Publié le 27 Jan 2015 - 23:38
HOMICIDE VOLONTAIRE

Le sexagénaire Souleymane Sow écope de 10 ans de travaux forcés

 

La première affaire de la 3e session de la cour d’Assises 2014 a concerné le sexagénaire Souleymane Sow. Il a été reconnu coupable de meurtre sur Modou Diop et a été condamné à une peine de 10 ans de travaux forcés.

 

La première affaire de la 3e session des assises de l’année judiciaire 2014 est un cas d’homicide volontaire pour lequel Souleymane Sow, un sexagénaire né en 1947, domicilié à Pikine Missirah, a été reconnu coupable. Il a été condamné à 10 ans de travaux forcés. D’après le procès-verbal de la Gendarmerie, les faits remontent au 26 avril 2007, quand le vieil homme s’est présenté, devant les éléments de la brigade de Thiaroye, après avoir escaladé le mur de la brigade. Armé d’un couteau, le sieur Sow a déclaré craindre pour sa sécurité, et soutenu avoir été agressé par des individus se trouvant dans le jardin du camp militaire de Thiaroye où il fait du maraîchage. Peu après, trois individus se sont présentés dans la brigade pour déclarer que Souleymane Sow venait de poignarder un individu en train d’agoniser.

Les gendarmes ont trouvé sur le lieu du crime le corps sans vie de Modou Diop, atteint au niveau du cou. Entendu en qualité de témoin, le nommé Ngagne Lo a déclaré avoir entendu un appel au secours, qui l’a poussé à rebrousser chemin vers son ami qu’il venait de quitter. Il l’a retrouvé presque mort. Il a ajouté avoir vu un individu escalader le mur de la brigade jouxtant la pépinière où gisait Modou Diop. Toujours selon le PV, le bâton que détenait la victime, les traces de lutte et le couteau tacheté concourent à en faire le principal suspect de ce meurtre. Sur la base de ces éléments, il fut interpellé.

Entendu, Souleymane Sow disait avoir  surpris la victime en train de déterrer des plants de tomate dans le jardin d’un prénommé Lamine. L’ayant interpellé, la victime lui a répondu avec arrogance, avant de lui asséner un coup violent de bâton à la tête, alors qu’il traversait le jardin. Selon lui, un autre lui a porté un coup sur le côté gauche. Et bien qu’ils aient voulu l’empêcher de s’enfuir, il a réussi à escalader le mur pour échapper à ses agresseurs. Toutefois, inculpé d’homicide volontaire, il a réfuté tous les faits qui lui sont reprochés, même s’il  reconnaît être  le propriétaire du couteau.

‘’Je n’ai rien à voir avec ce meurtre et on ne m’a jamais présenté le cadavre’’

A la barre, il a une nouvelle fois réfuté les faits, en se présentant comme un disciple de Ghandi et partisan de la non-violence. Il a démenti avoir escaladé le mur de la gendarmerie. Il affirme être entré par la grande porte. Ces propos ont fait sursauter l’avocat Général Alioune Ndao. ‘’Vous maintenez n’avoir jamais escaladé le mur de la Gendarmerie, ni être en possession du couteau entaché de sang, alors que le rapport de la Gendarmerie, ainsi que des témoins affirment le contraire ?’’ l’a sèchement interpellé l’avocat Général.

‘’Je maintiens mes propos monsieur l’avocat général. Je n’ai rien à voir avec ce meurtre et on ne m’a jamais présenté le cadavre’’, a-t-il rétorqué avec assurance. Avant d’ajouter qu’il est entré dans la Gendarmerie parce qu’il a eu peur et qu’il a paniqué, en voyant toute une foule se diriger vers lui. Et qu’au moment des faits, il était dans un état psychologique très vulnérable, parce qu’il venait de perdre deux de ses enfants. ‘’Quand, j’ai vu un groupe de personnes, j ai pris peur et je me suis refugié dans la brigade.‘’

Présenté dans l’enquête de personnalité comme un solitaire et un homme asocial qui vit en errance entre le marché Thiaroye et le Camp Thiaroye, Souleymane Sow se dit écœuré par ces accusations. ‘’Je n’ai jamais commis d’infraction et jusqu’à maintenant, personne ne m’a montré le couteau en question’’, a-t-il fulminé. S’appuyant sur le dossier d’accusation qui atteste d’une réelle volonté du prévenu de vouloir donner la mort, l’avocat général a réclamé 15 ans de travaux forcés en l’encontre de Souleymane Sow.

L’avocat de la défense, lors de son réquisitoire, a dénoncé un travail d’enquête mal fait par la Gendarmerie et de graves manquements. ‘’L’Enquête  comporte de grosses erreurs. Mon client a été présenté comme un être asocial et pratiquement un Sans Domicile Fixe (SDF), alors qu’il a même avoué exercer deux métiers : l’un comme gardien et l’autre comme métayer au camp Thiaroye.

Et l’accusation ne repose que sur les affirmations d’un témoin qui n’a jamais pu identifier de manière formelle le prévenu et n’a pas assisté au meurtre de visu. En outre, depuis l’instruction du dossier, aucune reconstitution n’a été menée sur les lieux du crime. En fin de compte, aucun n’élément objectif ne prouve la culpabilité de mon client, donc je demande la relaxe’’, a-t-il argumenté. Sur ces propos, la cour s’est retirée pour délibérer sur cette affaire. 

 

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