Publié le 8 Feb 2024 - 13:50
LUTTE CONTRE LES MTN

Les défis à relever

 

Pour Mamadou Diagne, le président de l'Association sénégalaise de lutte contre la lèpre et les maladies tropicales négligées (AS2L-MTN), il y a des efforts qui ont été faits dans le cadre de la lutte contre ces affections, mais aussi des défis à relever.

 

La communauté internationale a célébré la 4e édition de la Journée mondiale de lutte contre les maladies tropicales négligées (MTN). Une occasion saisie par le président de l'Association sénégalaise de lutte contre la lèpre et les maladies tropicales négligées pour faire le bilan du combat contre ces maladies, mais aussi s’avancer sur les perspectives.

Mamadou Diagne appelle chacun à soutenir l’élan grandissant pour le contrôle, l'élimination et l'éradication de ces MTN. ‘’Le Sénégal a franchi le seuil d’élimination de plusieurs maladies tropicales négligées (MTN) fixé par l’Organisation mondiale de la santé. Des pas importants ont été franchis, permettant ainsi de mettre sous contrôle ces maladies tropicales négligées. Cependant, nous constatons des indicateurs parlants. Il s’agit du nombre d’enfants et de MB chez les nouveaux cas de lèpre, mais surtout et également du taux des infirmités de grade 2. Ce qui montre effectivement un dépistage tardif de la maladie, mais aussi de la difficulté pour certains malades d’accéder aux soins spécifiques. Cette situation nous interpelle tous’’, lance-t-il.

Le médecin de poursuivre : ‘’Dans un contexte où il existe toujours des zones endémiques de ces maladies tropicales négligées, il nous semble aujourd’hui important de renforcer la collaboration intersectorielle pour une remobilisation nationale, en vue de poursuivre les efforts tant menés par le Ministère de la Santé et de l’Action sociale, à travers le Programme national de lutte contre les MTN, avec le soutien des communautés et des partenaires techniques et financiers, en vue d’un changement social et comportemental. À ce titre, les activités liées à la prévention, à la sensibilisation, à la communication et au dépistage associées aux traitements de masse doivent être une priorité’’.

D’autant qu’il note que les temps ont changé. ‘’Hier, la personne atteinte de MTN était source de doute, de suspicion et de mépris, pour seulement avoir été handicapée de MTN. Et si, à un moment donné, elle avait perdu l’espoir, elle est aujourd’hui fière, du fait qu’elle peut devenir actrice de développement social inclusif. Les lois et règlements permissifs en matière de discrimination contre les personnes touchées doivent être abrogés ou modifiés sans délai et remplacés par des règlements et des cadres de politiques positives qui facilitent l’inclusion des personnes touchées dans la communauté’’.

1,7 milliard de personnes souffrent d’une MTN

Selon Mamadou Diagne, ‘’une attention particulière devrait être accordée aux populations vulnérables, notamment les femmes, les enfants et les personnes âgées.

Selon les estimations de l’OMS, 1,7 milliard de personnes souffrent d’une MTN et 3 à 4 millions de personnes vivraient avec une incapacité physique causée par les MTN et potentiellement un plus grand nombre souffrirait de stigmatisation et d’exclusion sociale. Les effets sociaux, émotionnels et économiques des MTN sont sans doute un fardeau plus lourd à porter que la maladie elle-même.

En effet, le président de l'Association sénégalaise de lutte contre la lèpre et les maladies tropicales négligées souligne que les personnes touchées par les MTN ont besoin d’accéder à des services de réadaptation intégrés et communautaires axés sur l’atténuation des effets et des déficiences, la création de moyens de subsistance et l’optimisation de l’inclusion dans la communauté. ‘’L’accès aux droits sociaux et à d’autres mesures de protection sociale, poursuit-il, est également essentiel pour réduire les conséquences socioéconomiques négatives et garantir des soins appropriés aux personnes âgées vivant avec une incapacité liée aux MTN. La loi 76 03 du 25 mars 1976 et son décret d’application relative au traitement de la lèpre et au reclassement social des lépreux guéris et mutilés qui vient d’être abrogée par le président de la République sous le n°2004 du 13 juin 2023, illustre bien la volonté de l’État du Sénégal de rétablir les droits des communautés vivant dans ces désormais ex-villages de reclassement social’’.

D’après lui, cet aboutissement, qui est la suite d’un long processus entamé depuis une vingtaine d’années, qui leur accorde le droit commun et qui doit leur donner la place attendue au sein des collectivités territoriales, doit cependant être accompagné par des mesures fortes de réhabilitation de ces communautés pour faire de cette abrogation une réalité au profit d’une grande partie de ces populations qui portent encore les stigmates de la maladie.

CHEIKH THIAM

Section: