Publié le 2 May 2024 - 09:20

POUR UNE RÉVOLUTION SYNDICALE !

 

Chères camarades, chers camarades,

En cette célébration du Travail, nous ne pouvons taire les cris de celles et ceux qui, dans l'ombre, sont victimes de l'exploitation capitaliste. Aujourd'hui, nous nous élevons pour honorer leur résilience et leur détermination, mais surtout pour dénoncer les injustices qui rongent nos lieux de travail, empoisonnés par le venin du profit à tout prix et le diktat du marché.

Assez de précarité ! Assez d'exploitation !

Les masses laborieuses jetées dans les oubliettes de la société, pourtant indispensables, constituent le socle sur lequel repose l'édifice économique de notre nation. Journaliers, contractuels, intérimaires, ce sont eux et elles qui, chaque jour, luttent dans l'ombre pour survivre. Mais cette survie est menacée, écrasée sous le poids des contrats précaires, des licenciements abusifs, des salaires indécents et des conditions de travail dégradantes. En effet, 63% des emplois sont vulnérables au Sénégal [1]. En d’autres termes, ces travailleurs sont exposés à différents risques et difficultés sans aucune protection sociale adéquate. En ce qui concerne la rémunération des travailleurs, le décret numéro 2023-1710 a fixé le taux horaire du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) à 370,526 FCFA et celui du Salaire Minimum Agricole Garanti à 236,865 FCFA [2]. Telle est la politique de la rémunération (moins d’un dollar/heure) au Sénégal au moment où les travailleurs continuent à être éprouvés par la cherté de la vie illustrée par une inflation (tirée principalement par les produits importés), hors normes UEMOA, de 5.2% [3]. Cette situation explique la diminution du pouvoir d’achat constatée depuis la pandémie de la Covid-19 [4].

Assez de cette précarité perpétuelle ! Nous exigeons le respect de la dignité des travailleurs, bafouée par un système qui les sacrifie sur l'autel du profit.

Les exploiteurs sans scrupules, toujours avides de plus de richesse, refusent de reconnaître les droits élémentaires des travailleurs. Ils détournent les cotisations sociales, privant ainsi les plus vulnérables de la protection qui leur est due. Cette injustice ne saurait être tolérée ! Cette iniquité ne saurait perdurer ! Nous appelons à la révolte des travailleurs contre ce système capitaliste qui se nourrit de leur sueur et de leur sang.

Solidarité avec les femmes travailleuses !

Nous devons également nous dresser contre les discriminations dont sont victimes les femmes au sein même de leurs lieux de travail. Reléguées aux emplois sous-payés, exposées à des conditions de travail dégradantes, les travailleuses subissent une injustice intolérable. Selon l’ANSD, les femmes ne représentaient que 25.7% des emplois permanents dans le secteur moderne hors administration publique au quatrième trimestre de 2023 [5]. Aussi, c’est une tribune pour porter le plaidoyer de l’inclusion juste des femmes sur le marché du travail. En effet, 7 chômeurs (main d’œuvre au chômage) sur 10 sont des femmes, selon les chiffres de l’ANSD [6].

Assez de cette inégalité ! Assez de cette exploitation ! Nous exigeons l'égalité et la dignité totales, pour toutes les travailleuses.

Vers une nouvelle ère du syndicalisme au Sénégal

C’est le moment aussi de dénoncer vigoureusement la trahison des centrales syndicales, gangrenées par des bureaucrates sclérosés et fossilisés, qui ont préféré se taire face aux multiples difficultés rencontrées par les travailleurs, afin de préserver leurs confortables positions au sein d'institutions sans réel impact, telles que le Conseil économique, social et environnemental et le Haut conseil du dialogue social. Les travailleurs se sont mobilisés à la base, accompagnés d'organisations comme le FRAPP, défendre leurs droits. Il est impératif d'appeler à une mobilisation accrue des travailleurs contre ces centrales assoupies, gouvernées par des grabataires déconnectés de la réalité des travailleurs qui conservent leurs mandats dans les conseils d'administration des institutions de protection juste pour se gaver. L’histoire jugera sévèrement cette trahison. Nous ne saurions non plus taire la complicité de certains camarades travailleurs lors des récentes élections de représentativité. La révolution dans le milieu du travail passera par le déboulonnement de ces crépusculaires et l’élection de véritables syndicalistes décomplexés qui n’auront que la défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs comme objectif principal.

Il est temps d'agir ! Nous demandons une révision radicale du Code du travail de 1997, ce vestige néocolonial qui maintient les travailleurs sous le joug des patrons cupides. Nous exigeons également une réforme totale du Code de la famille de 1972, afin qu'il reconnaisse enfin les droits et la dignité des femmes dans le monde du travail. Ces deux solutions font partie des engagements de la coalition Diomaye président. Nous invitons donc le Président de la République à créer les conditions de la mise en œuvre de ces dispositions. Nous accueillons aussi positivement sa décision de baisser le coût de la vie durant ce mois de mai. Nous l’exhortons davantage à miser sur le contrôle strict des prix, avec le renforcement des ressources de la Direction du Commerce Intérieur (DCI), pour permettre aux populations de bénéficier réellement des futures mesures.

Camarades, le moment est venu de nous lever et de lutter avec une vision commune. Nous refusons de rester silencieux face à l'oppression. Nous refusons de reculer devant l'exploitation. Ensemble, nous pouvons garantir, à chaque travailleuse et travailleur, un milieu de travail digne, respectueux et équitable.

À bas le capitalisme !

Références bibliographiques

[1] Banque Mondiale, 2024. Emplois vulnérables, total (% des emplois) - Sénégal.

[2] Agence de Presse Sénégalaise, 18 août 2023. Voici le nouveau décret fixant le SMIG et le SMAG.

[3] et [4] ministère des Finances et du budget, 2023. Loi de finances initiale de 2024,

[5] Agence nationale de la statistique et de la démographie, 2024. Enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures de travail (EERH)- note d’analyse T4 2023.

[6] Agence nationale de la statistique et de la démographie, décembre 2023. Situation économique et sociale du Sénégal 2020-2021.

Signataires 

  • Usman Noreyni GUEYE, militant anti-capitaliste
  • Abdou Aziz Ndao, militant anti-capitaliste
  • Souleymane Gueye, militant anti-capitaliste
  • Abdoulaye Seck, militant anti-capitaliste
  • Sëriñ Mama FALL, Maître Es Philosophie, militant Panafricaniste  
  • El Hadji Mbacke DIOP, Géographe, Panafricaniste, militant anti-capitaliste
  • Moussa Thiaw, militant anti-capitaliste
  • Abdoul Karim Sow, Entrepreneur agricole, militant anti-capitaliste
  • Marième Soda Gueye, féministe
  • Khalifa Ababacar Pouye, militant pour un renouveau démocratique
  • Oumar Ndiaye, panafricaniste militant anti-capitaliste
  • Abdou Karim Niang, Juriste spécialisé en droit du travail
  • Maimouna Ba Niang, militante anti-capitaliste
  • Mouhamed Diallo, syndicaliste et délégué de personnel
  • Babacar Ndoye Mendy, syndicaliste et délégué de personnel
  • Khady BADIANE militante anti-capitaliste
  • Serigne Modou Bousso GUEYE, Juriste, militant anti-capitaliste
  • Fallou Gueye, linguiste et chercheur, Paris France.
  • Union nationale des agents de santé communautaire du Sénégal
  • Abdoulaye Diallo, étudiant en journalisme
  • Aissatou NDIAYE, militante féministe
  • Alpha H TRAORE Ingénieur Génie Civil, Président de la Jeunesse de la

Révolution Démocratique Africaine

  • Fatoumata Thiam, étudiante en agroalimentaire
  • Florian BOBIN, chercheur en histoire
  • Dame Diop, militant anticapitaliste
  • Amadou Guisse, panafricaniste

 

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