Publié le 13 Dec 2019 - 17:33
POLEMIQUE SUR SANTE FINANCIERE DU SENEGAL

Les réponses d’Abdoulaye Daouda Diallo 

 

Le ministre des Finances et du Budget était, hier, l’hôte des députés pour le vote du projet de budget 2020 de son département. Ainsi, Abdoulaye Daouda Diallo a saisi l’occasion pour couper court aux rumeurs sur la situation précaire de l’économie du pays et du niveau de l’endettement. Le vote a eu lieu sans débat et dans la cacophonie.

 

‘’C’est clair que le déficit est là, mais le pays se porte très bien, d’autant plus que la communauté financière internationale continue de nous faire confiance. Oui à la dette, si elle est vertueuse et répond à des besoins de financement des infrastructures. On ne s’endetterait jamais au Sénégal pour financer le fonctionnement. On s’endette pour financer les infrastructures, le transport, la santé ou l’électricité’’, a précisé, hier, Abdoulaye Daouda Diallo devant la presse à sa sortie de l’Assemblé nationale où le budget de son département venait d’être adopté sans débats et arrêté à 218 546 862 928 FCFA en crédit de paiement. Ainsi, par cette déclaration, le ministre des Finances et du Budget a voulu couper court à la rumeur selon laquelle le pays est très endetté ou encore que les caisses de l’Etat sont vides.

Pour Abdoulaye Daouda Diallo, il n’en est rien. Selon le ministre, économiquement, le pays se porte bien. ‘’Il enregistre d’ailleurs de bonnes performances au niveau des industries extractives, de la cimenterie ainsi que du développement de l'agrobusiness. Mieux, comparées à la même période de novembre 2018, les recettes ont connu, au mois de novembre dernier, une hausse de plus de 400 milliards franc CFA’’.  En ce qui concerne la dette envers les entreprises nationales comme la Senelec, le ministre d’indiquer que l’Etat est en train de les éponger. ‘’La dette de l’Etat à la Senelec est totalement réglée et nous avons, dans le budget 2020, 113milliards franc CFA pour éponger les arriérés qui ont été constatés, avec pour obligation de ne pas reconstituer d’impayés pour 2019’’, a-t-il fait savoir.

‘’Le budget 2020 va s’inscrire dans la continuité jusqu’à 2023, avec beaucoup plus de moyens, de performances qu’on injectera dans les secteurs prioritaires’’, assure-t-il.

Basculement vers le budget programme

En outre, le ministère des Finances et du Budget s’est fixé comme priorité, pour l’année à venir, le basculement réussi vers le budget programme qui se traduira par la mise en œuvre de la Stratégie des Recettes à Moyen Terme (SRMT) visant à relever le taux de pression fiscale de 15,3% à 20% du PIB, d'ici 2022, avec une gestion active de la dette et de la trésorerie de l'Etat. ‘’Ce qui va changer dans ce budget programme, c’est que nous allons nous interroger sur trois questions à savoir : comment avoir les ressources ? Comment les utiliser ? Et est-ce qu’elles sont bien utilisées au profit des populations ? Ce budget programme répond justement à ces préoccupations. Elle permet de surveiller, à tout moment, le nouveau d’exécution et de satisfaction des réalisations opérées et c’est cela le changement fondamental’’, ajoute le ministre.

Pour réussir ce basculement, Abdoulaye Daouda Diallo compte s’appuyer sur 9 programmes qui constituent le cadre d'opérationnalisation de la politique sectorielle. Il s’agit, entre autres, des programmes de l'élaboration des lois de finances suivie de l'exécution des dépenses, de la gestion financière et comptable de l'Etat et des autres organismes publics.  Ce programme a pour objectif de mettre en œuvre les réformes comptables telles que la comptabilité des droits constatés, associés à une meilleure diligence de paiements de dépenses. 

Il y a également les programmes ayant trait à la gestion de la fiscalité intérieure et du foncier. Ceci mettra l'accent sur les priorités relatives à la poursuite de la modernisation de l'administration fiscale, notamment par la dématérialisation des procédures, la réduction des délais de traitement du contentieux et un contrôle plus adapté à la promotion du secteur privé. Le troisième programme, concernant la gestion des ressources douanières et la protection de l'économie, sera basé sur le renforcement des capacités de mobilisation des ressources internes. S’y ajoute le programme pilotage, coordination et gestion administrative qui mettra l'accent sur l'amélioration de la gestion des ressources, ainsi que le contrôle et la transparence dans la gestion des finances publiques, mais également la représentation juridique, judiciaire et arbitrale.

La réforme du code du travail

La réforme du code du travail a été soulignée dans le rapport de commission des parlementaires. En effet, elle s'inscrit dans un vaste projet de réformes tendant à rendre l'environnement économique favorable au secteur privé, notamment celle du code du travail. Les députés avaient demandé si l'orientation de la réforme visait une libération du marché du travail, avec comme objectif la baisse du coût du travail et comme conséquence le chômage. 

Réagissant à cette interpellation, Abdoulaye Daouda Diallo s’est dit convaincu que la réforme de la législation du travail permettra une grande souplesse du marché du travail. Il a estimé nécessaire d'avoir de petites entreprises ainsi que de grandes industries. D'où la nécessité de les renforcer. Or, à l'état actuel du Code du travail, une telle entreprise se révèle évidemment difficile. Il faut, considère le ministre, une législation du travail souple afin de créer beaucoup plus d'emplois, plutôt que d'en perdre. 

Le budget 2020 des finances et du budget voté dans la cacophonie

L’Assemblée nationale a renoué, hier, avec la polémique, à l’occasion du vote du budget 2020 du ministre des Finances et du Budget qui marquait en même temps la fermeture de la session des plénières de 2019. Et cette fois-ci ce n’est pas seulement entre l’opposition et la majorité. Mais plutôt entre les députés de la majorité présidentielle eux-mêmes.  On a presque assisté aux mêmes scènes que celles qu’on note, ces derniers temps, dans les medias où des responsables de l’APR s’entre-attaquent. En effet, tout est parti de la confection de la liste des orateurs. Avant l’ouverture de la séance, Moustapha Niass et les deux présidents de groupes parlementaires avaient trouvé un consensus et dressé une liste de 57 orateurs et le débat devait se tenir, après le vote du budget.

Mais, certains députés de la majorité ont trouvé la liste des orateurs très longue et ont voulu proposer un vote sans débat. Tandis que d’autres, comme Abdou Mbow, tenaient fermement au débat. Ainsi face à cette polémique, les députés de l’opposition ont accepté le vote sans débat, au moment où, certains de la majorité ont dit niet. Le président de l’Assemblée s’est vu ainsi obligé de procéder au vote pour se conformer au règlement. Ainsi 53 ont accepté le vote sans débat, tandis que Abdou Mbow et 16 de ses collègues de l’opposition et de la majorité ont dit non à cette procédure et 4 se sont abstenus.

‘’Une honte’’

Selon le règlement, le vote est en principe sans débat. Mais, par cette procédure, chaque député a aussi droit à la parole pour justifier son vote. Ce qui a permis à ceux qui tenaient au débat d’interpeller le ministre, mais surtout de dénoncer cette situation. Premier à prendre la parole, le président du groupement parlementaire Liberté et démocratie, Cheikh Mbacké a dénoncé une violation du règlement intérieur de l’Assemblée. Selon lui, une fois que les deux présidents de groupe parlementaire tombent d’accord sur la procédure à adopter, les députés doivent se plier à leur décision. ‘’C’est la honte. C’est la première fois dans l’histoire du Sénégal qu’un vote du budget du ministre des Finances et du Budget se fait sans débat’’, a-t-il pesté. Avant que Moustapha Niass ne lui rétorque : ‘’C’est la plénière qui est souveraine et est au-dessus de tout le monde. On doit tous se plier à la décision de la majorité’’.

Devant la tournure des événements, certains parlementaires ont tout simplement décidé de bouder la séance. C’est le cas des députés Abdoulaye Mactar Diop, grand Serigne de Dakar et Déthié Fall qui ont fait remarquer que c’est la première fois, dans l’histoire du Sénégal, que le vote du budget d’un ministre aussi stratégique et qui coïncide avec la fermeture de la session plénière se fasse sans donner l’opportunité aux parlementaire de s’exprimer.  ‘’Le président de l’Assemblée a raison, mais le Sénégal ne mérite pas cette plénière. Il faut réfléchir sur le prestige de l’Assemblée nationale. Ce n’est pas parce qu’il fait nuit que l’on doit bâcler le travail, en s’appuyant sur le règlement intérieur. Le débat n’est pas fini, donc, on ne doit pas se précipiter, car on le prolongera dehors avec les médias’’, a martelé à son tour, l’ancien maire de Saint-Louis Cheikh Bamba Dièye.

Dans son sillage, les autres députés de l’opposition ont dénoncé une fuite du débat de la part de la majorité. ‘’On attendait des éclairages sur le Ter, la situation à la Senelec et plein d’autres sujets qui préoccupent les Sénégalais, mais vous avez fui le débat. Qu’est-ce que vous cachez ?’’, a fulminé Marie Sow Ndiaye, sur les nerfs. Ambiance

ABBA BA

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