Publié le 19 Oct 2014 - 01:55
EN PRIVE AVEC THIONE SECK

‘’J’avais promis à la maman de Youssou Ndour qu’on ne nous entendra plus, mais…’’

 

Accusé d’escroquerie par le promoteur immobilier Macodou Dieng, Thione Ballago Seck a tenu une conférence de presse très animée, hier, au Penc Mi.  A la fin de la rencontre avec les journalistes, il a accepté de revenir avec EnQuête sur les tenants et aboutissants de cette affaire qui défraie la chronique. Muni de pièces justificatives, l’homme de Kiné Diouf, en compagnie de son avocat Me Abou Dialy Kane,  a nié en bloc les faits qui lui sont reprochés. Mais en attendant le 3 novembre, jour du procès au tribunal du commerce, il a décidé de porter plainte contre le journal l’Observateur et la RFM.

 

Vous êtes cité dans une affaire d’escroquerie à hauteur de 100 millions, qu’en est-il exactement ?

Je voulais créer une fondation. J’ai mûri l’idée mais je n’ai même pas fini d’installer ladite fondation. J’étais en pourparlers avec des partenaires. Mon idée c’est de créer un hôpital où des Sénégalais pourront se soigner gratuitement. C’est dans cette dynamique que j’ai voulu acquérir un terrain. C’est ainsi qu’un de mes amis du nom de Makhona Ndiaye a contacté le nommé Macodou Dieng à cet effet. Ce dernier, qui n’est qu’un courtier, m’a proposé un terrain de 10 hectares. Je me disais qu’on pouvait construire sur cet espace un hôpital, le siège de la fondation et ce qui s’ensuit. Jusque là tout allait normalement. Macodou m’a remis la délibération du terrain. Je lui ai signé une décharge.

Donc, le terrain existe bien ?

Oui, le terrain existe bel et bien tout comme les 100 millions. Vous savez, le décaissement des financements à l’étranger prennent du temps. Alors, on a fait un protocole de vente et dans l’article 5 ou 6, il est stipulé : ‘’la durée de suspension de l’exécution du présent contrat pour cas de force majeure ne pourra excéder trois mois. Passé ce délai, les deux parties se concerteront en vu d’arrêter d’un commun accord la poursuite, la révision ou la résiliation du contrat’’.

On a signé le contrat de vente en bonne et due forme. Au terme des trois mois, je n’étais pas au Sénégal, j’avais voyagé. J’étais en tournée. Quand je suis rentré, le propriétaire du terrain lui-même est venu me voir, accompagné de la secrétaire de Macodou Dieng. Il m’a dit : ‘’je suis venu te voir pour te dire de ne plus rien remettre à Macodou. Quand tu ne voudras plus du terrain, rends-le moi directement sans intermédiaire.

Macodou, je l’ai écarté de la vente, c’est pourquoi je suis venu avec sa secrétaire afin qu’elle soit témoin de ce que je dis. J’ai déjà informé Macodou’’. Un document est même produit à cet effet. Macodou n’est qu’un courtier. Il ne fait que vendre et après il prend son pourcentage. Alors quand il dit dans les journaux qu’il est le propriétaire, ce n’est pas vrai. Mes études ne sont pas poussées, mais si je me base sur ce contrat, rien ne me lie juridiquement maintenant à Macodou vu que celui-ci n’est pas renouvelé. Le contrat est donc caduc, nul et non avenu. Aussi, quand je suis rentré de ma tournée, Macodou était en prison pour litiges fonciers. Ces trois éléments suffisent pour montrer que rien ne me lie à Macodou.

Pourquoi alors ce monsieur a porté plainte contre vous devant le tribunal du commerce ?

A dix jours de la fête de Tabaski, Macodou a appelé une de nos connaissances communes  du  nom Bassirou Tall. Pour  lui dire de me demander 10 millions. Il lui a dit que je pouvais le faire car mon fils (Wally Seck) est très adulé. Bassirou m’a rapporté cela et je lui ai dit que son ami n’est pas sérieux. Ce que j’ai oublié de vous dire, c’est que Macodou a désaffecté le terrain de mon nom. Je l’ai su depuis longtemps. Je me disais juste qu’après paiement, le terrain reviendrait à mon nom.

Dans la presse d’aujourd’hui (ndlr l’entretien a été réalisé hier), il est pourtant dit que vous avez accepté de payer.

Je ne comprends pas. Je n’ai pas parlé à un journaliste de Walfadjri (ndlr c’est Walfadjri qui a sorti l’article). C’est le représentant de Walfadjri à Rufisque qui a fait le papier. J’ignore ses motivations. Le journalisme est un métier noble. Moi, j’ai une famille et des gens qui m’aiment. Dès que vous écrivez quelque chose, cela fait le tour du monde. C’est pourquoi d’ailleurs j’ai décidé de porter plainte contre le journal L’Observateur. Je ne dis pas qu’on ne doit pas écrire sur moi. Mais avant qu’on ne le fasse, il faut vérifier ses écrits.

Par déontologie, on vous demande de vérifier. L’Observateur a écrit sans savoir que le contrat était caduc, que le terrain a été désaffecté, que Macodou Dieng était écarté de la vente et enfin le contrat ne pouvait être renouvelé car le gars était en prison. Si le micro m’avait été tendu, je leur aurais dit tout cela. Et ils ne peuvent pas dire qu’ils n’ont pas pu me joindre. Quand leur patron leur donne une invitation pour moi, ils savent où me trouver. Quand ils ont besoin de moi, idem. Et je peux affirmer qu’ils ne m’ont pas appelé parce que j’ai le numéro du journal  l’Observateur  dans mon téléphone.

Pourquoi juste une plainte contre l’Observateur alors que beaucoup de médias ont écrit le même jour la même information ?

Il ne faut pas perdre de vue que c’est le Groupe futurs médias qui a été le premier à susurrer cette information. C’est dans l’émission ‘’xalass’’ qu’on a commencé à dire qu’il y a un célèbre chanteur, père d’un jeune chanteur très connu et adulé qui doit 100 millions à une agence immobilière et risque que la justice saisisse ses biens s’il ne paie pas. Donc, le Groupe futurs médias est l’élément déclencheur. L’Observateur a mis l’information à sa Une principale sans chercher à me parler. Ces journalistes ont aidé Macodou Dieng à me diffamer. Et je vais aussi porter plainte contre la RFM. C’est dommage, je n’ai jamais pensé porter plainte contre la TFM, la RFM ou l’Obs. Mais ils n’avaient pas le droit d’écrire cet article sans mon avis.

Je représente quand même quelque chose dans ce pays. Si je venais à mourir le monde entier serait au courant à la minute suivante. Peut-on dire la même chose de mon accusateur ? Je suis ambassadeur de l’UNESCO, chevalier de l’Ordre national du mérite du Sénégal, chevalier de l’Ordre national du lion du Sénégal, etc. Je n’ai pas eu ces distinctions au hasard. Je les ai méritées. Je suis différent de Macodou Dieng qui ne voulait que 10 millions pour fêter la Tabaski. L’Obs devait avoir un certain égard à mon endroit. La Une telle qu’écrite laisse croire que j’ai escroqué le gars. Si ce jour-là le journal a été bien vendu, les travailleurs de la TFM, la RFM et l’Obs qui en mangent un centime me sont redevables de quelque chose et Dieu en jugera.

N’y a-t-il pas anguille sous roche, ne cherchez vous pas simplement à régler des problèmes personnels avec Youssou Ndour ?

J’avais promis à mère Ndèye Sokhna Mboup (ndlr la maman de Youssou Ndour) qu’elle n’entendrait plus de duels entre son fils et moi. Je romps ce pacte à partir de ce jour. Je dis et je redis que je vais porter plainte contre l’Obs. Maintenant, si attaquer l’Obs signifie attaquer Youssou Ndour, je vais l’attaquer alors. Ces journalistes là n’osent pas écrire pareille chose à l’encontre de leur patron. Je suis le grand-frère de Youssou Ndour. Alors si ces gens là ne peuvent pas me vouer le même respect que celui qu’il voue à Youssou Ndour, qu’ils me témoignent au moins un peu de ce respect-là. Ils ne devaient pas écrire cet article sans avoir ma version. Mon image a été salie. Les Sénégalais m’appellent Papa Thione.

Je vois des gens qui ont mon âge ou même plus âgés que moi m’appeler ‘’papa Thione’’. J’essaie de sauvegarder de mon mieux cette image et des journalistes se lèvent un matin pour la salir. Je n’ai rien fait pour mériter qu’on traine mon nom de la sorte dans la boue. Je me suis retiré un peu de la scène musicale pour ne pas faire de l’ombre à mon fils. Je compte revenir bientôt.

Et contre Walfadjri vous ne comptez pas porter plainte ?

Non, même si je n’ai jamais parlé à un journaliste de Walf. Je ne sais pas ce qui motive ce journaliste que je ne connais pas. Peut-être qu’il l’a fait parce que Macodou Dieng est Rufisquois comme lui. Mais c’est en ma défaveur.

Vous aviez décidé dans un premier temps de ne pas répondre dans la presse. Pourquoi avoir changé d’avis ?

Si j’avais écouté ma femme, je ne ferais jamais cette conférence de presse. Elle est foncièrement contre. Mais il fallait que je le fasse. Mes partenaires qui sont à l’étranger m’ont appelé pour me demander ce qui se passe. Donc, il fallait que je fasse une sortie pour que tout soit clair. Le fait qu’on ait rendu public ce financement me fait très mal. Je voulais faire les choses en douce jusqu’à la concrétisation avant d’en parler publiquement. Je ne sais même plus si ce projet ira à son terme alors que tout était mis en œuvre pour cela. Mes partenaires sont encore là et j’espère qu’ils vont continuer à me soutenir.

BIGUE BOB

 

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