Publié le 17 Jul 2020 - 22:28
HIVERNAGE A MBOUR ET INONDATIONS

Les marchés, déjà dans un piteux état, s’attendent au pire

 

Le début de l’hivernage est une période de psychose pour les commerçants et les clients des marchés de Mbour. Entre occupations incontrôlées des routes, branchements électriques sauvages, mauvaise gestion des ordures, ces lieux de négoce deviennent le théâtre d’un vrai chaos social dans lequel baigne une atmosphère indescriptible de parfums nauséabonds et de poussière.

 

L’entame de l’hivernage plonge les Mbourois, usagers des marchés, dans une situation de confusion totale. Aller au marché quotidiennement pour profiter des bienfaits de la mer, avec des poissons fraichement pêchés, des légumes frais et se procurer ces denrées auprès des étals de quartier, reste un casse-tête pour la population. L’hivernage est la période la plus dure à vivre dans les marchés de la capitale de la Petite Côte. Les différents marchés de la ville pataugent dans la boue et les immondices. C’est un décor amer qui est constaté, chaque année, sans que les autorités ne daignent y apporter les solutions idoines.

Cette année, une pluie seulement est encore tombée à Mbour. Mais les marchés s’attendent déjà au pire.

L'occupation anarchique de la voie publique, dans le marché central de Mbour, constitue une situation que déplorent les populations, depuis plusieurs années. Face à cette situation, les autorités locales ont cherché à apporter un semblant de réponse. Mais faute de suivi, cette situation est devenue un véritable casse-tête dans la ville de Mbour.

Au marché central, c'est un spectacle désolant qui s'offre quotidiennement aux usagers, impuissants face à ce problème. Les étals des vendeurs de légumes, les poussettes de friperie, les cantines de chaussures, pour ne citer que ceux-là, sont organisés de façon anarchique et tous occupent les voies publiques réservées aux véhicules et aux piétons.

Dans ce méli-mélo d’objets et de personnes, les automobilistes ajoutent un peu de piquant à la sauce. Les chauffeurs de ‘’taxi-clando’’ conduisent et stationnent leurs caisses n'importe où et n'importe comment, au grand dam des passagers qui n'ont même plus de trottoir pour marcher. Ce qui aggrave l'encombrement de la circulation des personnes. Ces derniers qui n’ont que leurs yeux pour constater, se faufilent entre les voitures et les vendeurs à la sauvette et se retrouvent dans une situation de danger permanent.

Cette occupation inconcevable de la voie publique provoque des bouchons qui deviennent des goulots d'étranglement de l'économie de la commune, puisque ralentissant la circulation des personnes et des biens.

Indiscipline et laisser-aller

Chaque préfet qui débarque sur la Petite Côte tente, dans ses premières heures, de déguerpir les occupants illégaux, pour aérer la voie publique. Mais les tentatives restent toujours vaines. Ce qui est encore insupportable, c'est que toutes ces personnes jettent, à longueur de journée, des ordures de toutes sortes sur la voie : sachets en plastique, restes de nourriture, des cartons vides, chutes de tissus des tailleurs en cette veille de Tabaski forment le décor nauséabond du marché central de Mbour.

Certains vendeurs indisciplinés et insouciants poussent leur forfaiture jusqu’à narguer les forces de l’ordre qui passent souvent. Dès qu'ils aperçoivent les policiers qui viennent remettre de l'ordre, ces vendeurs se précipitent pour ranger leurs marchandises, afin d’échapper à la lourde main de la réglementation. Indisciplinés et têtus, ils savent que c'est interdit d'occuper la voie publique, mais n’en ont cure.

On voit même des clients qui s'arrêtent devant ces vendeurs pour acheter et qui prennent même le temps de marchander, sans se soucier du blocage qu'ils occasionnent. La circulation n'y est jamais fluide à cause de cette occupation indisciplinée des voies réservées aux véhicules et aux piétons. Mais chaque jour, la situation va de mal en pis.

En attendant que l'hivernage vienne arroser ce magma d'immondices qui occupent le marché central, les Mbourois apprennent encore à vivre avec le coronavirus, même en se frottant au marché.

Autres marchés, autres problèmes

C’est le même décor qui est noté dans les autres petits marchés de la ville. Mais ici, les préoccupations sont autres. Ces derniers reçoivent moins de monde, du fait de leur taille ou de leur position excentrée par rapport à certains quartiers, mais également de la qualité des produits qui y sont disponibles. Dans ces marchés, ce sont des problèmes de reconnaissance, de considération et de prise en charge qui sont déplorés. Ce qui installe dans leur tête la psychose des inondations. Avec cet hivernage qui démarre, ces petits marchés sont exposés à des risques d'inondations. Ces problèmes liés à l'eau de pluie constituent un casse-tête pour les travailleurs de ces différents lieux de négoce, car ils ne sont pas épargnés de la catastrophe des inondations.

Selon les responsables de ces marchés de quartier, les autorités ont oublié leur existence dans la prise en charge des problèmes des marchés de Mbour. Mamadou Diallo, délégué du marché ’’Arrêt Car’’, explique les dégâts que peut causer l'hivernage dans le marché : ‘’L'hivernage est proche. Le problème est que dans le marché, si la pluie arrive et inonde nos boutiques, toutes nos marchandises vont se gâter’’, indique-t-il. Avant d’ajouter : ‘’Je rappelle aussi que nous sommes ici temporairement. On n'a pas encore construit de cantines et cela constitue un véritable obstacle pour les commerçants. On perd aussi nos sacs de riz à cause des eaux de pluie et aussi, il n-y pas assez de sécurité dans le marché. Là, c'est un véritable calvaire.’’

Dans la même veine, Assane Thioune, Président du marché ’’Niétt Mbar’’ du quartier Château d'Eau Nord, trouve cette situation inquiétante. A l’en croire, les travailleurs de ce marché n’ont aucun appui pour vivre dignement dans ce lieu. ‘’Ils sont obligés de se cotiser pour s'entraider’’, révèle-t-il.  Dans ce sens, il estime que le marché "Niétt Mbar’’, vu sa position géographique, ne devrait pas avoir les problèmes auxquels il est confronté présentement. ‘’À l'arrivée de chaque hivernage, ce que nous vivons quotidiennement, c'est l'eau stagnante, au-delà même des locaux. Et cela fait qu’on n'arrive pas à travailler pendant l’hivernage’’. Il poursuit : ‘’Aucune autorité municipale n’est venue pour nous aider ou même demander ce dont nous avions besoin’’, se désole le président.

Abondant dans le même sens, Maimouna Ndour, porte-parole du marché Ousmane Thioune, martèle : ‘’On paye nos ’djoutis’ (taxes municipales) tous les jours et pourtant, nous trouvons des excréments, des saletés et autres dans nos places’’, révèle-t-elle. Pour elle, ce marché ressemble à une poubelle. ‘’Les autorités nous disent que c'est nous qui avons sali notre espace et avec l'hivernage, c'est encore pire. Vous verrez des eaux usées et verdâtres, tellement elles restent longtemps sur place’’, fait savoir la dame Ndour qui indique que la situation est très critique. Elle interpelle les autorités pour une solution durable à leurs problèmes.

Toutefois, avec l'hivernage, les marchés sont les lieux qui présentent plus de risques et exposent les populations à certaines maladies, surtout avec cette pandémie du coronavirus. Et le risque d'inondation ajoute de l'huile sur le feu.

IDRISSA AMINATA NIANG

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