Publié le 31 Jul 2014 - 16:30
DECOUVERTE KARANG, REGION DE FATICK

Les mille et un défis d’une localité

 

Au bout de 7 heures de route, Karang se dévoile sous des miroirs magiques. Une localité frontalière cosmopolite qui réunit à la fois un peu du Sénégal, un peu de la Gambie et… plusieurs défis à relever. 

 

Karang est une localité enchanteresse, elle vient d’élire son nouveau maire en cette matinée de lundi. Dioguine Gomis, un bout d’homme, politique de pure race, est porté à la tête de cette localité érigée en commune un certain 10 juillet 2008. Les vélos taxis dans leurs va-et-vient répétitifs font régner aux alentours du principal garage une ambiance carnavalesque. Karang, localité du département de Foundiougne, située non loin de Parc national du Delta du Saloum, baigne quotidiennement dans ce tintamarre. ‘’Tout est priorité à Karang’’, laisse entendre le nouveau maire qui compte relever les défis qui s’offrent à son magistère.

Le maire entend d’abord sécuriser les établissements scolaires de cette zone frontalière qui souffrent tous de l’absence de clôture. Exposant ainsi les élèves à de réels dangers. Lorsque les Gambiens ferment leurs frontières, pour éviter d’être rabroués au poste de Hamdalay, plusieurs camionneurs en provenance de Banjul empruntent des raccourcis pour pénétrer au Sénégal. ‘’Ces passages indélicats à Karang engendrent souvent plusieurs déconvenues avec des murs cassés et quelques bâtiments démolis en partie’’, témoigne Nouha Sané, enseignant à l’école Karang 4.

Cette dernière est un ensemble d’abris provisoires ‘’monstrueux’’ plantés au milieu de rien et où les élèves, plus de 300, sont obligés de se partager les 50 tables-bancs disponibles. L’autre défi que la nouvelle équipe municipale se propose de relever est lié à la construction d’un nouveau lycée et l’octroi de bourses aux étudiants ressortissants de Karang répartis dans les différentes universités du pays.

Un seul poste de santé pour 14 mille habitants

La construction d’un nouveau poste de santé est aussi devenue une urgence. L’unique dispensaire qui existe à Karang peine à satisfaire les besoins sanitaires d’une population estimée à 14 mille habitants sur une superficie de 20 800 km². En outre, les besoins sécuritaires de la zone sont tels que Dioguine Gomis se dit prêt à tout pour les relever.

Longtemps sous le joug de la communauté rurale de Keur Samba Guèye, Karang devenue commune, dispose d’une démographie composite. C’est une zone de transit, un terreau fertile de l’immigration qui croît à un rythme ‘’fou’’. Un melting-pot composé de Wolofs, Pulars, Sérères, Diolas, Mandings et Hassanyas cohabitent en toute harmonie. Gambiens et Sénégalais semblent vivre en parfaite communion et la monnaie des deux pays circulent dans cette zone en toute quiétude. Les démographes estiment que Karang s’élargit au rythme du département de Mbour. 

La Sénégambie dans toutes ses facettes

Le danger est dans sa situation géographique et le défaut de maîtrise de sa population. Ici, les vols de tout genre foisonnent, obligeant les populations à redoubler d’efforts.

Le nouveau maire ambitionne de renforcer les jumelages entre écoles gambiennes et celles de Karang, à l’image du jumelage, Karang 4 et Basic School. Dans le domaine de l’agriculture, il est prévu la poursuite des rencontres entre les deux pays pour une lutte contre la salinisation qui mine les terres. A ce niveau, la cellule environnementale de Karang, sous couverte du Conseil régional de Fatick, a récemment tenu un panel qui s’inscrit dans le cadre d’un programme dénommé ‘’Approche territorial sur le changement climatique’’.

 A travers le concept dénommé ‘’Ecole verte’’, la lutte contre la salinisation des terres et le déboisement est prise en charge dès l’école primaire. Les élèves qui disposent d’outils agricoles mis gratuitement à leur disposition, procèdent à des reboisements, renseigne le point focal du projet, Nouha Sané.       

Une santé financière à deux visages 

Grâce à sa position, la gare routière de Karang est l’une des plus rentables au Sénégal. Elle fait avec le marché 20 millions de francs Cfa de chiffre d’affaires par an dans les caisses de la mairie, renseigne Ousmane Séné, ancien maire de la ville. A Karang comme dans plusieurs zones frontalières, le commerce prospère. Hamdalay, village gambien situé à environ 1 km, dessine les limites des deux pays. Sur ce lieu bouillonnant, les commerçants se frottent les mains. Une activité qui se pratique à double visage et avec lequel on gagne ou…on gagne. Si les produits peinent à se faire écouler rapidement, plusieurs commerçants s’adonnent aux opérations de change qui ont le vent en poupe dans cette zone frontalière. En atteste le groupe de cambistes qui accueille le voyageur devant la gare routière de Karang et juste avant le poste de police de Hamdalay. Visiteurs, restez sur vos gardes ! Parmi cette meute qui avance vers vous, de fieffés arnaqueurs ! 

 

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