Publié le 22 Oct 2014 - 04:21
CONVERGENCE DES JEUNESSES REPUBLICAINES

Des jeunes en guerre permanente

 

Une semaine après leur bagarre, les membres de la Cojer se sont encore donnés en spectacle, hier. Certains se sont opposés à la conférence de presse que le coordonnateur Abdou Mbow a voulu tenir au siège du parti.

 

L’incertitude plane sur l’université républicaine prévue les 25 et 26 octobre prochain. Toujours divisés sur l’opportunité de tenir cette rencontre, les membres de la Convergence des jeunesses républicaines (COJER) se sont à nouveau donnés en spectacle. En effet, la tendance favorable à Thiaye Diaby et à Momo Sall, respectivement responsables à Podor et à Matam, s’est opposée à la tenue de la conférence de presse du coordonnateur national de la Cojer, Abdou Mbow, initialement prévue au siège du parti, sis sur la VDN. Massés devant la porte, les jeunes frondeurs se sont montrés déterminés à en découdre avec le vice-président de l’Assemblée nationale dont ils contestent le leadership.

‘’Les jeunes de ce parti ne se retrouvent dans rien du tout à cause de celui qui devait s’occuper de la politique de jeunesse, en l’occurrence Abdou Mbow. Ce dernier a perdu toute confiance de cette jeunesse ’’, lance Diaby, rage de colère. Le décor est alors campé. Les conditions d’une violence sont ainsi réunies. Jusqu’à 17 heures, on ne verra pas l’ombre d’Abdou Mbow sur les lieux. Selon des indiscrétions, ce dernier aurait finalement transféré sa conférence de presse vers un hôtel de la place pour ‘’éviter l’affrontement’’. Ce qui pousse les frondeurs à dérouler leur…plan B.

Celui-ci consiste à publier une contre-déclaration. Mais ce sera hors du siège puisque l’accès leur sera interdit par le préposé à la sécurité. Face à la presse, Momo Sall explique les raisons de leur hostilité au format adopté pour l’organisation de la 3e université républicaine. D’abord, estime-t-il, ‘’les vrais acteurs de la jeunesse ne sont pas impliqués dans le comité scientifique’’; ensuite ‘’les membres préposés à diriger le comité (qui) ont perdu les élections dans leur localité, ne sont pas légitimes pour représenter la Cojer’’ ; parce que frappés par la limite d’âge (35 ans, or Abdou Mbow en a 38). De plus, l’université d’été coïncidant avec la tournée du président de la République dans la vallée et avec le début des examens à l’UCAD, le responsable de la Cojer de Matam considère que la date est mal choisie. Il a donc  demandé le report de 3e édition de l’université.

‘’Gaspillage’’

En coulisse, certains  jeunes remettent en cause la pertinence même d’une telle messe. Ils y voient plutôt du ‘’gaspillage’’. ‘’Je ne peux pas comprendre que le président de la République, qui parle d’émergence,  puisse injecter 60 millions dans une université d’été alors que cet argent pouvait servir à financer des projets de jeune’’, suggère un responsable de la Cojer, sous le couvert de l’anonymat. ‘’A Mbodiène, la plupart des jeunes ne penseront qu’à faire la bamboula’’, prévient-il. 

Comme pour conforter son camarade de parti, Moussa Thiam s’estime ‘’laissé pour compte’’. ‘’Personne d’entre nous ne travaille, pourtant nous sommes  des diplômés. Mais, on essaie tant bien que mal d’être corrects pour sauver les apparences’’, dit-il, amer. D’où l’intérêt, selon Malal Diallo, un responsable de l’APR de Pikine, de changer et le ‘’format’’ et le ‘’lieu’’ de l’université républicaine. ‘’Pour susciter l’émulation, on aurait dû tenir la rencontre dans la vallée, au milieu des champs de riz. Et pendant deux jours, nous pourrions montrer aux jeunes qu’il est possible d’arriver à l’autosuffisance alimentaire’’.

Pour ce faire, Malal Diallo propose que chaque directeur de société appartenant à l’APR mette la main à la poche plutôt que d’attendre tout ‘’des fonds politiques du président.’’

Si la division des jeunes de la  Cojer n’est pas l’apanage de l’APR, elle semble traduire, en revanche, une crise de croissance d’un parti en mal de structuration dans ses instances de direction. Le congrès du parti  n’étant pas à l’ordre du jour, Abdou Mbow croit devoir (légalement) diriger la Cojer. ‘’J’attends les renouvellements pour céder mon fauteuil’’, avait dit le vice-président de l’Assemblée lors de la dernière édition de l’université républicaine. Ce que conteste Diaby qui lève une équivoque.

‘’Il n’a pas été nommé, mais choisi dans un contexte d’opposition’’ (par le président de la République), précise celui qui s’est autoproclamé leader de la Cojer. ’’Aujourd’hui, il est à l’Assemblée (nationale), il occupe  des responsabilités très lourdes, il devrait laisser la place aux autres jeunes.’’. Pour Awa Niang, responsable de la Cojer de Dakar Plateau, cette formule consistant à décharger Abdou Mbow de certaines fonctions pouvait fonctionner et méritait d’être essayée si le concerné avait une ‘démarche inclusive’’. ‘’Il gère la Cojer avec une bande de copains. Or, lorsque vous êtes avec des jeunes dynamiques, il faut les impliquer dans la commission scientifique’’, dit cette jeune apériste. 

DAOUDA GBAYA

 

 

Section: