Publié le 1 Aug 2019 - 23:24
AVORTEMENT MÉDICALISÉ AU SENEGAL

51 500 cas provoqués en 2012 

 

Une étude menée dans 10 des 14 régions du Sénégal, fait état de 51 500 cas d’avortement qui ont été provoqués en 2012. Soit un taux de 17 sur 1 000 femmes âgées de 15 à 44 ans.

 

Le Code pénal sénégalais interdit l’interruption volontaire de la grossesse. Pour autant, les statistiques ne cessent de s’accroitre. Une étude sur l’avortement médicalisé au Sénégal, menée par le cabinet Guttmacher Institute en 2012 et publié dernièrement, donne des statistiques qui font froid dans le dos. Le document, parcouru par ‘’EnQuête’’, fait état de 51 500 cas d’avortement enregistrés en une seule année. Dix-sept femmes sur 1 000 âgées de 15 à 44 ans sont touchées par le fléau. La plupart des avortements répertoriés dans le rapport d’étude ont été pratiqués dans un environnement non médicalisé.

Malgré les restrictions légales, l’avortement est devenu courant au Sénégal. À Dakar, dans la capitale sénégalaise, le taux d’avortement, qui est 21 %, est le plus élevé du reste du pays. Ce phénomène comporte des risques pour les femmes sénégalaises. Car 55 % parmi elles qui se font avorter, rencontrent des complications qui nécessitent un traitement médical ; 42 % qui ont des complications n’obtiennent pas les soins dont elles ont besoin ; 65 % des femmes urbaines qui se font avorter le font dans un environnement médicalisé, comparées à seulement 27 % de femmes rurales.

Les femmes à faibles revenus sont plus susceptibles d’avoir des complications que celles qui sont riches. La proportion des complications qui ne reçoivent pas de soins est beaucoup plus faible chez les femmes riches que chez les femmes pauvres.

Le taux au Sénégal est en fait relativement faible, à l’échelle de l'Afrique de l'Ouest, et est plus proche des taux observés aux États-Unis et en France. Sauf qu’à l’inverse du Sénégal, les complications sont extrêmement rares aux Etats-Unis et en France où d’ailleurs la procédure est légale.

Selon toujours l’étude, au Sénégal, plusieurs méthodes sont utilisées pour interrompre une grossesse. Les plus courantes comprennent l’ingestion d’agents caustiques, l’ingestion de solutions à base de plantes, l’aspiration manuelle, la dilatation et le curetage.

31 % des grossesses ne sont pas planifiées au Sénégal

De cette étude, il ressort que beaucoup de femmes se rendent dans les structures de santé avec des complications dues à des avortements à risque. Les plus courantes comprennent, entre autres, l’hémorragie, l’avortement incomplet, le choc, la septicémie.

Toutefois, ces femmes ne représentent que la face visible de l’iceberg. Etant donné que le taux de prévalence contraceptive est de 26 %, contre 22 % de femmes mariées qui ont des besoins non satisfaits en matière de planification familiale, les risques de grossesses non désirées augmentent d’année en année. Les femmes désirant espacer leurs naissances ou ne voulant plus avoir d’enfants ne pratiquent souvent aucune méthode contraceptive. Ce qui fait que 31 % des grossesses ne sont pas planifiées au Sénégal.

Pour ce qui est femmes célibataires, 14 % seulement d’entre elles admettent qu‘elles ont des rapports sexuels. Mais la majorité d’entre elles (75 %) n’utilisent pas une méthode moderne de contraception. Une négligence qui favorise les grossesses non désirées.

Pour réduire les conséquences de l'avortement à risque, l’étude a donné des pistes de solution. Le document préconise ainsi une disponibilité constante d’équipements et de prestataires de soins après avortement (programme Saa), de concentrer plus d’efforts dans les structures périphériques (Ps) et dans les zones rurales, pour mieux répondre aux besoins des femmes pauvres et, enfin, de réduire les besoins non satisfaits en matière de planification familiale.

CHEIKH THIAM

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