Publié le 27 Mar 2015 - 08:28
CRASH DE L'A320

Un probable acte volontaire du copilote

 

La piste d'un crash volontaire semble se dessiner. La première boîte noire de l'A320, qui s'est écrasé dans les Alpes mardi matin, a commencé à livrer plusieurs informations. Elles ont été détaillées par le procureur de la République de Marseille lors d'une conférence de presse à la mi-journée de ce jeudi. Et il n'y a pas vraiment de doute sur cette hypothèse d'un acte intentionnel. Les enquêteurs allemands perquisitionnaient hier soir dans l'ouest de l'Allemagne aussi bien l'appartement du copilote à Düsseldorf que son logement à Montabaur, où le suspect, âgé de 28 ans, vivait une partie du temps chez ses parents.

Le mystère autour du crash de Germanwings commence à s'éclaircir. La première boîte noire découverte, celle qui enregistre les conversations et bruits dans le cockpit, a permis d'en savoir plus sur les minutes qui ont précédé le drame.

Le procureur de la République a donné une conférence de presse ce jeudi 26 mars à Marseille. Voici l'essentiel des dernières informations révélées :

■ Les échanges entre le commandant de bord et le copilote sont devenus de plus en plus laconiques au fil de l'enregistrement jusqu'à la sortie du commandant de bord du cockpit
■ Le copilote a ensuite refusé d'ouvrir la porte de la cabine au commandant de bord
■ Le copilote a actionné le bouton commandant la perte d'altitude 
■ La «volonté de détruire l'avion» par le copilote est une hypothèse probable selon le procureur
■ Le copilote était de nationalité allemande et n'est pas répertorié comme terroriste. Âgé de 28 ans, il se nommait Andreas Lubitz
■ Les passagers ne se sont rendus compte du crash que «dans les tout derniers moments». Il s'agit d'une situation «de mort instantanée» pour les victimes
■ A ce stade, « rien ne permet de dire qu'il s'agit d'un attentat terroriste»
■ Il y a eu de nombreux appels en provenance de la tour de contrôle de Marseille durant les 8 derniers minutes

A Cologne, la conférence de presse de la Lufthansa, maison-mère de Germanwings, a repris les principaux points évoqués à Marseille par le procureur ajoutant n'avoir aucun élément en sa possession indiquant une possible fragilité psychologique du copilote. Le PDG de la compagnie, Carsten Spohr, a précisé qu'Andreas Lubitz, le copilote, avait fait une pause de plusieurs mois il y a six ans, durant sa formation, pour une raison inconnue. « Il n'y a aucun moyen d'écarter totalement ce genre d'incident », a-t-il tenu à affirmer.

Ces informations de la boîte noire enregistrant les échanges dans le cockpit tendent à accréditer la thèse du suicide de l'un des pilotes de l'appareil. Ce n'est pas la première fois rappelle Philippe Lecaplain, spécialiste de l'aéronautique à RFI.

En 1994, un avion de la Royal Air Maroc s’écrasait près d'Agadir entraînant la mort des 43 passagers et de l’équipage, dont le pilote qui avait décidé de mettre fin à ses jours en précipitant son ATR vers le sol.

En 1999, le vol 990 Egypt Air reliait Los Angeles au Caire quand il s’est abîmé dans l'océan Atlantique tuant les 217 personnes à bord. L'enregistreur phonique de la boîte noire a révélé que le pilote était sorti du cockpit pour aller aux toilettes. On entend alors son copilote dire « Je me confie à dieu », des coups sourds sur la porte de la cabine et une voix suppliant le commandant d’ouvrir.

Plus récemment, en novembre 2013, le vol 470 LAM Mozambique Airlines reliait le Mozambique à l’Angola. L’appareil s’écrase dans le nord de la Namibie, coûtant la vie aux 33 occupants. L’enquête a conclu que le commandant de bord a volontairement crashé l’avion.

Sur le terrain, les recherches des corps se poursuivent

Parallèlement les recherches continuent sur le terrain pour tenter de retrouver les corps dispersés après l'impact du crash. Le processus d'identification des corps a commencé et va se poursuivre dans la journée puisque les familles de victimes sont attendues sur place d'ici 16h, heure locale.

Les familles pourront se recueillir dans les chapelles ardentes qui ont été mises en place. Les journalistes sont tenus à l'écart. Les enquêteurs procéderont ensuite à des relevés ADN pour les comparer aux restes humains découverts et tenteront de retrouver la deuxième boîte noire celle qui contient les données de vol.

Dans une conférence de presse ce jeudi 26 mars, suite aux révélations de ce jour, la chancelière allemande Angela Merkel a évoqué une tragédie d'une « dimension totalement inconcevable ».

(rfi.fr)

 

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