Publié le 2 Oct 2014 - 05:14
KEDOUGOU- MAMADOU DOUDOU DIALLO TUE PAR UN GARDE PENITENTIAIRE

Bavures à la chaîne

 

La mort du Mamadou Doudou Diallo tué par balle par le garde pénitentiaire Salif Diouf questionne sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application des lois. La SIDH condamne une bavure de plus.

 

La mort du détenu Mamadou Doudou Diallo, le 27 septembre à Sinthiou Roudié, à quelques kilomètres de Kédougou, fait tâche. D’autant qu’elle intervient après le meurtre de Bassirou Faye, atteint par balle réelle à la tête le jeudi 14 août 2014, à l’Ucad et dont l’enquête piétine. Cette mort, selon la section sénégalaise de la Société Internationale pour les droits de l’Homme (SIDH/Sénégal), met à nu ‘’la gestion des bavures des agents d’application des lois’’.

L’organisation en veut pour preuve ces cas : Cheikh Maleyni Sané, décédé le samedi 30 novembre 2013, à la prison de Rebeuss, suite à des sévices corporels ; Ibrahima Samb, âgé de 18 ans, mort des bavures policières, dans la nuit du  18 au 19 octobre 2013, à Mbacké ; Caporal du Groupement des Sapeurs-Pompiers,  Chérif  Ndao, âgé de 36 ans, mort le 6 décembre 2013 des suites de  sévices corporels qu’on lui a infligés lors de manœuvres militaires dans un centre de formation à Thiès ; Antoine Robert Sambou, torturé à mort par des éléments militaires en faction à Elinkine en Casamance, le 09 juillet 2013 ; Ousseynou Seck, mort le 21 février 2012 à la suite de torture et de traitements cruels par la Police de Grand yoff ; Kékouta Sidibé, âgé de 49 ans,  cueilli chez lui, le 11 août 2012,  brutalisé, ligoté, battu à mort dans sa chambre par cinq (5) gendarmes de la brigade de Kédougou. La liste n’est pas exhaustive.  

Dans tous ces cas, les forces de sécurité ont failli à leur ‘’rôle essentiel de protection du droit à la vie, de la liberté et de la sécurité de la personne, garanti dans la Déclaration universelle des droits de l'Homme’’, selon la SIDH. En outre, ces morts brutales et inhumaines sont symptomatiques de ‘’l’insuffisante volonté des autorités publiques et judicaires à combattre l’impunité quand des agents d’application de la loi sont indexés par le caractère inachevé des procédures enclenchées’’. La SIDH regrette que les enquêtes ne soient pas menées à terme et à bien. ‘’L’enquête est  ouverte, mais ne bouge pas (…) ; au bout quelques mois, les inculpés bénéficient de la liberté provisoire pour des crimes de torture’’, dénonce-t-elle.

Alioune Tine dénonce ‘’une utilisation inappropriée d’arme à feu’’

De ce fait, la SIDH, par l’entremise de son président Me Ousseynou Faye, condamne cette bavure du garde pénitentiaire Salif Diouf qui a tiré à balle réelle sur Mamadou Diallo. Le Comité sénégalais des droits de l’Homme (CSDH) embouche la même trompette. Le président Alioune Tine constate, dans ce cas d’espèce, une utilisation inappropriée d’arme à feu, en violation des règles minima pour le traitement des détenus qui prévoit les circonstances dans lesquelles les fonctionnaires de l’administration pénitentiaire peuvent avoir recours à la force dans l’accomplissement de leurs fonctions (Principe 4).

Pour rappel, le détenu jouissait de la confiance de l’institution, ce qui lui procurait une certaine liberté de mouvement. Il était également à quelques mois de la fin de sa peine. ‘’Hélas ! Il avait violé ce pacte de confiance en s’évadant. Il sera retrouvé. Surpris, il a tenté de fuir et a été abattu’’, regrette Me Faye qui demande à l’Etat de renforcer les moyens d’intervention de l’Observateur National des Lieux de Privation de la Liberté (ONPL) et du juge d’Application des peines. L’avocat considère que leur présence fréquente dans les prisons, brigades de gendarmerie et commissariats, sera dissuasive contre la torture ou les mauvais traitements.

Gaston COLY

 
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