Publié le 10 May 2024 - 18:18
PRIVATISATION DE LHYDRAULIQUE RURALE  

Des organisations en croisade contre les concessionnaires 

 

Face à la souffrance des populations et à la gestion inhumaine du service vital de l’eau, plusieurs organisations africaines demandent au président Bassirou Diomaye Faye de mettre fin à la privatisation du secteur, surtout en milieu rural où les populations n’ont pas toujours les moyens.

 

La Coalition africaine Notre eau Notre droit (Oworac) félicite et salue les premières mesures prises par le Président Bassirou Diomaye Faye. Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, elle lui rappelle les préoccupations majeures en matière de démocratisation du service public de l’eau. ‘’Il est impératif de mettre fin à la marchandisation de l'eau et de garantir un accès universel à tous les citoyens, indépendamment de leur localisation ou de leur statut socio-économique. Seul le contrôle public et la gestion démocratique des ressources en eau peuvent garantir le droit à l'eau potable et apaiser les tensions dans les communautés où l'eau a été privatisée’’, lit-on dans le document.

Ces dernières années, la gestion du service public de l’eau a été l’objet de plusieurs conflits entre populations et concessionnaires privés. Dans son communiqué, l’OWORAC donne ne exemple le cas de la commune de Ngodiba, où ‘’les tensions entre la communauté et Aquatech (concerssionnaire) se sont aggravées, entraînant non seulement la suspension de l'approvisionnement en eau, mais aussi l'arrestation de cinq personnes et la blessure de nombreuses autres’’. Il y a quelques jours, le chef de l’Etat avait donné des instructions pour ‘’auditer et évaluer tous les partenariats public-privé’’.

L’organisation espère que le secteur de l’eau sera une priorité et que ce sera le début de la fin de la privatisation de ce secteur. ‘’Nous exhortons le nouveau gouvernement sénégalais à œuvrer pour la promotion du contrôle démocratique total des services d'eau par le peuple sénégalais et à mettre fin à la privatisation de l’eau aussi bien en milieu urbain, périurbain et rural. L'accès à l'eau potable est un droit humain essentiel, et il est vital que le peuple sénégalais se voie accorder ce droit fondamental sans compromis’’, fulmine la source.

Alors que dans les zones urbaines, le secteur de la distribution de l’eau a été privatisée depuis 1996, dans les zones rurales il y avait jusqu’en 2018 une certaine forme de gestion sociale du liquide précieux. Oworac explique : ‘’La gestion de l’eau se faisait à travers les ASUFOR (Association des Usagers de Forages), et la population avait de l’eau en qualité et en quantité suffisante. Les branchements au réseau ne coutaient pas plus de 30 euros. Les gestionnaires de l’Asufor dans beaucoup de zones avaient aussi développé un système de solidarité qui faisait que personne n’était privé d’eau’’.

Ainsi, souligne le communiqué, les usagers ‘’qui n’arrivaient pas à payer leurs factures à temps bénéficiaient de moratoire, de paiement différé ou simplement d’annulation de facture (dans les cas où il est évident que la personne est incapable de payer la facture)’’. Malgré ce système social, ‘’la gestion communautaire a généré des bénéfices qui ont permis la construction de salles de classe pour des écoles des centres de santé dans certains cas, mais aussi de payer le personnel de santé ou encore de payer la location de logement pour les étudiants à Dakar. L’eau était aussi gratuite dans les lieux de culte, les écoles et les hôpitaux’’.

Tout a été chamboulé à cause de la loi de 2014. ‘’Cette réforme, selon l’organisation, a permis à l’État du Sénégal de signer des contrats de longue durée avec des concessionnaires ou fermiers privés comme Aquatex, FlexEau ou encore SDER (qui est une filiale du groupe Eranove) et ainsi beaucoup d’Asufor ont a été dissoutes.’’ Avec l’arrivée des concessionnaires, poursuit l’organisation Oworac, ‘’le prix de l’eau est passé des 150FCFA (environs 0,22euros) à 250F (environs 0,38 euros), le branchement au réseau est passé à plus de 150 euros’’. Aussi, avec ces entreprises privées, ‘’la solidarité a disparu…’’ Désormais, non seulement ‘’les lieux de culte, les hôpitaux, les écoles sont contraints de payer l’eau’’, mais aussi ‘’les populations qui n’ont pas les moyens sont simplement privés d’eau’’.

 

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