Publié le 11 Apr 2020 - 00:03
LA FAMILLE ROYALE SAOUDIENNE DUREMENT TOUCHEE PAR LE CORONAVIRUS

Le pèlerinage 2020 plus que jamais menacé 

 

Après que la Umrah et les procédures d’enregistrement des voyageurs ont été suspendues, l’officialisation de l’annulation du hajj 2020 pourrait survenir à tout instant, maintenant que 150 membres de la famille royale ont été infectés à la Covid-19.

 

C’est le site d’information ‘’The New York Times’’ qui a fourni, hier, l’information. Selon le média américain, 150 membres de la famille royale saoudienne sont touchés par la Covid-19, dont le gouverneur de la capitale Riyad, Faysal ben Bandar ben Abdelaziz Al Saoud, qui se trouve aux soins intensifs. Et les médecins du King Faisal Specialist Hospital, l'hôpital d'élite qui traite les membres du clan Al-Saud (au pouvoir) préparent jusqu'à 500 lits pour un afflux attendu d'autres membres de la famille royale et de leurs proches, selon une ‘’alerte élevée’’ interne envoyée par les responsables de l'hôpital, document dont le journal a eu une copie.

La famille royale comprend des milliers de princes, dont beaucoup voyagent régulièrement en Europe. Certains auraient ramené le virus, selon des médecins et des proches.

Plus de six semaines après que l’Arabie saoudite a signalé son premier cas, le coronavirus fait peur au cœur de la famille royale saoudienne. Le roi Salman, 84 ans, s'est isolé, pour sa sécurité, dans un palais insulaire, près de la ville de Jeddah, tandis que le prince héritier Mohammed bin Salman, son fils, s'est retiré avec une bonne partie de ses ministres dans un site où il a promis de construire une ville futuriste connue sous le nom de Neom. Quarante-et-un décès dus au coronavirus et 2 795 cas ont été confirmés. Mais tout en implorant les résidents de rester chez eux, les responsables de la santé saoudiens ont averti mardi dernier que l'épidémie ne faisait que commencer. Le nombre d'infections au cours des prochaines semaines "ira d'un minimum de 10 000 à un maximum de 200 000", a déclaré le ministre de la Santé Tawfiq al-Rabiah, selon l'agence de presse officielle saoudienne.

Dans ce contexte, tous les esprits convergent vers le grand pèlerinage ou hajj. Prévu initialement du mardi 28 juillet au dimanche 2 août, les autorités saoudiennes avaient demandé, le 1er avril dernier, aux musulmans qui avaient prévu d'effectuer l’édition 2020 de repousser leur réservation. Ryad a commencé à restreindre les voyages en Arabie saoudite et à suspendre les pèlerinages vers les Lieux saints de l’islam - La Mecque et Médine - avant même que le royaume n'ait signalé son premier cas, le 2 mars. Les autorités ont maintenant interrompu tous les voyages aériens et terrestres vers ou depuis ses frontières et entre les provinces intérieures. Elles ont placé toutes les grandes villes sous un verrouillage strict de 24 heures, ne permettant que de courts trajets vers les supermarchés ou les pharmacies les plus proches. Elles ont souligné aussi être susceptibles d'annuler le pèlerinage annuel du pèlerinage prévu pour cet été.

Maintenant que le coronavirus touche la famille royale, cela devient un problème urgent.

PR. ABDOU AZIZ KEBE, DGP

‘’Les autorités saoudiennes prendront la bonne décision’’

A niveau de la Délégation générale au pèlerinage, l’on fait confiance aux responsables de l’organisation du pèlerinage aux Lieux saints de l’islam. Aux yeux du délégué général Abdou Aziz Kébé, toutes les mesures que les Saoudiens prendront pour contrer la pandémie du coronavirus, le seront dans l’intérêt des musulmans du monde. Entretien.  

Comment réagissez-vous aux révélations sur plus de 150 membres de la famille royale saoudienne infectés au coronavirus ?

Je viens de l’apprendre de vous-même. Si tel est le cas, nous leur souhaitons prompt rétablissement et prions Allah pour que cette pandémie soit arrêtée sans plus de victimes parmi les malades.

Est-ce que cette nouvelle donne menace encore plus la tenue du pèlerinage 2020 aux Lieux saints de l’islam déjà suspendue jusqu’à nouvel ordre ?

Les autorités saoudiennes sont très responsables et ont toujours fait montre d’un extrême sérieux relativement au hajj. D’année en année, nous sommes témoins des efforts louables qu’elles fournissent pour une amélioration de l’organisation du hajj et pour épargner les pèlerins des contraintes qui ne sont pas nécessaires. Elles ont des structures scientifiques et religieuses très compétentes et mondialement reconnues pour prendre toute disposition utile et nécessaire, le cas échéant.

Quelle est la situation au niveau de la Délégation générale au pèlerinage ?

La DGP (Délégation générale au pèlerinage) avait commencé à mettre en place le dispositif pour le pèlerinage 2020. Aujourd’hui, avec cette donne de suspension des activités contractuelles et avec les mesures barrières face à la Covid-19, tout est suspendu jusqu’à nouvel ordre. Cependant, nous travaillons avec les organisations privées à poursuivre et à finaliser la réforme initiée depuis 2016 sur les instructions et la vision de Monsieur le Président de la République Macky Sall. En entente avec les voyagistes, nous avons mis en place une cellule de réflexion chargée de nous faire des propositions sur la question des regroupements, de l’homologation des prix, de la révision du cahier des charges, de la gestion de cette période de transition.

Selon vous, quelle est la meilleure chose à faire ?

La meilleure chose, c’est de faire confiance aux autorités de la République, de respecter leurs directives, de les accompagner dans ce moment de crise. C’est donc, comme l’a demandé le chef de l’Etat, à travers la déclaration du ministre des Affaires étrangères, de s’abstenir d’enregistrer les pèlerins et de ne pas collecter l’argent des pèlerins. Rester dans le cadre tracé par l’Etat du Sénégal, c’est la meilleure chose à faire et nous y travaillons avec les partenaires.

Sur le dernier communiqué publié sur votre page Facebook, où en sont les réformes que vous vouliez proposer au gouvernement ?

Depuis 2016 que le chef de l’Etat nous a fait confiance, nous avons franchi des pas, de concert avec les privés, avec des hauts et des bas. Mais avec des résultats aussi modestes soient-ils. Dans le modèle de privatisation, nous avons voulu donner corps à la vision de Monsieur le Président de la République de confier l’organisation du pèlerinage aux privés, autour de 20 grandes entités. Nous avons travaillé sur ce schéma et aujourd’hui, nous avons 25 grands groupements.

Nous sommes en train de finaliser les outils de gestion et de régulation de ces groupements, toujours de concert avec les privés. Des propositions de protocole ont été faites. Cette fois-ci, la DGP va avoir un contrôle plus régulier sur le management des groupements afin d’aider à aplanir les difficultés avant qu’elles ne s’accumulent pour devenir contentieux. Pour une meilleure organisation et pour une meilleure rationalisation, nous avons établi le principe de l’homologation des prix et tendons vers une unité de site et d’offres pour un même regroupement par rapport à une même catégorie.

Grâce au nouveau cahier des charges, la majorité des pèlerins voyagent par vol charter direct plus reposant. De même, le temps de séjour en Arabie saoudite est réduit, ce qui est aussi un gain pour le pèlerin. Grâce à la commission de conciliation et de médiation que nous avons mise en place, nous avons drastiquement réduit le nombre de contentieux, et le contentieux judiciaire est quasi nul. Enfin, nous avons inscrit le pèlerinage dans une dynamique de communauté, la communauté du hajj, afin que la confrontation ne soit plus la règle, mais la concertation.

Y a-t-il du sérieux dans les allégations selon lesquelles le ramadan pourrait être reporté, en raison de la pandémie ?

Le ramadan ne peut être reporté. Il n’est pas une activité collective qui demande un rassemblement. La seule pratique qui nécessite un rassemblement, pendant ce mois, ce sont les ‘’nâfila’’, les ‘’tarâwîh’’. Or, ce ne sont pas des obligations, mais une sunna confirmée. Et l’on sait que pour des raisons de santé publique, les mosquées, y compris les 2 saintes mosquées, sont aujourd’hui fermées. Cependant, la prière est bien effectuée, les fidèles la pratiquent chez eux et c’est tout aussi valable. Compte tenu de tout cela, le ramadan sera observé dans les mêmes conditions.

En revanche, comme toujours, il en a été le cas, le ramadan est déconseillé aux malades, comme dit le Coran, aux voyageurs aussi. Si donc le médecin estime que tel ne peut supporter le ramadan ou que sa maladie pourrait empirer avec le ramadan, ce dernier ne doit pas jeûner. Si le médecin estime que telle pratique est nuisible à la santé de l’individu, cette pratique doit être évitée par l’individu. Car la priorité est à la vie en bonne santé.

LAMINE DIOUF

Section: