles physiques, suffisamment médiatisées, lors de l’inauguration de la mosquée Massalikoul Jinaan, le vendredi 27 septembre 2019. En réalité, le ‘’coup’’ a été mûri de longue date, loin de tous les regards indiscrets, alors que les manœuvres politiques sont loin d’être terminées.  

Au lendemain de la fête de l’Aïd El Kebir, une information sur une visite que le président Macky Sall aurait rendue à Me Abdoulaye Wade, pour sacrifier au rituel d’échanges de politesses, comme le veut la tradition musulmane, avait circulé. L’information avait été révélée par le Dr Cheikh Tidiane Seck, Secrétaire général adjoint du Parti démocratique sénégalais (Pds) en charge des cadres, mais très vite démentie par les services de communication de la présidence de la République.

Aujourd’hui, ‘’EnQuête’’ est en mesure d’affirmer, de façon certaine, que les propos de docteur Cheikh Seck n’auraient jamais dû être démentis puisqu’ils recoupent la réalité. Le président Macky Sall et son prédécesseur au palais, Me Abdoulaye Wade, se sont bel et bien vus le jour de la Tabaski et ont discuté en profondeur.

Et bien avant cette rencontre, les ponts avaient été établis, au moins, depuis le fameux déplacement de Me Abdoulaye Wade à Conakry. Le maître de Conakry, Dr Alpha Condé et Me Abdoulaye Wade, avaient évoqué l’épineux dossier Karim Wade. Selon nos sources, un accord, en tout cas verbal, avait été esquissé mi-février 2019 à Conakry pour que Wade-fils soit lavé à la grande vaisselle de l’amnistie et que Me Wade, qui avait menacé d’inviter violemment dans l’élection présidentielle en brûlant les bureaux et bulletins de vote, mette de l’eau dans son vin. C’est ce que certaines sources bien informées ont appelé le ‘’Protocole de  Conakry’’.

Il est cependant vrai que Me Wade n’a pas respecté l’entièreté de ses ‘’engagements’’, puisqu’il va recevoir un des adversaires du président Sall, Ousmane Sonko en l’occurrence, le 28 juillet 2019, pour lui dire tout le bien qu’il pense de lui.

Malgré tout, le contact se renouera entre Wade et son ancien Premier ministre après l’élection présidentielle, dans la plus grande discrétion, pour connaître une accélération ces deux derniers mois.

Mais en même temps qu’il traite du dossier Karim Wade, Macky Sall garde aussi une grande attention au dossier Khalifa Sall. Par le truchement d’une lettre de demande de grâce adressée au président par un avocat, frère de Mbaye Touré, le palais a voulu considérer qu’il pouvait donner une suite favorable à celle-ci, en libérant en même temps Khalifa Sall, emprisonné dans le cadre de la même affaire.  De sources bien informées, la lettre avait été traitée et un avis positif du patron avait été émis. Que s’est-il passé pour que la grâce, qui devait être accordée à la fête de l’Aïd El Kebir, d’ailleurs fuitée dans la presse, n’ait pas eu lieu ? Le mystère de cette affaire est sans doute à chercher dans le décès de l’ancien secrétaire général du Parti socialiste (Ps) et des tractations qui s’en sont suivies par rapport aux positionnements des uns et des autres.

Quoi qu’il en soit, on n’en est pas encore à la fin du processus, puisque ‘’l’enjeu ultime’’ selon les propos de nos interlocuteurs, reste l’amnistie aussi bien de Karim Wade que de Khalifa Sall. Les deux dossiers devraient être traités en même temps, dans la mouvance du dialogue politique enclenché. Famara Ibrahima Sagna a réellement du pain sur la planche ! 

M. WANE

 

Section: