Publié le 2 Sep 2014 - 04:28
PRÉVENTION

Une rupture dans le stock des antiseptiques

 

Quelques heures après la confirmation d’un cas de virus Ebola au Sénégal, les Dakarois, partagés entre inquiétude et amertume, se ruent vers les pharmacies,  centres commerciaux et boutiques à la recherche d’antiseptiques. Du coup ces  produits se raréfient et certains fournisseurs sont en rupture de stock du fait de l’augmentation de la demande.

 

Avenue Cheikh Anta Diop. Dans l’une des nombreuses pharmacies qui longent la voie publique, les clients qui y pénètrent cherchent généralement du gel désinfectant. Deux pharmaciennes en blouse blanche les reçoivent. Après avoir fait le tour dans plusieurs magasins, une étudiante de taille moyenne, accompagnée de son amie, entre dans la pharmacie. Mais, malheureusement pour eux, il n’y a plus de désinfectant.

‘’Le stock vient de s’épuiser, il y a juste quelques minutes. Nous avons fait une nouvelle commande auprès de notre fournisseur’’, explique aux jeunes filles la pharmacienne Iphigénie Diouf. ‘’C’est un ami docteur qui m’a appelé pour m’informer du cas confirmé. Il m’a conseillé d’acheter des produits antiseptiques et d’éviter du mieux que je peux les contacts avec les personnes’’, confie avec beaucoup de désarroi l’une des deux filles qui a voulu garder l’anonymat.

Le prix des antiseptiques varie en fonction du poids et de la marque du désinfectant. Le gel de main ‘’Valda’’ est vendu  à 915 francs CFA la petite bouteille contre  2100 la grande.  Le ‘’Zéro Bactéria’’ quant à lui est vendu à 3535 FCFA l’unité. Même si ces prix paraissent accessibles, certains acheteurs n’ont pas toujours la somme d’argent qu’il faut pour s’offrir le précieux gel lave-main. ‘’Vous avez du gel antibactérien ?’’, lance une cliente trouvée dans une autre pharmacie situé toujours sur l’avenue Cheikh Anta Diop. ‘’Il ne nous reste que la grande boite de Zéro Bactéria. C’est 3535 francs CFA la boîte’’ répond un homme de teint noir faisant face à un écran d’ordinateur.  ‘’Je reviens’’, réplique Mariam Nafissa.

Dans les supermarchés, le constat est le même. Les antiseptiques sont difficiles à obtenir. Au supermarché Casino de Sahm, les rayons réservés aux antiseptiques sont vides. ‘’Nous avons constaté une hausse de la demande depuis quelque temps. En ce moment, le gel lave-main est fini’’, informe l’une des caissières, Mme Guèye Maguette. A défaut de trouver le désinfectant adéquat, les acheteurs se rabattent sur d’autres produits. ‘’J’avais prévu d’en acheter. Mais les gens en achètent en masse depuis un bout de temps. Il n’y en a plus.

J’ai un produit dissolvant dans mon véhicule qui coûte environ 1000 FCFA. Je vais essayer de le trouver ici ou bien je paie de l’eau de Javel. Il coûte environ 1000FCFA’’ explique M. Sonko. Certains clients ont commencé à acheter le produit depuis l’apparition d’Ebola dans les pays voisins. Ils sont venus pour d’autres achats. ‘’Je ne suis pas venu pour acheter des antiseptiques, car j’ai pris l’habitude depuis quelques mois d’en acheter à chaque fois pour la famille. Actuellement, il en reste encore à la maison’’, assure Simon Sarr, la soixantaine environ. Et le client de poursuivre qu’il faut faire attention et ne pas céder à la panique ou se lancer dans la stigmatisation.

Rupture de stock chez les fournisseurs

La forte demande en antiseptiques a entrainé une rupture de stock au niveau des fournisseurs ou des laboratoires qui fabriquent les produits. ‘’Nous sommes en rupture de stock actuellement. Certains clients ont commandé du sodium de calcium utilisé comme un antiseptique aussi’’, informe un docteur travaillant dans un laboratoire de fabrication des septiques et qui a voulu gardé l’anonymat. ‘’Toutes les commandes seront livrées en début de semaine’’, rassure t-il.

Le délégué médical Moustapha Seck, pour sa part, pense que la commande des antiseptiques ces dernières semaines a augmenté du fait des rumeurs connues ces derniers jours par rapport à la maladie. Il reconnait cependant avoir enregistré une hausse des commandes depuis la confirmation de la maladie.

Quoi qu’il en soit l’objectif  de se protéger contre le virus Ebola  en se les lavant les mains avec du produit désinfectant est manifeste chez bon nombre de Dakarois rencontrés dans les pharmacies et autres centres commerciaux.

MAMADOU DIALLO (STAGIAIRE)

Awa Marie Coll Seck met en garde les tradipraticiens

Le Sénégal n’a pas pu résister face à la poussée du virus Ebola. Le premier cas nous a été importé par la Guinée. Cette fièvre hémorragique sans vaccins ni médicaments continue son bonhomme de chemin. Seule une intervention médicale peut calmer les choses. Sur ce, la ministre de la Santé et de l’Action sociale Awa Marie Coll a mis en garde les tradipraticiens samedi au cours de la célébration de la journée africaine de médecine traditionnelle. 

’’Le soutien que vous pouvez apporter le plus, c’est d’orienter les populations vers les structures de santé en cas de détection de tout cas suspect de maladies sous surveillance générale (la poliomyélite, méningite, Ebola…), ou appelez sur les numéros verts’’, a dit la ministre, avant de poursuivre : ‘’dans la famille du jeune qui est mis en quarantaine, il y a eu des morts en Guinée.

D’autres ont été chez des guérisseurs pour se faire soigner. Selon nos investigations, la personne qu’on a amenée chez le tradipraticien est décédée de même que le guérisseur. Donc, il faut que les gens sachent qu’un individu peut faire recours à vous et si vous ne le savez pas, peut vous porter préjudice. Donc dès que vous recevez des patients dont vous ne parvenez pas à identifier sa maladie, orientez-le dans les structures de santé’’, a précisé Mme Seck.

Pour mieux se faire comprendre, la ministre  a tenu une séance  d’information et d’explication des différents signes et manifestations de la maladie. ‘’C’est une maladie grave qui se propage. Vous êtes un personnel de santé, donc il faut faire très attention à ce que vous faites. Ce n’est pas pour faire peur mais il faut faire attention. Nous allons d’ailleurs organiser un séminaire avec tous les tradipraticiens du pays sur la maladie, ses manifestations et autres pour ne pas qu’il y ait d’erreur d’appréciation’’.

VIVIANE DIATTA

 

 

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