Publié le 2 May 2024 - 13:16
PRISE EN CHARGE DES SURVIVANTS DE MINES EN CASAMANCE

Ziguinchor dispose désormais d’un centre de réadaptation physique

 

Après le départ du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), le 31 décembre 2001, de la Guinée-Bissau où les nombreuses victimes de mines en Casamance s’y rendaient pour leur prise en charge, l’accès à l’appareillage qui, depuis, constituait un casse-tête est, désormais, un vieux souvenir, puisque Ziguinchor dispose maintenant d’un centre de réadaptation physique de référence sous-régionale.

 

Le volet appareillage, l’un des plus importants de l’assistance aux victimes de mines, constituait, malheureusement, le parent pauvre de l’action antimine en Casamance. Cette problématique est, depuis le lundi 29 avril 2024, un vieux souvenir avec l’inauguration du Centre de réadaptation physique de Ziguinchor (CRPZ).

Situé sur la route nationale n°6, sur l’axe Ziguinchor - Boutoute, la réalisation de ce centre de référence sous-régionale a été rendue possible grâce aux efforts conjugués d’un consortium de partenaires.

Il s’agit, entre autres, de Swiss-Ability Association qui a pris en charge la réalisation de l’infrastructure, la formation de techniciens orthoprothésistes, entre autres, de l’American Jewish World Service et du Catholic Relief Service (CRS).

‘’Le lancement du Centre de réadaptation physique de Ziguinchor est la réalisation d’un rêve de longue date pour l’Initiative solidaire des actions de développement/Association sénégalaise des victimes de mines (Isad-ASVM) reflétant ainsi des années de plaidoyer en faveur des personnes en situation de handicap, de renforcement des communautés et d’efforts inlassables en collaboration avec des partenaires’’, renseigne le coordonnateur d’Isad/ASVM. Pour Sarany Diatta, ce centre est une continuation des services complets de réadaptation et de réhabilitation que son association a fournis aux personnes en situation de handicap dans la région. Il estime qu’avec l’ouverture des portes du centre, les services de soutien complets de l’Isad/ASVM vont inclure la fabrication de prothèses sur place, l’ajustement et le traitement continu ainsi que la formation sur les technologies de fabrication de prothèses.

‘’Il s’agit d’une grande avancée dans l’accès aux soins médicaux pour les personnes en situation de handicap’’, a ajouté le Bissau-Guinéen Jaozinho, technicien en chef du centre.

Selon Roberto Agosta de la Swiss/Ability Association, ‘’la mise en service de ce bijou flambant neuf, qui va offrir un service de haute qualité, va permettre aux personnes en situation de handicap de reprendre une vie normale, non seulement de marcher, mais aussi de courir, d’optimiser leur autonomie, de reprendre leurs activités quotidiennes et de contribuer au développement socioéconomique de leurs terroirs’’.

Le Catholic Relief Services (CRS) a contribué à cette initiative en s’occupant de l’équipement flambant neuf du centre, de la commande, à la livraison du matériel et le transport des États-Unis au Sénégal. ‘’Cette contribution du CRS entre en droite ligne de la mise en œuvre du projet USAID/Alwili II’’, souligne Aly Kanouté, le représentant pays du CRS au Sénégal qui a pris part à la cérémonie d’inauguration en présence du représentant résidant de l’USAID au Sénégal, Marc Wilson, mais également de la directrice générale de l’Action sociale, Arame Top Sène, qui a présidait la rencontre. 

Pour elle, le Centre de réadaptation physique de Ziguinchor va contribuer aussi à réduire le déficit des produits et des spécialistes dans le domaine de l’orthopédie et de la réadaptation fonctionnelle.

Pour rappel, c’est parce que le centre hospitalier régional de Ziguinchor ne dispose pas d’un service orthopédique digne de ce nom que les nombreux survivants de mines en Casamance étaient référés au centre de réhabilitation motrice de Bissau pour bénéficier d’une prise en charge adéquate. Cela, suite à la signature d’un partenariat, en décembre 2015, entre l’Association sénégalaise des victimes de mines (ASVM) devenue, en 2016, Initiative solidaire des actions de développement (Isad/ASVM) et le bureau du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) basé à Bissau.

Chaque année, c’est une quarantaine de victimes de mines en Casamance qui s’y rendait en quête de mobilité, dans des conditions rendues plus difficiles par l’état de la route. Outre les prothèses et les orthèses, le partenaire avait mis à la disposition des victimes de mines des fauteuils roulants. Malheureusement, la mission du CICR a pris fin, le 31 décembre 2001. Ce, à la faveur de la stabilité et de la paix qui y règnent. Après la fin du prolongement d’un an du partenariat, les victimes de mines en Casamance ne savaient plus à quelle porte toquer pour la poursuite notamment du volet appareillage.  

HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)

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