Publié le 29 Sep 2014 - 21:32
PLANIFICATION FAMILIALE

Tivaouane s’oppose aux méthodes modernes

 

La capitale de la Tidjania s’est opposée aux méthodes modernes de la planification familiale et opte pour celles islamiques. L’annonce a été faite samedi au cours d’une table ronde sur cette stratégie de lutte contre la mortalité maternelle.

 

L’Initiative sénégalaise de santé urbaine (ISSU) va certainement revoir son approche sur la planification pour mieux convaincre les religieux.  En tout cas dans la capitale de la Tidjania (Tivaouane), les religieux ont rejeté les méthodes modernes de cette pratique qu’ils jugent importée. ‘’On n’est pas d’accord sur la méthode. 

Il n’y a pas plus grave chez la femme que de renoncer à donner naissance alors qu’elle peut le faire. Pourquoi acceptons-nous tout ce que nous donnent les occidentaux. Des gens font des implants, utilisent des stérilets  ou des pilules du lendemain(…) pour ne pas donner la vie. Nous n’acceptons pas cela. Nous sommes pour la planification islamique’’, a dit Cheikh El Hadji Malick Sy ibn Mbaye Sy. C’était à l’occasion d’une table ronde présidée par Serigne Mbaye Sy Abdou, organisée samedi par le Réseau Islam et Population sur ‘’La Planification familiale selon la charia et la sounna’’, dans l’enceinte de la Zawiya Seydil Hadji Malick Sy (RTA) de Tivaouane.

Selon le petit fils de Maodo, il est important d’attirer l’attention de la population sur les déviations de la planification familiale. ’’Les méthodes modernes causent d’énormes problèmes. Auparavant, après l’accouchement d’une femme, elle allait vivre  chez ses parents pour allaiter son enfant pendant deux ans. Maintenant, on veut nous imposer des méthodes importées, nous sommes contre cela’’, a-t-il insisté. Embouchant la même trompète, Moustapha Sy (il ne s’agit pas du guide des Moustarchidines) a souligné que la planification islamique se faisait avant. ‘’Comment peut-on demander à quelqu’un d’interrompre un don de Dieu ? Ce n’est pas Malthus qui nous guidera’’.

Tivaouane déplore l’image de sa mosquée sur les dépliants du ministère de la Santé

Toutefois, ces guides religieux ont conseillé d’éviter les naissances rapprochées qui  peuvent engendrer des problèmes sanitaires à la mère. ‘’La femme doit éviter les naissances rapprochées pour être bien médicalement et physiquement’’, a soutenu Cheikh El Hadji Malick Sy.

Cependant, la cité de Maodo a déploré le fait que la photo de leur mosquée se retrouve sur les dépliants d’ISSU. ‘’On n’a pas aimé le fait que le ministère de la Santé ait utilisé notre mosquée pour faire la photo de fond de ses dépliants. Nous avons l’impression qu’il voulait faire passer un message en utilisant l’image de Tivaouane pour le légitimer. Ça ne passera pas’’, a dénoncé le marabout tidjiane. De son côté, Imam Moussé Fall, membre du Réseau Islam et Population, a estimé que c’est une innovation, le simple fait de discuter autour d’une table d’un thème aussi sensible.

‘’On a pu parler de la planification familiale de l’avis des écoles juridiques en islam et on a pu puiser des réponses claires venant des représentants des différentes familles. C’est un texte qui prête à confusion parce que la compréhension n’est pas nette. D’aucuns l’assimilent à la limitation des naissances, d’autres à un diktat qui nous provient de l’occident, il y a une réaction de certains religieux, mais heureusement, toutes les réactions négatives ont été accompagnées d’une exception’', s’est réjoui M. Fall.

DR CHIMERE DIAW (CHEF DU SERVICE PLANIFICATION FAMILIALE)

‘’La mortalité maternelle est de 392 pour 100 000 naissances vivantes’’

La lutte contre la mortalité maternelle et infantile est un des défis majeur du ministère de la Santé et de l’Action sociale. Et les grossesses rapprochées ont été identifiées parmi les facteurs favorisant cette mortalité. Selon le chef du service planification familiale à la direction de la santé, de la reproduction et de la survie de l’enfant, Dr. Chimère Diaw, le Sénégal s’est engagé à réduire de ¾ la mortalité maternelle. ‘’Aujourd’hui, cette mortalité est de 392 pour 100 000 naissances vivantes.

C'est-à-dire que ce sont 5 femmes qui meurent par jour et si on multiplie ça par 365 jours ça fait 1 825 femmes qui meurent chaque année au Sénégal. Ça fait à peu près les victimes du naufrage du bateau le Joola. D’où la nécessité d’attirer l’attention des religieux sur cette situation’’, a soutenu Dr Diaw. Selon qui, les chefs religieux ont eu à débattre sur le principe de la planification familiale.’’

Et pour le bien-être de la famille, ils sont pour que les naissances soient mieux organisées. Sur ce point, je crois qu’ils ont donné leur accord pour que la planification familiale soit un moyen aux couples d’organiser les naissances de leurs enfants. Maintenant, par rapport aux dérives qu’on observe chez  les jeunes, surtout chez les non-mariés, ils ont une position très claire pour dire que l’islam est contre le fait d’avoir des rapports sexuels hors mariage’’, a-t-il résumé.

VIVIANE DIATTA

 

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