Publié le 9 Oct 2019 - 18:22
LE REACTEUR DROIT DU B767-300 EN FEU APRES DECOLLAGE

Ethiopian Airlines frôle une seconde tragédie 

 

Après le crash le plus meurtrier de son histoire en mars dernier (157 morts), la compagnie aérienne Ethiopian Airlines a frôlé le pire, hier, à l’aéroport international Blaise Diagne de Diass (Aibd).

 

Que s’est-il passé avec l’appareil B767-300 d’Ethiopian Airlines, hier ? A-t-on échappé de justesse à son crash quelques minutes après son décollage du tarmac de l’Aibd ? Peut-être bien ! Mais plus de peur que de mal pour les 91 passagers qui devaient rejoindre Addis-Abeba via Bamako. La compagnie aérienne éthiopienne a sorti un communiqué hier, en expliquant ‘‘un problème technique’’ qui a fait faire à l’appareil un demi-tour quelques minutes après le décollage de l’aéroport international de Diass.

‘‘L’avion immatriculé ET-AMG et numéro de vol ET908, assurant un service régulier de Diass (Sénégal) en route pour Addis-Abeba (Éthiopie) via Bamako (Mali) le 8 octobre 2019, est retourné vers le même aéroport (Diass, Sénégal) en raison d’un problème technique. Nous nous excusons auprès de nos chers clients qui étaient à bord du vol pour les désagréments occasionnés. Tous les passagers sont redirigés sur des vols alternatifs. Encore une fois, nous nous excusons auprès de tous nos clients estimés qui ont été touchés par l’incident’’, s’est avancée la compagnie aérienne.

Un communiqué qui a inhibé certains détails, au vu du témoignage d’un passager sur les ondes de la Sud Fm hier : ‘‘Tout de suite au décollage, on a entendu un gros bruit. Il y a eu une explosion de la climatisation intérieure avec les nuages et tout de suite une perte de pression dès le décollage. Le pilote a continué la montée parce que, de toute façon, dès que vous commencez à monter, vous ne pouvez plus vous reposer, pour certainement entamer des formalités pour se poser, parce qu’il y avait vraiment un problème technique’’, a-t-il avancé avant de poursuivre, péremptoire : ‘‘Ensuite, il a fait ses manœuvres, on a survolé la cimenterie de Pout (région de Thiès). Je pense qu’il y a eu un dysfonctionnement majeur de la part d’Ethiopian et aussi un dysfonctionnement par rapport à la communication avec l’aéroport, parce que le pilote a fait plusieurs fois appel à la tour de contrôle, en vain. On sentait la peur à travers sa voix.’’

Le passager est convaincu que le pire a été évité et a déploré la piètre condition matérielle de l’appareil.  ‘‘Nous venons d’échapper quasiment à un crash à l’aéroport Aibd à bord d’un vol Ethiopian Airlines. Dès les formalités d’embarquement à l’intérieur, j’étais surpris par la qualité de l’avion et j’ai interpellé les stewards. Je leur ai dit que j’ai pris plusieurs appareils d’Ethiopian, mais c’est la première fois que je vois un avion de si piètre qualité. Parce que, d’une part, au niveau des bagages, il est impossible de mettre des bagages et, ensuite, quand on s’essayait au siège, ça basculait. C’est vraiment du n’importe quoi’’, a déploré sur les ondes du journal de la Sud Fm un des passagers qui avait embarqué dans l’appareil. La compagnie évite de ce fait une seconde tragédie dans la même année 2019, après celle survenue le 10 mars dernier. Le vol 302 d’Ethiopian Airlines reliant Addis-Abeba, capitale de l'Éthiopie, à Nairobi, celle du Kenya, s’est crashé six minutes après son décollage, avec les 157 occupants de l’appareil tués sur le coup. Ce qui en a fait l’accident le plus meurtrier de l’histoire de cette compagnie pourtant présentée comme le fleuron de l’aviation civile africaine. Cependant, ce sont plutôt les défaillances de conception du Boeing 737 Max 8 qui ont été pointées du doigt.

Tidiane Tamba : ‘‘Heureusement que le plan d’urgence de l’Aibd a fonctionné’’

Hier, une partie des 91 passagers ont été redirigés et ont voyagé par Emirates et le reste voyage ce matin par vol normal de 8 h 20. Mais, du côté de l’aéroport Blaise Diagne de Diass, on se félicite plutôt de la réactivité et de l’efficacité du plan d’urgence devant cet incident inattendu. ‘‘Heureusement que le plan d’urgence de l’Aibd a fonctionné. C’est performant. En tout cas sur ce coup. Et ça a pu sauver 91 vies plus l’équipage. Si on a évité un drame, c’est parce qu’on a su réagir et circonscrire l’incident le plus rapidement, en immobilisant l’appareil’’, s’est réjoui le chef du Département des relations publiques et de la communication de l’aéroport Aibd, Tidiane Tamba.

Contacté dans la soirée par ‘’EnQuête’’, il a souligné que la gestion de crise a été non seulement diligente, mais l’incident n’a pas perturbé le trafic aérien à une heure ‘‘où beaucoup d’appareils décollent et atterrissent’’. D’après le récit de M. Tamba, l’avion a décollé à 8 h 19 quand l’agent de contrôle de l’aéroport a signalé à la tour de contrôle deux boules de feu sur le réacteur droit, et à 8 h 27, l’aéronef est amené à se poser sur la piste 19. ‘‘Les sapeurs-pompiers l’ont escorté et l’ont immobilisé sur la voie de circulation A4. Ils ont déployé leur matériel et projeté de la mousse sur le réacteur qui dégageait de la fumée jusqu’à extinction des flammes. A la fin de l’intervention, l’aéronef a été tracté à la position 14-2 J2 (positionnement de parking)’’, s’est réjoui M. Tamba.

Une action rendue possible grâce aux quatorze sorties d’avions qui ont évité tout encombrement dans l’organisation des secours. ‘‘Quand un appareil comme ça atterrit, pour le sortir de piste, il faut avoir une voie où parquer l’avion. Aibd est équipé pour ce genre d’incident. Lorsqu’un appareil sort de la piste, on peut le mettre sur quatorze positions qui ne soient pas sur la piste dégagée. L’avion est sauf et finalement tous les passagers sont descendus et emmenés à la salle d’embarquement’’, a-t-il conclu.  

OUSMANE LAYE DIOP

 

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