Publié le 21 Oct 2014 - 18:19
ENRICHISSEMENT ILLICITE

Cheikh Diallo enfonce «son frère» Karim Wade

 

Entendu hier, comme témoin dans le cadre du procès de Karim Wade, Cheikh Diallo a fait volte-face par rapport à sa déposition faite à la Section de recherches et enfoncé le fils de l’ex-président Wade accusé d’enrichissement illicite.

 

« Je n’ai jamais dit que les 30% de CD-média m’appartiennent et que j’ai dû libérer 3 millions représentant mes parts». Ces propos ont été tenus hier, à la barre de la CREI, par Cheikh Diallo pour démentir les allégations mentionnées dans le procès-verbal. Le journaliste, témoin dans le cadre du procès de Karim Wade, a juré la main sur le cœur n’avoir jamais déclaré à la gendarmerie qu’il est actionnaire à CD-média. Au contraire, il a affirmé que le groupe de presse appartient bel et bien à Karim Wade, qui l’a créé et en assurait toutes les charges. Avec des détails et dates précis, des correspondances électroniques, le témoin a expliqué le processus de création de la société.

Cheikh Diallo a renseigné qu’une première réunion a été organisée le 11 mai 2011 dans les bureaux de Karim Wade, en présence de la notaire Patricia Lake Diop. «La constitution formelle est intervenue à l’issue d’une réunion tenue le 26 octobre 2011. Avec un stylo en main, Karim Wade a constitué CD-média devant Me Patricia Lake. Il a proposé le nom», a précisé l’ancien chargé de communication de l’ANOCI.

Cheikh Diallo est aussi revenu sur l’actionnariat pour faire savoir que Karim Wade lui a présenté Patrick Williams comme actionnaire majoritaire à 70% alors que les 30% restants lui étaient attribués. «(Karim Wade) m’avait (d’abord) octroyé 20%, mais voyant la part dérisoire, il l’a portée à 30% », a-t-il révélé. Toutefois, le témoin qui se reconnaît dans la définition d’un prête-nom, a précisé que  les 30%, «c’était purement formel» car il n’y avait pas de dividendes à percevoir. «C’est plus tard que j’ai appris que l’actionnaire majoritaire (Patrick Williams) avait fait une cession de part à Karim», a-t-il soutenu.

«Réunion de CA à la gendarmerie»

Toujours pour prouver l’appartenance de CD-média à Karim Wade, l’ancien journaliste politique au Soleil a indiqué par la suite que le prévenu lui a demandé s’il voyait un inconvénient à la nomination de Me Mamadou Diop comme PCA car Me Patricia Lake lui a fait comprendre que Istar groupe ne pouvait pas être l’administrateur. «Voici la stricte vérité, rien que la vérité», a ajouté Cheikh Diallo tout en précisant qu’il n’y a jamais eu de réunion du CA. «La seule fois à laquelle j’ai assisté à une réunion de conseil d’administration, c’était quand nous étions enfermés à la Section de recherches de la gendarmerie», a-t-il ironisé.

Selon les explications du journaliste, le fils de l’ex-président a créé le groupe de presse pour hausser sa «visibilité» en vue de l’élection présidentielle de 2012 d’autant qu’il était attaqué de «toutes parts». Au départ, l’intention de Karim Wade était de créer un grand groupe avec une radio, une télévision et une imprimerie. A l’en croire, en janvier 2012, Karim lui a envoyé un texto pour approcher le spécialiste en radio du nom de Mamadou Amar. Le prévenu lui avait même envoyé des infos sur les caractéristiques de la radio. Quid du matériel de la radio ? «Je n’ai jamais vu le matériel et je ne sais pas à quoi il ressemble. Or M. Amar m’a assuré que le matériel a été livré», a soutenu Cheikh Diallo.

Victor Tendeng et Victor Kantoussan ont livré le matériel de CD-média

Outre Karim Wade, le journaliste a démenti les allégations tenues par les ex-gendarmes Tendeng et Kantoussan. Alors que ces derniers affirmaient n’avoir livré aucun matériel à CD-média, Cheikh Diallo a dit le contraire. «Victor Kantoussan a livré les deux véhicules de reportage. Le 21 juillet 2011, avant (donc) la Présidentielle, nous avons reçu quatre autres véhicules de seconde main par un certain Djibril Sow qui a déclaré être mandaté par Kantoussan», a déclaré Cheikh Diallo. Quant au chauffeur assistant de Karim Wade, Victor Tendeng, il a, le 9 juin 2011, déposé le matériel de bureau. «Le bordereau a été signé par Serigne Saliou Samb car j’étais absent du pays», a-t-il précisé tout en révélant que «lorsque Karim était en déplacement, c’est Victor Tendeng qui apportait les salaires». 

FATOU SY

 

 

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