Une carrière internationale minée par les blessures
Née le 10 novembre 1986 à Les Pavillons-sous-Bois (France), Aïda Fall est une internationale sénégalaise de basket évoluant à Rezé (3e division française). Ecartée souvent de la liste après une présélection pour cause de blessures, l’intérieur des Lionnes compte cette fois faire partie des 12 joueuses retenues par le sélectionneur Moustapha Gaye, pour les Jeux olympiques de Rio 2016.
Son nom n’est pas très familier aux Sénégalais. Mais Aïda Fall n’est pas une novice dans la Tanière. ‘’C’est ma quatrième venue en équipe nationale. J’ai fait les Jeux africains avec les Lionnes et des présélections’’, rappelle-t-elle. Toutefois, le pivot des Lionnes n’a pas pu s’imposer en sélection. La native de Les Pavillons-sous-Bois, en France, n’a pas été épargnée par les blessures. ‘’A chaque fois, j’étais malade ou blessée, déplore-t-elle. C’est peut-être dû à la fatigue.
Ma saison est longue, elle dure dix mois. Je joue beaucoup car je suis la seule au poste d’intérieur (Ndlr, en club). Du coup, je joue tous les matches. Il n’y a pas de vacance et on enchaîne directement en sélection. C’est fatigant et le corps n’arrive plus à suivre.’’ D’ailleurs, en début de préparation mardi dernier au stade Marius Ndiaye, l’intérieur de Rezé (3e division française) n’a pas achevé la séance d’entraînement à cause ‘’d’une tendinite d’Achille’’. Mais elle rassure : ‘’Le coach me ménage beaucoup et donc je récupère doucement.’’
‘’Les garçons ont créé la surprise, pourquoi pas nous ?’’
Sa tendance à positiver les choses se sent dans sa réponse par rapport à la sortie du sélectionneur du Sénégal Moustapha Gaye, déclarant que la poule des Lionnes pour les JO est ‘’injouable’’. ‘’Je dis que tout est possible, corrige-t-elle. Il faut croire en soi et espérer que Dieu sera avec nous. On doit prendre les matches les uns après les autres et écouter les conseils du coach.’’ En tout cas, l’intérieur des Lionnes ne voit pas les JO de Rio seulement comme un tremplin. ‘’On a beaucoup à apprendre en allant là-bas. Les garçons ont créé la surprise, pourquoi pas nous ?’’ déclare-t-elle le sourire aux lèvres.
De la danse au basket
Aïda Fall n’a pas commencé le basket très tôt. Elle s’est expérimentée dans certaines disciplines d’abord avant d’abandonner pour des raisons financières également. ‘’Je faisais de la danse et du tennis avant de faire du basket. En France, le tennis, ça coûte cher’’, fait-elle savoir. Par la suite, sa maman s’est renseignée à la Fédération et dans des clubs de basket. ‘’C’est comme ça qu’on m’a prise en centre de formation. Ce qui m’a sauvée, c’est que j’étais grande. A l’époque, je faisais 1,92 mètre. C’est la chance que j’ai’’, se réjouit-elle. Sa venue dans la discipline a été motivée par ‘’l’amour du basket mais aussi les amies’’. Cependant, cette dernière a évoqué ‘’la chance de toucher un certain salaire’’. ‘’C’était une opportunité à saisir’’, avoue-t-elle.
Malgré le retard accusé, Aïda a eu l’occasion de mettre les pieds dans pas mal de clubs en France. ‘’J’ai commencé le basket tard, à mes 18 ans. Je suis partie en centre de formation à Valenciennes (2004-2005) puis à Calais (2006-2007) où je suis partie directement en pro’’, relate-elle. Ensuite, elle est passée par Challes-les-Eaux (2008-2010). En quête d’un ‘’temps de jeu plus conséquent’’, elle a préféré la deuxième division et en direction de Laveyron (2010-2012) pour ‘’mieux s’exprimer’’. L’imposant pivot de 1,95 mètre a également porté les couleurs de Limoges ABC (2012-2013), du Havre entre 2013 et 2015. Cette saison, elle s’est engagée avec Rezé en 3e division.
‘’Fière de jouer pour le peuple sénégalais’’
Aïda Fall a du mal à cacher son bonheur de porter les couleurs de son pays. ‘’C’est une fierté d’être en équipe nationale, de jouer pour le peuple sénégalais et devant sa famille’’, affirme-t-elle. ‘’C’est le rêve de tout basketteur’’, poursuit-elle. Elle ne se sent pas dépaysée en sélection car ‘’connaissant les filles avec qui elle est ‘’amie’’ depuis la France. ‘’On se rencontre souvent en compétition comme Marie Rosche et Magali Mendy, etc. Les autres, comme Fatou Dieng, on s’est connues avant la sélection, et Ndèye Sène, on s’est connues en sélection. On s’entend bien et on garde le contact. On a un bon groupe.’’
Avec ses pépins de santé, l’ancienne joueuse de Valenciennes est consciente de cette situation qui peut être un désavantage pour elle. ‘’Ça handicape un peu parce qu’après, je ne peux pas montrer ce que je vaux’’, reconnaît-elle. A 29 ans, Aïda compte bien, néanmoins, se faire une place parmi les 12 joueuses devant représenter le Sénégal aux Jeux olympiques de Rio 2016. ‘’Mes ambitions, c’est de passer la présélection comme tout le monde. Après, montrer mes compétences et ce que je peux apporter’’, dit-elle avec optimisme.
LOUIS GEORGES DIATTA