Publié le 28 Aug 2019 - 19:33
DETTES DUES AUX ETABLISSEMENTS PRIVES

L’Etat doit débloquer 18 milliards de F Cfa 

 

L’Etat du Sénégal doit encore de l’argent aux établissements privés du Sénégal. Sur les factures de 2017-2018, il reste encore plus de 25 % (3 milliards qui restaient) à honorer et aucun règlement n’est fait au titre de l’année 2018-2019 pour un montant qui va au-delà des 15 milliards de F Cfa. Le cadre unitaire redoute le syndrome des bacheliers non orientés.

 

Le Cadre unitaire des organisations privées d’enseignement supérieur (Cudopes) a fait le point, hier, sur la situation qui prévaut, actuellement, dans le secteur de l’enseignement supérieur privé, avec l’orientation des bacheliers par l’Etat du Sénégal. En conférence de presse, le coordonnateur Jean-Marie Sène a fait le rappel des démarches entreprises pour le recouvrement des arriérés dus aux établissements et a donné des indications sur la position des établissements privés d’enseignement supérieur (Epes) regroupés au sein du Cudopes.

A ce jour, dit-il, sur les factures de 2017-2018, il reste encore plus de 25 %, soit 3 milliards de F Cfa, à honorer et aucun règlement n’est fait au titre de l’année 2018-2019 pour un montant qui va au-delà des 15 milliards de F Cfa.

Quid des bacheliers 2019 ? Il renseigne qu’en 2018, et au courant l’année 2019, les rencontres entre le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (Mesri) et le Cudopes ont permis de convenir de la nécessité de respecter les engagements pris quant au règlement des sommes dues aux établissements, conformément aux conclusions de la réunion du 22 novembre 2018. Cette rencontre entre les deux ministres - celui des Finances et celui de l’Enseignement supérieur de l’époque - d’une part, et le Cudopes d’autre part, avait dit comment les 16 milliards de F Cfa allaient être payés dans le temps.

Ces engagements consignés dans un compte-rendu donnaient, dans une première partie, les modalités d’exécution des 8 milliards de F Cfa inscrits dans la loi de finances rectificative (Lfi) 2019, au moyen d’un échéancier avec des montants. La rentrée avait alors pu être faite, en janvier 2019, sur la base de la déclinaison de l’échéancier. Du mois de janvier à avril 2019, cet échéancier a été globalement respecté, réglant partiellement les arriérés jusqu’en 2017-2018.

Par contre, signale-t-il, ‘’la deuxième partie des engagements, tendant à inscrire 4 milliards de francs dans la première Lfr 2019, n’a pas été effective, de même que les 4 autres milliards qui devaient provenir d’un réaménagement du budget du Mesri’’. Indiquant que cette situation a été présentée à la tutelle rencontrée le 24 mai 2019, après la mise en place du nouveau gouvernement, celle-ci disait alors que les engagements de l’Etat allaient être tenus, rassurant sérieusement les responsables du Cudopes.

‘’La tutelle n’a pas donné suite à cette correspondance du 9 août 2019’’

Le coordonnateur Sène note ‘’qu’après le vote de la première Lfr 2019, constatant que l’on s’orientait vers une reproduction du scénario de 2018, en raison d’une absence manifeste de couverture budgétaire, le Cudopes a saisi une première fois le chef de l’Etat, le 3 juillet 2019, et une seconde fois, le 22 juillet 2019, avec une demande d’audience, avant de prendre la décision de suspendre les cours à partir du 31 juillet 2019’’. Le chef de l’Etat a fait suite à la requête et a demandé à son conseiller chargé des questions du secteur de recevoir, le 5 août 2019, les responsables du Cudopes et de leur dire que des mesures allaient mises en œuvre pour la prise en charge de la question.

Parallèlement à cela, des discussions ont eu lieu, à l’initiative de la tutelle, le 6 août, demandant la levée du mot d’ordre. Le Cudopes a procédé à une consultation à domicile immédiate de ses membres qui ont maintenu la suspension et programmé une réunion, le 9 août 2019, pour évaluer la situation. La tutelle a été saisie des conclusions de cette réunion, le même jour, disant que si un ‘’échéancier était donné pour le règlement des 4 milliards de francs Cfa, le mot d’ordre allait être levé immédiatement’’.

A la date d’aujourd’hui, Jean-Marie Sène dénonce le fait que ‘’le ministre de l’Enseignement supérieur n’ait pas donné suite à cette correspondance du 9 août 2019, instituant un statu quo préjudiciable aux discussions et installant l’angoisse chez les parents et les étudiants’’.

Ainsi, l’appel du Cudopes aux parents consiste à dire que les Epes ont assuré un service fait au profit des étudiants ‘’sans être payés’’. Ceci en accumulant les dettes dans les établissements qui affectent la qualité et la paix sociale.

‘’Le Cudopes redoute le syndrome des bacheliers non orientés’’

‘’Concernant les bacheliers 2019, le Cudopes regroupe des entités qui sont libres dans leurs prises de décision, chacune dans son contexte en fonction de ses propres réalités, son espace et ses engagements financiers et moraux. C’est pourquoi il faut redouter le retour du syndrome et du malaise des bacheliers non orientés. Ceci, en raison du risque d’une impossibilité, pour les Epes, d’absorber ceux qui leurs seront affectés, faute couverture budgétaire’’. Aux étudiants qui, dit-il, sont dans les Epes côtoyant les personnels et vivant les conditions des Epes, le Cudopes déclare son ouverture aux propositions qui lui seront faites pour poursuivre les cours. Malgré les difficultés qui résultent du non-respect par l’Etat de ses engagements.

Les menaces du ministre

Il note que les questions relatives à la qualité sont bien prises en charge par les Epes, qu’il y ait des arriérés ou non. Car les filières dans lesquelles l’Etat oriente les bacheliers sont toutes des filières qui mènent à des ‘’diplômes accrédités’’ par l’Anaq/Sup, qui est sous la tutelle du Mesri, ou le Cames. Ces mêmes diplômes sont signés par la Dges après toutes les vérifications d’usage. Les documents dits pièces périodiques sont régulièrement transmis à la Dges qui est sous l’autorité du Mesri et dispose, par ailleurs, de moyens pour l’exercice du contrôle des Epes que lui confère la réglementation.

Par contre, la raison pour laquelle les engagements n’ont pas été respectés n’a pas encore été indiquée au Cudopes, qui finit par payer la facture de la paix sociale.

De ce fait, le cadre unitaire considère que les rencontres avec la tutelle ne devraient pas concerner uniquement les questions liées aux recouvrements, ce qui rend, à leurs yeux, ‘’la gestion du partenariat anecdotique’’. Pour eux, ‘’ces rencontres doivent être des espaces où on évoque des questions majeures sur la gestion des Epes comme : les recrutements et la carrière des enseignants, les accréditations et la diplomation, la diversification des filières’’, entre autres.

Toutefois, Jean-Marie Sène regrette ‘’l’attitude et les sorties du nouveau ministre de tutelle’’. ‘’Une attitude que nous ne saurions nous expliquer et qui s’est matérialisée par des menaces, à travers la presse, et au cours d’une rencontre au Mesri, le 6 août 2019, de fermer les établissements’’, constate-t-il.

Ils tiennent à rappeler au ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation qu’il a en face de lui des Sénégalais patriotes qui se sont abreuvés à la source de la citoyenneté. Que la contribution des Epes à la politique de formation des bacheliers orientés par l’Etat est énorme et dépasse largement les 41 milliards évoqués par le ministre depuis le début du programme en 2013.

AIDA DIENE

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