Publié le 23 Sep 2014 - 12:09
CONTENTIEUX ENTRE MAIRIE DE DAKAR ET LINX SECURITE

Le sous-préfet et le ministre de l’Intérieur accusés 

 

Le maire de la commune de Dakar-Plateau n’a pas mis de gants pour accuser le sous-préfet de Dakar et le ministre de l’Intérieur de s’acharner sur lui en soutenant le directeur de la société de gardiennage Linx sécurité, dans un contentieux qui date de 2007.

 

Alors qu’il ne leur reste que quelques semaines pour présenter  un budget transitoire (les 4 derniers mois de l’année en cours), certains maires rencontrent de ‘’multiples difficultés’’ pour disposer de ce budget. C’est le cas du maire de Dakar-Plateau dont le contentieux avec la société de gardiennage «Linx Sécurité» bloque la mise en place de ses moyens d’action.

Cette entreprise lui réclame en effet une dette de 14 millions de francs Cfa contractée en 2007 par l’ancienne équipe municipale, dirigée par le libéral Fadel Gaye (PDS). Face à la presse, hier,  Alioune Ndoye, réélu en juin dernier, a dit ne pas être en mesure de payer cette dette car le contrat qui liait la société plaignante à la mairie a été résilié pour ‘’défaut d’exécution de prestation’’.

‘’Tout le monde sait qu’une administration ne peut payer une prestation qu’après service fait’’, argumente l’édile socialiste. Avant de porter la charge. «Il reste étonnant que ce monsieur (Ndlr : Ousseynou Diaw, patron de ladite entreprise), jouant de ses entrées, ait pu obtenir une décision favorable devant la Chambre commerciale et économique de la Cour d’appel ; et que, usant toujours des mêmes subterfuges, il ait pu obtenir du ministre de l’Intérieur que ce dernier accepte d’exercer une pression au niveau du sous-préfet pour forcer les dispositions légales’’, s’est indigné Alioune Ndoye.

Cette situation a amené le sous-préfet à ne pas approuver le nouveau budget de la mairie de Dakar-Plateau qui a été voté par le conseil municipal en dépit des «contraintes» liées à l’article 254 du code général des collectivités locales, a poursuivi le maire. Qui a indiqué avoir reçu une mise en demeure en date du 8 septembre 2014 du sous-préfet suite à la transmission du budget de la commune de Dakar-Plateau afin de le contraindre à honorer la dette ‘’due’’ à Linx sécurité. Ce qu’il considère comme un acharnement.

‘’Nous avons marqué par écrit, dès le 9 septembre 2014, notre indignation face à ce qui ressemble à un acharnement à vouloir bloquer l’institution municipale, ainsi que notre étonnement à voir le représentant de l’Etat se muer en auxiliaire de justice sur simple injonction d’un privé’’, regrette M. Ndoye. Or, indique-t-il, cette mise en demeure ne fait nullement référence aux actes (mise en demeure n°00561/A-DK-PL/SP du 20 mai 2014, l’arrêté n°165/ADK/PL/SP, l’arrêté n°166/ADK/PL/SP)  que le sous-préfet avait diligentés en pleine période de campagne électorale et d’installation du nouveau conseil municipal. Mieux, ajoute-t-il, une autre requête en annulation lui a été introduite,  entraînant «de  facto un effet suspensif de la procédure et des arrêtés qu’il avait transmis au Trésor public» jusqu’à ce que la Cour suprême se prononce.

‘’Les intérêts des populations doivent primer sur le montage d’un tiers…’’

Prenant les populations de Dakar-Plateau à témoins, M. Ndoye fait savoir que la non-approbation du budget par le sous préfet risque de bloquer toutes les prestations de la commune au détriment de toute sa population (fonctionnement des deux centres d’état-civil et des structures de santé). Sans oublier les ‘’impératifs’’ liés à la rentrée scolaire, à la fête de Tabaski, au fonctionnement normal des treize écoles que compte la commune, au paiement des salaires et indemnités, à la prise en charge de l’assainissement et du cadre de vie, entre autres préoccupations.

Même s’il salue l’esprit qui sous-tend l’acte 3 de la décentralisation, le maire socialiste n’en dénonce pas moins  sa politisation. ‘’Nous estimons (...) que les intérêts des populations doivent primer sur le montage d’un tiers tendant à s’enrichir sans cause avec des ressources publiques. Et surtout que jamais dans l’histoire de ce pays, l’Etat n’a eu à exécuter une décision qui n’était pas définitivement revêtue du caractère de la chose jugée’’, a déclaré Alioune Ndoye.

REACTION AUX ACCUSATIONS DU MAIRE

C’est l’omerta à tous les étages !

Suite aux accusations du maire de la commune de Dakar-Plateau, portées contre le sous-préfet de Dakar-Plateau et le ministre de l’Intérieur, EnQuête a tenté d’avoir la réaction de ces derniers. En vain. Car le sous-préfet, Seydou Ba n’a pas été autorisé à nous parler conformément aux instructions de son patron, le préfet de Dakar.

Joint par téléphone, Alioune  Badara Diop déclare : ‘’Je lui (Seydou Bâ) ai interdit de lui (Alioune Ndoye) répondre ; je vais d’abord rendre compte‘’ (probablement) au ministre de l’Intérieur. L’omerta est également de rigueur au niveau de la cellule de communication du  ministère de l’Intérieur. Idem au ministère de l’Aménagement du territoire et des Collectivités locales où Adama Diouf, directeur de l’Appui au développement local (ADL), nous a indiqué ne pas «maîtriser le dossier». 

DAOUDA GBAYA

 

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