Publié le 28 Aug 2014 - 01:11
GESTION DU PÈLERINAGE À LA MECQUE

Des micmacs à ciel ouvert

 

L’organisation du pèlerinage à La Mecque n’a pas été à l’abri des micmacs. Le Rapport public 2012 de la Cour des comptes révèle des dépassements budgétaires et autres dépenses fantaisistes effectuées entre 2007-2010.

 

Dans son dernier rapport, la Cour des comptes a épinglé les deux commissaires qui se sont succédé à la tête de l’organisation du pèlerinage à La Mecque entre 2008-2010. Auparavant, la gestion du commissaire pour le pèlerinage à La Mecque dans la période 2007-2008, El Hadj Moustapha Guèye, a été passée au peigne fin. Mais ce dernier  a réussi à se tirer d’affaires en raison d’un respect des procédures sous son magistère. Des manquements ont été relevés dans la gestion de ses successeurs respectifs : El Thierno Ibrahima Diakhaté et El Hadji Mansour Diop. En passant outre les règles de transparence, ils ont fait preuve d’une gabegie qui a fini par gripper les finances publiques.

Une procédure d’enquête a été à cet effet enclenchée à ‘’l’encontre’’ du commissaire général El Thierno Ibrahima Diakhaté qui a eu, en guise d’exemple, à empocher en 2008 une somme de 11 875 000 F Cfa destinée aux nécessiteux, sans produire aucune ‘’justification de la distribution effective aux bénéficiaires’’. Vu l’absence de transparence qui sous-tend la gestion du pèlerinage à La Mecque, la bamboula a fini par s’ériger en règle. C’est dans cette foulée que, selon le rapport, des bénévoles ont été cooptés dans des fonctions d’assistante de direction et de responsable informatique et bureautique sans se référer au statut général. 

Des indemnités qui dépassent les normes requises sont octroyées à des membres de la mission d’encadrement dont les noms ne figurent guère sur la liste officielle. C’est le cas de deux chefs de groupe, qui  ont eu à percevoir chacun la somme d’un million de francs contre 800 000 F pour un autre missionnaire. Or l’indemnité forfaitaire a été plafonnée à 500 000 F Cfa. La cour déplore aussi le fait que le commissaire El hadji Mansour Diop n’ait pas déposé le rapport de l’édition 2010. Or aux termes du décret  numéro 2009-2012 du 28 octobre 2009 portant création du Commissariat général au pèlerinage aux lieux saints de l’Islam, le Commissaire général doit déposer un rapport d’exécution du pèlerinage auprès du ministre chargé des Affaires étrangères trois mois après les opérations.

Toujours est-il que l’absence d’une comptabilité des matières propre au commissariat n’est pas sans conséquence. La Cour recommande dès lors la nomination d’un comptable des matières pour le commissariat général, différent du comptable du ministère de tutelle.

Par ailleurs, le non-respect de la réglementation sur les marchés publics a été décrié par la Cour des comptes avec une mise en concurrence non prouvée, l’acquisition d’un matériel informatique en 2008 sans appel à concurrence, la souscription de prime d’assurance sans appel d’offres.

Le rapport déplore aussi que la compagnie Air Sénégal, qui assure le transport des pèlerins, n’ait jamais été sanctionnée pour ses manquements à ses obligations contractuelles. Le ‘’contrat problématique’’ avec la compagnie saoudienne Zam Zam, choisie en 2008 par l’Etat du Sénégal pour le convoi des pèlerins, n’a pas été laissé en rade.

En définitive, la Cour qui liste de nombreux manquements, demande aux autorités compétentes de veiller aux sanctions en cas de non-respect des cahiers de charge.  Pour remettre de l’ordre dans le secteur, les voyagistes privés sont astreints par la Cour à la ‘’production d’un rapport d’exécution et des sanctions en cas de manquement‘’.

Matel BOCOUM

 

 

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