Publié le 6 Mar 2015 - 14:33
GREVE DU SAES

L’inquiétude des nouveaux bacheliers 

 

Le mouvement de grève entamé par le Syndicat Autonome des Enseignants du Supérieur pénalise les étudiants, particulièrement les nouveaux arrivants, selon le constat fait à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, hier jeudi.

 

‘’J’appelle le syndicat Autonome des Enseignants du Supérieur (SAES) et l’Etat à faire preuve de grandeur, parce que notre avenir est en jeu. Et c’est l’avenir du pays qui est en jeu, parce que nous sommes la crème de cette nation’’. Fodé Dianfo, étudiant au département de géographie, est inquiet de la grève du SAES. Rencontré dans l’un des couloirs du pavillon ‘’K’’ avec certains de ses amis, sac en bandoulière, il s’apprête à rejoindre les amphis pour voir si le professeur va dispenser son cours.

Mais avec ses amis de la première année, ils acceptent d’échanger sur la situation universitaire. Dans la chambre se trouvent déjà d’autres personnes. Chacun y va de son point de vue. ‘’Nous subissons de plein fouet cette grève. Nous quittons chez nous pour venir  étudier et nous n’arrivons pas à apprendre, à cause des grèves à répétition. Depuis le début de la semaine, nous n’avons fait qu’un seul cours. Socialement, nous souffrons, parce que certains d’entre nous habitent loin. Ils payent le transport pour venir suivre des cours qui n’ont pas lieu. Nous perdons de l’énergie et de l’argent’’.  C’est plus compliqué chez les nouveaux bacheliers. ‘’Nous vivons une situation difficile. Je paye 600 francs cfa pour venir à l’université, chaque fois que j’ai cours. Et je viens sans étudier, c’est difficile.’’ ‘’Je suis inquiet, parce notre avenir est en jeu’’, lance Mamadou Kandé, étudiant au département de Géographie. ‘’Les parents pensent que nous étudions, alors que ce n’est pas le cas. Ils font tout pour nous envoyer de l’argent pour nos études pendant que nous passons tout notre temps à dormir’’, ajoute Khadiatou Diallo, étudiante en Espagnol.

‘’C’est une perte de temps’’

 A la cité Aline Sitoé Diatta (Ex-Claudel), de jeunes étudiantes sont tout autant désemparées. Dans une chambre commune, certaines dorment, pendant que d’autres discutent de tout et de rien. Là aussi, chacune à son point de vue sur l’impact de la grève. ‘’Nos parents se battent pour nous envoyer de l’argent, afin de nous mettre dans de bonnes conditions d’étude et nous n’étudions pas. C’est désolant’’, explique Codou Ndiaye, de la Faculté des Sciences et Lettres humaines. ‘’La grève n’est pas bonne pour les étudiants. Nous avons quitté nos familles pour étudier. C’est une perte de temps. Que nos parents aussi sachent que nous n’étudions pas. Nous voulons étudier, avoir une année universitaire complète, quel que soit le prix. L’Etat doit prendre des dispositions pour régler la question. Qu’on nous laisse étudier !’’ fulmine l’une d’elles d’un ton sec et ferme.

Mariam Niang, étudiante au département de Géographie, de dire que la grève les rend paresseuses. ‘’Quand tu quittes ton village pour l’université, tu as des rêves. Mais une fois sur place, le terrain te montre d’autres réalités. Je n’apprends plus mes leçons, comme l’année dernière. Avec les grèves, la motivation des étudiants est au point mort’’. Même discours pour Maty Fall. ‘’Ce mouvement nous perturbe. Cela ralentit notre rythme d’apprentissage’’, renchérit Aïda, de la faculté des Lettres et Sciences Humaines.

L’Etat ne doit pas s’immiscer dans les affaires de l’université

Ainsi, certains étudiants demandent à l’Etat de ne pas s’immiscer dans les affaires de l’université et de céder aux exigences du SAES. D’autres demandent aux deux parties de trouver un terrain d’entente. ‘’Le ministre ne connaît pas les réalités de l’université. C’est le SAES qui sait ce qui se passe à l’université. C’est le SAES qui doit gérer cet espace d’apprentissage et l’Etat doit céder aux exigences du Syndicat’’. ‘’L’Etat et le SAES doivent penser à nous. Nous sommes leurs enfants, leurs petites sœurs, leurs neveux. Ils n’ont qu’à avoir pitié de nous. Nous sommes au mois de mars et il y a des facultés qui n’ont pas encore commencé les cours’’, supplie Aïda. Leur souhait est que les deux parties trouvent ‘’des solutions dans les plus brefs délais’’, afin qu’ils puissent retrouver les amphithéâtres.

ABDOUL GOUDOUSSY DIALLO (STAGIAIRE)

 

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