Publié le 25 Feb 2015 - 12:12
DIABOLIQUE !

 ''Chaque jour vers l'enfer nous descendons d'un pas.''

 

Charles Baudelaire ; Les fleurs du mal (1857)

Ce n’est point un conte de fée pour adulte, mais la réalité crue. Ces mots (ou maux) sont bien sortis de sa bouche (voir page 3). Y a-t-il donc une malédiction qui poursuit Me Abdoulaye  Wade, qui l’enfonce, chaque jour qui passe, dans les marécages de l’ignominie, comme une ‘’âme maudite’’ dans les abîmes de l’enfer ? Qu’est-ce qui arrive donc à celui qui a présidé aux destinées de cette nation de 2000 à 2012, que les Sénégalais ont pourtant chéri, pour qu’il descende de la sorte au niveau le plus primaire du jugement ? Au point où Me Wade se trouve aujourd’hui, après plus de 25 ans d’opposition et douze ans au pouvoir, il y a de quoi se poser des questions.

Il ne faut en effet pas oublier qu’on est en 2015, sur la planète Terre. Qu’un professeur agrégé comme lui, qui a accroché plusieurs titres ‘’honoris causa’’ et autres distinctions sur sa poitrine, puisse susciter l’hypothèse de l’existence d’une espèce non déclarée parmi les hommes, qui s’appellerait ‘’Dëmm’’, est déjà révélateur du dessein qui l’anime. Le modus operandi est archaïque alors que le but est clair : manipuler et faire mal. Me Wade prendrait-il ses interlocuteurs pour des sous-hommes qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Comment peut-on parler d’esclave et de descendants d’esclaves dans un pays comme le Sénégal qui consacre le principe de l’égalité de tous, consigné et protégé par la Constitution ? A-t-il aussi oublié la Déclaration universelle des droits de l’Homme qui fonde encore les valeurs de la civilisation ?

Me Abdoulaye Wade qui pousse le bouchon jusqu’à reproduire le même argumentaire que l’anthropologie coloniale et l’idéologie barbare de la Traite négrière ! Le seul couple Barack-Michelle des Etats-Unis, pays le plus puissant au monde, est une réponse tout en dérision aux propos de Wade. Macky Sall serait-il d’ailleurs descendant d’esclave – ce qui est totalement erroné et les historiens du Fuuta le savent parfaitement - que son mérite n’en serait que plus grand. C’est très grave de constater qu’un ancien chef d’Etat puisse penser ainsi dans un pays comme le Sénégal. Il a, soit dit en passant, ‘’oublié’’ que c’est le même homme qu’il a nommé plusieurs fois ministres avant de le porter à la tête du gouvernement, qu’il attaque avec autant de virulence.

Les actes qu’il pose, les paroles qu’il prononce depuis quelques mois, sont aux antipodes de ceux d’un homme normal vivant parmi les hommes, et aspirant bien laisser une trace dans la mémoire collective, lorsqu’il ne sera plus que poussière. En vérité, la réponse la plus facile à l’énigme Wade, pourrait consister à ranger ses propos dans le tout Alzheimer, avec tout ce que ça comporte de dégénératif.  En Afrique en effet, lorsqu’un vieillard ‘’radote’’, on s’en amuse bien et cela  participe à raffermir le lien social. N’entend-on pas souvent dire que ‘’Mame day baneexu ?’’ (une personne âgée peut tout se permettre).

Mais le problème, c’est qu’il y a une certaine cohérence dans la démarche de l’homme. On sent bien l’effet crescendo, consistant à élever le niveau du curseur, à mesure qu’on s’approche du prononcé du verdict contre son fils Karim Wade. Après avoir activé le levier maraboutique, essayé d’embarquer dans sa lutte d’anciens chefs d’Etat et tenté de doper les plus jeunes pour chauffer la rue, le voilà donc qui aborde une phase cruciale de sa  stratégie : titiller les pulsions les plus basses de la société afin de créer un effet-répulsion et agresser dans le même temps son adversaire, de la manière qui fasse le plus mal possible. Il va sans doute continuer à charger sa cible qui est en réalité la famille Sall. Car, dans l’optique de Wade, tout ce qui peut empêcher son fils de briller, doit être détruit. Idrissa Seck et Pape  Diop en ont déjà fait les frais. Ne traitait-il pas le premier de ‘’serpent venimeux’’ et le second de ‘’tueur d’albinos’’ ? 

Les paroles s’envolent et c’est le texte qui reste. Et ce texte-là ne sera pas celui que Wade voudra imprimer dans la tête des Sénégalais. En insultant une bonne partie des citoyens de ce pays qui lui ont tout donné, les qualifiant de sous-hommes, il révèle lui-même sa véritable nature d’aventurier qui n’aurait sans doute jamais  dû accéder à la magistrature suprême. Son destin est-il de finir comme  une bête, après avoir incarné l’ange ? L’histoire pourra ensuite raconter qu’il était une fois un ‘’Vieil homme’’ avec une médaille en chair et os. Il était si amoureux de cette médaille, que le métal finit par le consumer…  au point que son nom s’est effacé des tablettes  de l’histoire. 

 

 

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