Publié le 15 Apr 2018 - 16:59
INTERDICTION DE COUPE DE BOIS EN CASAMANCE

Macky Sall invité à rétropédaler

 

Prise au lendemain du massacre de Boffa-Bayottes, l’interdiction de la coupe de bois en Casamance crée plus de problèmes qu’elle n’en résout, selon les acteurs du secteur qui est à genoux. Une solution d’urgence est demandée.

 

Avant les événements douloureux du 6 janvier dernier à Boffa-Bayottes qui ont fait 14 morts, les acteurs du bois éprouvaient déjà toutes les peines à se procurer du bois. Cette situation s’est nettement aggravée, depuis que le gouvernement a pris la mesure d’interdire toute coupe de bois en Casamance. Les initiatives entreprises depuis par l’Union des menuisiers du Sénégal (Ums) pour trouver une solution alternative et des ‘’mesures d’accompagnement’’ n’ont jusque-là pas eu les effets escomptés. Conséquence, la plupart des acteurs du bois se retrouvent aujourd’hui dans une situation de chômage. Ce secteur, de l’avis de Sadibou Bodian, le président de l’Ums, contribue pour une large part dans l’économie régionale. Selon lui, 90 % de la population est directement ou indirectement liée à l’activité agro-forestière. Ne pouvant plus supporter cette mesure, les acteurs du bois ont élevé la voix, hier à Ziguinchor, pour réclamer la levée de cette mesure ou tout au moins que des solutions alternatives soient trouvées le plus rapidement possible.

‘’Nous sommes conscients des dangers qu’encourent les exploitants forestiers, notamment dans la zone de Boffa-Bayottes. Mais nous n’avons pas le choix. Nous demandons la levée de cette mesure et la réorganisation rapide de l’exploitation forestière en Casamance’’, a proposé le représentant des menuisiers de la région Guy Faye Coly. Cette situation est encore plus difficile au niveau des scieries implantées dans la région. ‘’Nous souffrons atrocement. Rien ne bouge. Nous avons pris des engagements et contracté des dettes dans les banques.

Nous ne pouvons plus honorer ces engagements’’, regrette Ibrahima Diédhiou qui s’exprimait au nom des responsables des scieries. Le président de l’Union des menuisiers du Sénégal déplore le fait que même le bois exploité à Tambacounda soit interdit d’accès en Casamance. ‘’Nous sommes obligés, avec tout ce qui existe comme tracasseries administratives, de nous rendre à Dakar ou à Kaolack pour trouver la matière. Nous avons faim. Nous voulons vivre. L’hivernage approche, les populations ont toutes les peines pour se procurer des planches pour leurs charpentes’’, fulmine Sadibou Bodian qui demande qu’une rencontre avec les autorités de tutelle soit vite organisée, pour qu’une solution définitive soit trouvée.

En attendant, Fabacary Sané, le président de la Chambre des métiers de Ziguinchor, plaide pour l’installation d’une centrale de stock et de vente de bois dans la capitale méridionale du  pays.

HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)

Section: