Publié le 10 May 2024 - 08:51
CAN (LE CAIRE 2024) – MAMADOU BARRO BA, CAPITAINE EQUIPE NATIONALE DES FOOTBALLEURS AMPUTES  

‘’Nous sommes en face d'un problème concernant les billets d'avion et l'hébergement’’

 

Le 17 mai, l'équipe nationale du Sénégal des footballeurs amputés, logée dans le groupe B en compagnie du Liberia, du Maroc et de l’Ouganda, devrait prendre part à sa toute première Coupe d'Afrique des nations prévue au Caire. Mais à une décade de la compétition, la logistique tarde à se mettre en place. Selon le capitaine de l’équipe, El hadji Mamadou Barro Ba, qui a bien voulu s’adresser à ‘’EnQuête’’, les nouvelles autorités des sports devraient accélérer la cadence pour sauver la participation sénégalaise à ce tournoi.

 

Comment se porte l'équipe nationale des footballeurs amputés ?

L'équipe existe depuis deux, voire deux années et demie. Nous sommes des athlètes bien entraînés et nous nous  donnons à fond dans cette discipline. Aujourd'hui, nous comptons une soixantaine de joueurs pratiquants, tous aptes pour porter le drapeau du Sénégal partout à travers le monde. Notre entraîneur Alpha Ndiaye, qui est en même temps le directeur technique, nous aide aussi beaucoup sur les aspects tactiques et techniques, sans oublier les règlements qui régissent cette pratique sportive.

Là, vous êtes en pleine préparation de la prochaine Can au Caire. Est-ce que tout est fin prêt pour engager le tournoi le plus  sereinement possible ?

Présentement, nous sommes en face d'un blocage assez étonnant d'ailleurs. Le coach et son staff ont fait le maximum pour nous mettre dans les meilleures conditions physiques et tactiques. C'est le moment de rappeler aussi que nous louons à chaque fois le terrain pour nos entraînements. Avec nos maigres moyens, nous essayons de faire ce petit sacrifice pour notre pays, pour le drapeau.

Maintenant, pour le tournoi du Caire, la balle est dans le camp des autorités. À l'heure actuelle, nous sommes en face d'un problème concernant les billets d'avion et l'hébergement. Normalement, nous devons nous rendre au Caire avec une délégation d'une vingtaine de personnes ou plus. Mais à ce rythme, nous serons obligés de revoir à la baisse l'effectif. Mais si jamais cela est fait, nous serons handicapés pour la compétition. Toutefois, nous restons optimistes en nous disant que la tutelle n'est juste pas encore au courant de la situation que nous vivons.

L'autre enjeu de cette Can est que si nous accédons au dernier carré, le Sénégal se qualifiera d'office à la prochaine Coupe du monde des amputés prévue en 2026.

Avez-vous interpellé les autorités actuelles, le ministre de tutelle notamment ?

Pratiquement, le staff a tout fait pour entrer en contact avec les autorités, via des correspondances ou en utilisant la presse comme relais. Nous aimerions que le ministère soit au courant, car on a comme l'impression que la cheffe du département des Sports ignore qu'il existe une équipe nationale de football des amputés au Sénégal. Sinon, à quelques mois de ce tournoi si important, nous aurions pu au moins recevoir une visite des officiels pour prendre la température de notre préparation.

Pensez-vous que la situation sera décantée avant le 17 mai ?

Nous espérons que la situation va bouger. La détermination de notre coach Alpha Ndiaye de ne rien lâcher nous donne l'espoir d'y croire encore. Au-delà des dirigeants, nous osons espérer que chaque Sénégalais ira au charbon pour nous.

 En outre, avec l'aura du Sénégal sur le plan footballistique, nous ne devons plus faire face à ce genre de souci qui semble d'une autre époque.

Au-delà de cette parenthèse Can, comment se porte votre sport ?

C'est une sorte de centre de rééducation. Nous sommes comme une famille, encore une fois grâce à Alpha Ndiaye. Il est une source de motivation supplémentaire pour nous tous. Au-delà même de cette Can qui arrive et à laquelle nous aimerions prendre part, notre objectif, sur le long terme, c'est d'avoir des représentations au niveau régional avec des clubs un peu partout à travers le Sénégal. Aujourd'hui, la Turquie est la référence avec la France et les États-Unis. Nous ambitionnons aussi d'atteindre leur niveau.

Quel message souhaiteriez-vous adresser aux autres amputés qui aimeraient vous rejoindre ?

C'est une discipline noble. Car la plupart d'entre nous avaient un peu perdu goût à la vie, certains même mendiaient dans les rues pour subvenir à leurs besoins quotidiens. Comme je l'ai dit plus haut, c'est avant tout un centre de rééducation. Certains ont repris les études, d'autres ont appris un métier. C'est une manière de sensibiliser les autres amputés pour leur dire que leur situation de handicap n'est pas une fatalité. Nous les invitons à venir rejoindre la grande famille que nous sommes.

MAMADOU DIOP

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