Publié le 2 Mar 2015 - 23:11
NUIT DU NGOYANE AU GRAND THEATRE

Saloum Dieng honoré

La nuit du ‘’Ngoyane’’ organisée par l’association Tàkku liguéy Saloum a tenu toutes ses promesses. Les Saloum Saloum venus en grand nombre dans une salle pleine à craquer ont été servi les belles sonorités de cette musique traditionnelle du Saloum. Plus de 15 groupes se sont succédé sur la scène avec une trentaine de morceaux joués.

 

Les chanteurs du mbalax, hip hop et autres qui avaient conquis la mythique salle du Grand Théâtre (GT) pour en faire  leur chasse gardée depuis sa création, il y a de cela quelques années, ont désormais un nouveau concurrent : il s’agit des ‘’experts’’ du Ngoyane. Cette musique, originaire du Saloum et qui existe depuis plus de 80 ans, a enflammé le Grand Théâtre la nuit du samedi passé, sous la houlette de l’association tàkku liguéy Saloum. Pour mieux montrer les origines de cette musique, un film retraçant son historique a été projeté.

Le doyen Saloum Dieng, l’un des précurseurs de cette musique, a été décoré lors de cette première édition. Les Saloum Saloum vivant dans la capitale sénégalaise, ainsi que les amoureux de cette musique, ont été servis. Pendant plus de 4 tours d’horloge, plus de 15 groupes et pas moins d’une trentaine d’artistes se sont succédé sur la scène. L’on pouvait noter les passages d’Ami Socé de Ndoffane, Mariama Ngom de Sokone, Fatou Seck de Kaffrine, Ibou Diouf de Lat Mengué, Sali Mbaye de Médina etc. La salle du Grand Théâtre pleine comme un œuf  a donc  vibré au rythme du Ngoyane.

La particularité de cette musique est qu’elle se fait avec quatre instruments traditionnels de chez nous : le Tam Tam, les calebasses, le xalam, en plus du piano. C’est vers les coups de 23h que la soirée a commencé pour prendre un envol électrique qui ne descendra que vers les coups de 3h du matin. Pendant ce temps, tous les artistes originaires des localités précédemment citées ont rivalisé d’ardeur entre belles voix, louanges et autres habillements.

Le pic de l’ambiance a été atteint avec les prestations d’Ami Socé de Ndoffane, Diama Mbaye avec sa chanson fétiche ‘’ndamélo ciré’’et Sali Mbaye de Médina Sabakh. La salle a été mise sens dessus dessous. Difficile de retenir les Saloum Saloum et autres mélomanes, qui n’hésitaient pas à esquisser des pas de danse. Histoire de montrer leurs talents de danseurs. Partout, on criait, on applaudissait, on dansait on chantait, on se déchaînait. La soirée prendra fin vers les coups de 3h du matin… Il faut aussi signaler que durant cette soirée, l’argent a circulé et à flot. Le parrain de la soirée en la personne de Saloum Dieng et la trentaine d’artistes submergés de liasses de billets ne diront pas le contraire. Le procédé était simple, chacun attendait que sa chanteuse passe, pour se rapprocher et montrer sa puissance financière.

Seules fausses notes, la soirée a été longue. Ce qui fait que les derniers à monter sur scène ont été obligés de jouer devant une salle vide et de jouer un seul morceau. A cela s’ajoute l’absence remarquée de la chanteuse Khady Mboup qui est en train de faire du tabac dans les boîtes de nuit dakaroises. Sa non-participation à la soirée serait liée à un problème de cachet, selon nos sources.

Les personnalités originaires des régions de Fatick, Kaolack n’ont pas manqué le rendez-vous. Le gouvernement a été représenté par le ministre Serigne Mbaye Thiam, le secrétaire général du gouvernement Abdou Latif Coulibaly, le ministre conseiller Assane Diop, sans oublier l’ancien premier ministre sous Wade, Souleymane Ndéné Ndiaye. Du côté des artistes, Thione Seck, Baaba Maal, et Simon Sène ont fait acte de présence.

A l’origine d’une musique méconnue par la jeune génération

Le Ngoyane, cette musique originaire du Sine saloum existe il y a de cela plus de 80 ans, de l’avis d’El hadji Saloum Dieng, parrain de la nuit du Ngoyane et par ailleurs un des précurseurs de cette musique traditionnelle. ‘’Ngoyane’’ n’est pas le nom d’une personne mais d’un village situé à Médina Sabakh, une localité de la région de Kaolack. Cette musique aurait commencé à être chantée avant les indépendances.

‘’En 1945, je chantais déjà et à l’époque, j’avais déjà trouvé sur place cette musique. C’est une personne du nom de Samba Dieng qui a créé ce village (Ngoyane). C’est dans cette zone que se trouvent ses origines, mais de nos jours, cette musique est transportée dans la sous région’’, a témoigné le vieux Saloum Dieng qui a fait pleurer plus d’un quand le public lui réclamait de chanter à nouveau son chef d’œuvre : ‘’Mbeuguél’’. Présentement, ce sont les Sali Mbaye et Mari Ngom  qui ont la lourde charge de faire retrouver au  Ngoyane son lustre d’antan.

Pour ne pas laisser disparaître cette musique qui est en de bonnes mains, de l’avis de Kéba Ba, le président de l’Association Takku Soukhali Saloum, il faut qu’elle soit soutenue par les autorités afin de lui rendre la place qu’elle mérite dans le secteur de la musique. A signaler aussi que cette musique douce et berceuse a tendance à se métamorphoser depuis l’avènement massif des tam-tams qui changent complètement son charme.

CHEIKH THIAM

 

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