Publié le 15 Dec 2019 - 14:42
CAMPAGNE DE COMMERCIALISATION ARACHIDIERE

Les clignotants sont au rouge à la Sonacos

 

La Sonacos souffre le martyre. Elle n’a pas de graines d’arachide, sa matière première. Ses usines ne fonctionnent presque pas. L’entreprise n’a collecté, pour le moment, que 225 tonnes. Ce qui ne présage rien de bon pour cette société qui est en état de redressement et qui a besoin de cette matière première pour y arriver. Une bonne partie des graines est achetée par les Chinois, les Arabes, les Vietnamiens et d’autres nationalités.  Les saisonniers vont recevoir leur lettre de préavis de licenciement. Les syndicalistes appellent les autorités étatiques à réagir, avant qu’il ne soit tard.

 

Les débuts de la campagne de commercialisation arachidière sont inquiétants pour la Sonacos. Les clignotants sont au rouge. Après une semaine de commercialisation, la situation, au niveau de l’industrie, est alarmante, car tous les camions vont vers les exportateurs. A ce jour, seules 100 tonnes ont été collectées à Diourbel et 125 tonnes à Kaolack. Les autres usines de Ziguinchor et de Louga n’ont rien collecté. D’ailleurs, une lettre de préavis, pour mettre fin aux contrats, a été envoyée aux saisonniers.

A Diourbel, où il s’est rendu pour un cours de renforcement des capacités des futurs syndicalistes, Samuel Ndour, Secrétaire général du Syndicat national des travailleurs des industries des corps gras et activités similaires du Sénégal a cru devoir alerter les hautes autorités du pays sur le péril qui menace la Sonacos.

‘’Pour redresser et relancer la Sonacos, il faut de la matière première de qualité et en quantité suffisante. Ce qui n’est pas le cas. C’est une société qui est en état de redressement et qui a besoin de cette matière première pour se redresser. Donc, si l’Etat laisse ces étrangers exporter toutes nos graines, la politique industrielle de l’Etat sera faussée, parce que c’est l’outil industriel qui peut faire le développement du Sénégal pour avoir un climat social de paix. Car si tout le monde va au chômage, le Sénégal va en subir les conséquences. D’ailleurs, il était prévu, par tous les acteurs, qu’aucune graine ne sera exportée, tant que l’industrie locale ne sera pas servie. Malheureusement, nous constatons que c’est l’inverse. On est en train de servir les exportateurs avant l’industrie locale. C’est à l’Etat de veiller à ce que cela cesse. Il faut une réaction rapide de l’Etat pour barrer la route à ces fossoyeurs’’, alerte Samuel Ndour.

Il poursuit et dénonce : ‘’La règle normale est l’approvisionnement de l’industrie locale en priorité, avant les exportateurs. Tous les acteurs de la filière ont accepté ce principe. Alors, les étrangers ne doivent pas tout dérégler, en haussant le prix. Nous disons que l’Etat du Sénégal ne doit pas autoriser les sorties de graines, tant que l’industrie locale n’est pas approvisionnée. Nous dénonçons cette concurrence déloyale qui ne sert que les intérêts des étrangers. A cause du prix de l’huile homologué par l’Etat du Sénégal, l’industrie ne doit pas acheter à n’importe quel prix, sinon, elle court à sa perte. Les exportateurs, pour s’approvisionner le plus rapidement possible, augmentent le prix d’achat et choisissent les meilleures graines devant servir de semences pour la campagne prochaine. Le port de Dakar fait son plein déjà en conteneurs prêts à embarquer pour l’export.  Une bonne partie de ces exportateurs sont des Chinois. Il y a aussi des Arabes, des Vietnamiens et d’autres nationalités.’’

 

‘’Il faut arrêter l’exportation des graines’’

Compte tenu de tout cela, Samuel Ndour estime que l’Etat doit prendre des mesures hardies de protectionnisme. Le syndicaliste invite les ministres de l’Agriculture, des Finances, de l’Economie et la plus haute autorité de l’Etat à prendre, tout de suite, des mesures, avant qu’il ne soit trop tard. Car les paysans ne conserveront pas de graines de semence, tant que le prix restera au plus fort.

‘’Ils vendent tout pour ensuite se tourner vers l’Etat et demander ou quémander des semences, alors ça ne devait pas être le cas. Donc, nous attirons l’attention des autorités pour que les exportations soient bloquées jusqu’à ce que l’industrie locale soit servie’’.

Samuel Ndour et ses camarades dénoncent aussi le fait que l’Etat, sur conseil des institutions de Bretton Woods, ne subventionne plus la Sonacos. Si la subvention était maintenue, renseignent les syndicalistes, ‘’on pourrait augmenter pour suivre un tout petit peu la tendance. Mais cette année, il n’y a pas eu de subvention. Donc, il y a déjà une perte. Nous continuerons à dénoncer cette politique qui tue l’industrie locale’’, fulmine-t-il.

Ibrahima Diallo, porte-parole de l’Intersyndicale des corps gras de renchérir : ‘’C’est vrai, nous protégeons nos employés qui travaillent dans les entités d’huilerie, mais aussi les opérateurs. Si les points de collecte ne sont pas respectés, le seul responsable des conséquences sera l’Etat. La question n’est pas de vendre à 250 ou à 210 F ; il faut juste comprendre que si l’usine achète les graines, cela sera bénéfique pour plusieurs personnes. Une autorité doit prendre ses responsabilités. Il faut arrêter l’exportation des graines.’’

BOUCAR ALIOU DIALLO (DIOURBEL)

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