Publié le 10 May 2024 - 11:08
GOUVERNANCE DE L’ENFANCE ET DYNAMIQUES DE POUVOIR

Réflexion sur la protection de l’enfant dans son ensemble

 

Une conférence sur la gouvernance de l'enfance et les dynamiques de pouvoir au Sénégal a été organisée ce mercredi au West African Research Center (Warc). Cela avait pour but de "repenser le contrat social à l’heure de la rupture".

 

Comment peut-on réconcilier les conceptions de l'enfance enracinées dans l'identité sénégalaise avec le respect des droits universels de l'enfant ? Cette question a été abordée lors de la "Conférence sur la gouvernance de l'enfance et les dynamiques de pouvoir au Sénégal : Repenser le contrat social à l’heure de la rupture" qui s'est tenue au West African Research Center (Warc).

Marie-Thérèse Sambou, sociologue spécialisée en développement et en protection de l'enfant, souligne l’importance de tropicaliser les approches. "On peut avoir un excellent document, avec toutes les prévisions et structures nécessaires, mais est-ce que les personnes en charge incarnent réellement les valeurs sénégalaises que nous voulons transmettre à nos enfants ?", a souligné la chargée des droits des filles à Enda Jeunesse.

Le premier défi, selon elle, est l’application de la loi ou la création d’un environnement juridique favorable à la protection de l’enfant. "La loi répond à un besoin sur le terrain, mais peut également être revue et améliorée. Il est important que le Code de l'enfant vienne renforcer ce qui existe déjà", a soutenu Mme Sambou. Car d'autres défis incluent la gestion de données de qualité pour renforcer le plaidoyer, la mobilisation des ressources pour le financement des plans d’action, la mutualisation des ressources pour accélérer l’atteinte des résultats et le suivi de la mise en œuvre des recommandations issues des rapports périodiques.

En ce qui concerne la mobilisation des ressources, les intervenants ont largement évoqué cet aspect. "Malgré la qualité de nos documents et l'expertise qui les sous-tend, si l’argent n’accompagne pas les procédures, il n’y aura pas de retour", a soutenu Mme Sambou, qui note que l’État doit être au cœur de ce processus en tant que détenteur des responsabilités.

Dans la même veine, le directeur exécutif de Cosydep, Cheikh Mbow, déplore le manque de vision de nos dirigeants. "Très souvent, nous avons l’impression que nos décideurs n’ont pas de vision. Ils réagissent aux effets, aux demandes. Il fut un temps où la demande portait sur le renforcement des daaras, et la politique s’est orientée dans cette direction. Il fut un temps où c’était l’intégration des langues nationales…".

Pour M. Mbow, il faut aller vers un décloisonnement total des secteurs. Il note que dans un contexte où les crises s'enchaînent, pour faire face à un défi, il faut changer de paradigme. Il souligne également l’importance d’installer chez l’enfant des éléments de compétence. "Il faut armer les enfants d’esprit critique, de créativité, de capacité d'adaptation", indique-t-il. Avant de souligner l’importance d’avoir un système éducatif qui réponde à plusieurs dimensions à la fois ainsi qu'une approche équitable en termes de prise en charge des groupes vulnérables.

À ses yeux, le système éducatif doit également être moderne et résilient. "C'est la résilience qui nous permet de faire face à ces crises multiformes et une approche sur la sécurité et la protection de l'enfant", soutient Cheikh Mbow.

Lors de cette rencontre, une présentation des résultats de la recherche d’Aïcha Awa Ba sur la gouvernance des enfants talibés au Sénégal, intitulée "Alms for the Sake of God ? Power at Play in the Talibé Begging Field in Senegal" a été faite. Cette recherche a été sélectionnée pour publication dans le journal académique "Boyhood Studies Journal". Son objectif est d’apporter un éclairage nouveau sur cette question d’intérêt public.

 

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