Publié le 23 Apr 2014 - 14:22
MAURITANIE

Mort suspecte d'un prisonnier sénégalais 

 

Abdoul Lakhat Ndour, la vingtaine, détenu depuis octobre 2013 à la maison d’arrêt de Sélibaby, a rendu l’âme lors de son évacuation sur Nouakchott. Ses compatriotes parlent de torture et exigent une autre autopsie.

 

Condamné à un an de prison pour vol, Abdoul Ndour purgeait sa peine à la maison d’arrêt de Sélibaby. Le mardi 15 avril dernier, il a informé un de ses amis venu lui rendre visite qu’il souffrait de douleurs au niveau du thorax. Informé, le régisseur a saisi le procureur de la République près du tribunal régional de Sélibaby. Le dimanche 20 avril, l’état du détenu sénégalais s’étant aggravé, le procureur a ordonné son évacuation sur Bakel. 

Devant le refus des proches du détenu exigeant son transfert sur Nouakchott, le malade a finalement été évacué le lundi 21 avril dans la matinée. Malheureusement, il a rendu l'âme après 70 km de route, à hauteur de Garfa. Par la suite, la dépouille a été retournée à Sélibaby où les responsables sénégalais ont informé le préfet de Bakel qui a saisi le gouverneur de Tambacounda. À son tour, le gouverneur a informé l’ambassade du Sénégal à Nouakchott. 
 
Le jeune Sénégalais était incarcéré, depuis octobre 2013, pour le vol d’un montant de 800 000 F CFA. Abdoul Ndour avait été arrêté par la gendarmerie d’Agoynit, dans la commune d’Ajarr (Sélibaby), lors d'un voyage à l’intérieur du pays. L’argent volé appartenait au chauffeur du véhicule dans lequel il avait pris place. Selon les témoins, le chauffeur avait fait tomber l'argent, en descendant du véhicule. Ayant ramassé le magot, sans être vu, Abdoul s'était gardé de rendre l'argent.
 
Un poste de contrôle plus loin, les gendarmes découvrirent l'argent lors d’une fouille corporelle. Soumis à un interrogatoire, il tenta de fuir. Mais, il fut vite rattrapé et gardé au poste. Peu de temps après, ayant constaté la disparition de son argent, le chauffeur vint faire une déclaration. Et heureux d'avoir récupéré son argent, il demanda aux gendarmes de le libérer. Mais, ils le déférèrent au parquet. Le jeune homme fut jugé en novembre et condamné. 
 
Toutefois, le doute subsiste quant à la cause du décès. Les membres de la communauté ayant accompagné la dépouille d’Abdoul Ndour témoignent qu'aucun d'entre eux ne l’a vu à l’hôpital de Sélibaby. Les médecins leur ont déclaré qu’il était dans un profond coma et qu’il était en réanimation.
 
Ils émettent des doutes sur la mort de leur compatriote. Pour certains, Abdoul Lakhat Ndour est mort, à la suite de tortures. Cette thèse se heurte au constat d'un médecin de l’hôpital de Nouakchott qui parle d'une mort naturelle. Ce que réfutent les Sénégalais qui soutiennent que ce dernier n’est pas un médecin légiste. 
 
A l’ambassade du Sénégal, on renseigne que ''l’autopsie'' a été ordonnée en leur présence et que les autorités compétentes mauritaniennes ont accepté une contre-expertise souhaitée par la partie sénégalaise.
 
Car, des sources proches de la maison d’arrêt à Sélibaby révèlent que plusieurs détenus vivent le calvaire dans cette prison où certains perdent facilement la vie, à la suite de sévices. Mais, l'opération n’a pas été faite. Toutefois, l’ambassade du Sénégal soutient avoir saisi les autorités mauritaniennes par écrit, pour que toute la lumière soit faite sur la mort du détenu sénégalais. 
 
Aux dernières nouvelles, il a été décidé de rapatrier la dépouille à Thiès auprès de sa famille qui vit dans le quartier de Médina Fall (Gouye drapeau). 
 
IBOU BADIANE, CORRESPONDANT EN MAURITANIE
 

 

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