Publié le 23 Aug 2014 - 04:23
CONTESTATION

La défense veut éjecter les avocats de l’Etat du procès

 

Après avoir attaqué toute la procédure ayant conduit Karim Wade et ses présumés complices devant la Cour de répression de l’enrichissement illicites, les avocats des prévenus ont contesté hier la constitution de partie civile de l’Etat dans cette affaire.

 

Après certains avocats de Karim Wade hier, c’était au tour des conseils de l’Etat de faire l’objet d’exception d’irrecevabilité concernant leur constitution de partie civile. La défense a demandé à la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) d’écarter du dossier les avocats de l’Etat. Elle estime que l’Etat n’a pas subi directement de préjudice, conformément aux dispositions de l’article 2 du Code de procédure pénale. Lequel dispose : ‘’L’action civile en réparation de dommage causé par toute infraction appartient à tous ceux qui ont personnellement souffert du dommage directement causé par l’infraction’’.

Au regard de cette disposition légale, les avocats de la défense considèrent que le seul habilité à défendre les intérêts de la société, la seule victime dans cette affaire, c’est le parquet spécial. ‘’S’il y a préjudice, c’est toute la société entière qui est victime et non l’Etat’’, ont déclaré Mes Moustapha Ndoye et Borso Pouye qui ont soutenu que cette constitution pose même un problème de moralité. ‘’Comment un Etat veut-il s’enrichir de l’illicéité d’un bien ?’’ s’est interrogé Me Pouye.

Dans le but de mieux de se faire comprendre, l’avocate a usé d’images. ‘’Par exemple, si un fonctionnaire en service à l’étranger gagne de l’argent avec le proxénétisme. Et à son retour au Sénégal, il construit des châteaux, achète beaucoup de voitures… Est-ce que l’Etat va se constituer parce qu’il a constaté que le patrimoine de cet agent dépasse son revenu ?’’ a demandé Me Pouye. ‘’Cela heurte la morale’’, a-t-elle ajouté avec dépit. L’avocate de conclure : ‘’On ne peut pas dire qu’un bien est mal acquis et le revendiquer’’.

Son confrère Me Ndoye a abondé dans le même sens. Evoquant un problème « de morale et d’éthique », l’avocat considère que l’Etat devient même « complice et co-auteur ». ‘’C’est immoral et illégal. C’est pourquoi l’on parle d’amende’’, a martelé l’avocat. Les avocats se sont également insurgés contre la nomination d’Antoine Félix Diome, comme adjoint au procureur spécial, alors que, selon la défense, il n’en avait pas le grade. Me Ciré Clédor Ly a estimé qu’Alioune Ndao doit se contenter d’un autre adjoint, même si le Chef de l’Etat avait rectifié, en prenant un nouveau décret.  

FATOU SY

 

 

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