Publié le 15 Apr 2020 - 18:02
GESTION PANDEMIE

Le Frapp soumet sa feuille de route

 

Le Front pour une révolution anti-impérialiste, populaire et panafricaine (Frapp) propose un ensemble de mesures pour une bonne gestion de la Covid-19 au Sénégal. Non sans évoquer ses points de désaccord.

 

‘’Combien de malades atteints du coronavirus et combien de morts faut-il attendre pour effectuer ces dépistages massifs ?’’, interroge le collectif Frapp dans sa déclaration d’hier. Il estime que le Fonds de riposte contre la Covid-19 doit réserver entre 250 et 500 milliards pour le dépistage de 5 à 10 millions de Sénégalais. Surtout que les pays qui s’en sortent le mieux aujourd’hui, face au coronavirus, sont ceux qui dépistent le plus et traitent au plus tôt leurs malades.

De ce point de vue, le mouvement propose la mise œuvre de la stratégie des 2T (tester massivement et traiter au plus tôt). ‘’Cela permettra d’isoler les malades et les cas contacts, et de les soigner. Et de laisser les autres vaquer à leurs occupations et laisser la vie économique et sociale reprendre son cours. Ce schéma est infiniment moins coûteux et plus durable que celui en cours actuellement qui est défensif et relève d’un pilotage à vue’’, soutient-il.

A cela s’ajoute la dotation de masques à tous les citoyens par l’Etat (un citoyen, un masque), l’attribution du marché des dépistages à tous les laboratoires qui en ont les capacités techniques (Pasteur, Iressef, Bio 24…) avec une préférence africaine, la réquisition de l’Institut Pasteur dans l’urgence et la préparation de sa nationalisation ainsi que celle de Médis Sénégal avec l’Etat comme actionnaire majoritaire et les autres actionnaires constitués par des privés sénégalais.

Guy Marius Sagna et ses camarades pensent qu’il est temps d’accroitre la ‘’capacité endogène de riposte africaine aussi bien préventive que curative’’. Une démarche qui requiert une coopération entre Africains.

Quant à la gestion des entreprises et des travailleurs, en cette période de vaches maigres, le Frapp invite les organisations patronales, les syndicats des travailleurs, les chambres de commerce, les chambres des métiers… à se mobiliser et à collaborer pour le respect des décisions interdisant les licenciements. En plus du versement obligatoire des salaires aux travailleurs mis sous chômage technique. Les organisations d’employeurs, de travailleurs et les plateformes Noo Lank et Aar Li Nu Bokk sont invitées à mettre sur pied des dispositifs permettant de recevoir, traiter et solutionner les plaintes des travailleurs, des entreprises, des citoyens dans la gestion de la Covid-19, en cas de non-respect des interdictions de l’Etat.       

Non au FMI et à la BM

Sans surprise, les prêts accordés par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM) dérangent. Selon le collectif, ‘’les politiques de ces institutions ont contribué à créer ce chaos sanitaire dans les pays africains. L’une des leçons à tirer de cette pandémie est qu’il est possible d’avoir un système de santé performant sans l’aide du FMI et de la Banque mondiale. Cuba, victime d’un embargo illégal et illégitime depuis plus de 50 ans, qui vole au secours de peuples dont les pays ont plus de moyens, en offre la preuve’’.

Par ailleurs, ses membres trouvent insuffisants les 1 000 milliards du Force Covid-19 (Fonds de riposte et de solidarité contre les effets de la Covid-19) et demandent que ce budget soit porté à 2 000 milliards.  

Afin d’éviter tout ‘’corona-business’’, ou ‘’corona-politique’’, le Frapp propose la mise sur pied d’un dispositif de coordination du Force Covid-19 ‘’démocratique, transparent, inclusif et permettant le contrôle citoyen’’ composé des syndicats de la santé et de l’action sociale, Noo Lank et Aar Li Nu Bokk. Il souhaite également l’institution d’une taxe Covid-19 appliquée aux entreprises étrangères qui ont bénéficié de l’essentiel de marchés sénégalais, la suppression du HCCT (Haut conseil des collectivités territoriales), du Cese (Conseil économique, social et environnemental) ainsi que la publication des plans d’investissement d’urgence du secteur de la santé et de l’action sociale et du développement communautaire (élaborés le 8 avril en Conseil des ministres).

‘’Nous interpellons Mansour Faye pour savoir si Diop Sy a déposé dans son dossier une autorisation de l’Assemblée nationale’’, lance-t-il.

EMMANUELLA MARAME FAYE

Section: