La Sûreté urbaine et le Bureau de lutte contre la criminalité partent en fumée

Une épaisse fumée noire s’élevait, samedi, du bâtiment du commissariat central de Dakar en flammes. Sapeurs et policiers se sont activés jusque tard dans l’après-midi pour éteindre l'incendie qui a ravagé l’aile gauche du vieil immeuble colonial, sis au cœur de la capitale.
Les départements de la Sûreté urbaine et du Bureau de lutte (BLC) contre la criminalité du commissariat central de la rue de Thiong sont partis, ce samedi, en fumée ! Le feu a pris vers 16h30 et s’est très vite emparé de l’aile gauche du building, obligeant les forces de l’ordre à assister, impuissantes, à l’embrasement de leur lieu de travail. Car les dossiers, PV et scellés rangés là, dans les bureaux en proie aux flammes, ont servi à nourrir un feu constant qui les a empêchées de pénétrer dans les lieux. Des torrents de fumée âcre et noire se sont déversés des fenêtres du bâtiment, enveloppant l’extrémité de la rue de Thiong et la clinique Casahous, en face du commissariat, dans un épais et suffocant brouillard.
Une foule de curieux, massée à chaque coin de rue environnant, observait les flammes, comme hypnotisée, mais sans en comprendre les tenants et aboutissants. Stationnés plus loin, des techniciens de la Senelec, appelés plus tôt pour couper le courant dans le secteur, restaient en faction près de leur véhicule. Eux non plus n'étaient pas plus au fait de l’histoire. Seuls les soldats du feu savaient réellement de quoi il retournait… Même du côté de la police, c’était le flou total : «Circulez ! On attend le porte-parole de la police, aucun d’entre nous ne parlera avant qu’il n'arrive !», criait l’un deux, stationné en scooter à la Place de l’Indépendance.
''...de nouveaux locaux, moins vétustes''
À l’intérieur du périmètre du commissariat pourtant, les langues des hommes en uniforme commençaient à se délier, avec des rumeurs plus folles les unes que les autres : on s’inquiétait, par exemple, du sort de la famille du commissaire, dont la résidence jouxte les locaux en feu et qui n’avait pas été évacuée ; on spéculait, ailleurs, sur le déroulement des affaires en cours, prises en charge par le BLC et dont les PV étaient, en ce moment même, réduits en cendres. Les plus sceptiques prédisaient même que les gardés a vue, qui avaient été évacués, dès le début de l’incendie, ne pourraient pas être déférés à temps, à cause de la perte des dossiers les concernant. Certains employés dudit bureau, murmurant entre eux, trouvaient même que la situation avait du bon. En plaisantant, ils disaient ''qu’au moins cela les forcerait (NDLR : leurs supérieurs) à construire de nouveaux locaux, moins vétustes''.
Arrivés une dizaine de minutes après le début du feu, les sapeurs-pompiers se sont activés parmi tout ce beau monde. Besogneux, ils ont méthodiquement aspergé la face Est du bâtiment du faisceau de deux jets d’eau sous haute pression sortant de deux gros tuyaux reliés à des camions citerne rouge. Étaient présents parmi eux des agents français donnant des directives à leurs collègues soldats du feu, plus tard, identifiés comme étant des coopérants venus prêter main forte à ce service. Vers 17h45, alors que ces derniers s’appliquaient à éteindre les dernières flambées, d’éminents officiels se sont massés au pied du commissariat sinistré. Le ministre de l’Intérieur, le préfet et le gouverneur de la capitale se sont longuement entretenus avec les hauts gardés de la police, parmi lesquels le commissaire central Tamsir Diakhaté, le Directeur de la sûreté nationale, et le porte-parole de la police plus tard arrivé sur les lieux.
À l'origine, ''une défectuosité de l'installation électrique''
Après un long conciliabule, le ministre est reparti à bord d’une grosse voiture noire sans faire de déclarations, mais les autres sont restés pour apporter leur soutien moral aux forces de l’ordre, dont le porte-parole qui s'est chargé de s'adresser à la presse. Selon le commissaire divisionnaire Alioune Ndiaye, ''il s’agit d’un incendie ayant embrasé le 1er étage du commissariat central en début d’après-midi et qui a été maîtrisé, sans qu’heureusement nous ayons, pour le moment, à déplorer un incident, une perte en vie humaine ou un dégât matériel important''.
Il a ajouté qu'une ''enquête sera faite pour en déterminer exactement la cause''. Toutefois, il s'est un peu avancé sur la cause et l'étendue des dégâts. ''À priori, on parle d’une défectuosité de l'installation électrique. Le feu aurait ainsi touché un magasin d’anciens registres de main courante, contenant des archives assez lointaines'', a laissé entendre le Chef du département des relations publiques de la police, en promettant un bilan de l’incendie pour les jours suivants.
Sophiane BENGELOUN
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