Publié le 10 Apr 2020 - 20:30
PROPAGATION DE COVID-19 DANS LES ZONES RURALES

La région Afrique de l’OMS tire la sonnette d’alarme

 

Des experts de la région Afrique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l'Unicef ont organisé, ce jeudi, une conférence de presse en ligne sur l'impact de la Covid-19 en Afrique. Ils alertent sur les dangers de la propagation du coronavirus dans les zones rurales du continent.

 

La pandémie de la Covid-19 s'étend en Afrique. En effet, plus d’un mois après les premiers cas enregistrés dans les capitales de certains pays du continent, la maladie s’étend actuellement dans les zones intérieures. Ainsi, selon la région Afrique de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les cas de Covid-19 sont en train de gagner les zones rurales du continent.

‘’La propagation de la maladie dépasse désormais les capitales qui constituent l’épicentre de la pandémie sur le continent. En effet, parmi les 47 pays de la région Afrique de l’OMS, près de 60 % signalent des cas de Covid-19 à plusieurs endroits, contre environ 21 %, il y a deux semaines. Il existe également des groupes de cas et une propagation communautaire dans au moins 16 pays. Nous encourageons donc les Etats à élargir leurs mesures de riposte sur l’ensemble de leurs territoires nationaux’’, a fait savoir la directrice régionale Afrique de l’OMS lors de la conférence de presse en ligne.

Pour se prémunir de la propagation rapide du coronavirus, Dr Matshidiso Moeti invite les Africains à privilégier l’utilisation des masques pour se protéger, mais aussi d’en faire un ‘’bon usage afin que ces derniers ne soient des vecteurs de transmission du virus’’.

Les experts de l’OMS plaident aussi pour une décentralisation des moyens de riposte dans les contrées enclavées des pays dans lesquelles la pandémie commence à se développer. ‘’Alors que les cas de Covid-19 se déplacent hors des zones urbaines, il est nécessaire de décentraliser la réponse et d'accroître la coordination avec les administrations régionales et renforcer les systèmes sous-nationaux de réponse aux urgences sanitaires. En effet, s’attaquer aux cas dans ces zones rurales qui n’ont pas souvent les ressources des centres urbains, pose un immense défi aux systèmes de santé déjà mis à rude épreuve en Afrique. Les gouvernements et les administrations provinciaux et régionaux doivent être en mesure de coordonner, de retracer les contacts, de contenir les cas et de traiter les patients au niveau local.  Il faut aussi trouver des méthodes alternatives qui protègent les agents de santé communautaire et tous ceux qui travaillent dans les centre de santé pour maintenir les services de base’’, lance-t-elle.  

Déficit de structures de traitement des cas critiques

Docteur Matshidiso Moeti ajoute ‘’qu’il y a une grave pénurie de structures de traitement pour les cas critiques de Covid-19 en Afrique’’. ‘’L'OMS constate que le nombre total de lits dans les unités de soins intensifs (USI) disponibles pour être utilisés pendant la Covid-19 dans 43 pays d'Afrique, est inférieur à 5 000. Cela représente environ 5 lits pour un million de personnes dans les pays concernés, contre 4 000 lits pour un million de personnes en Europe. Dans la plupart des pays, les patients de Covid-19 en état critique sont traités dans les unités de soins intensifs. Dans 41 pays qui ont fait rapport à l'OMS, le nombre de ventilateurs fonctionnels dans les structures de santé publique est inférieur à 2 000’’, indique-t-on.

Outre l’évolution de la pandémie en Afrique, les experts onusiens se sont aussi intéressés aux impacts sociaux de la Covid-19 sur le continent. A cet effet, la directrice de l’Unicef a exposé la situation des enfants vulnérables, en cette période de pandémie. Selon Marie-Pierre Poirie, les gouvernements doivent savoir que le temps n’est pas à l’hésitation, mais à l’innovation pour aller de l’avant dans la lutte. Ainsi, pour la prise en charge des couches vulnérables, comme les enfants de la rue en cette période de crise sanitaire, elle invite les pays de leur accorder plus d’attention.

‘’Nous travaillons avec les pays pour essayer de développer des contenus digitaux qui pourraient être mis à la disposition des enfants les plus vulnérables, surtout ceux qui ne vont pas à l’école.  Il y a aussi les enfants qui n’ont accès à quoi que ce soit et ceux de la rue. En effet, pour ces derniers, il faut dire que cette pandémie nous aide, d’une certaine manière, à mettre l’accent et la lumière sur ces groupes vulnérables dont on ne parlait pas beaucoup’’, a indiqué Marie Poirier.

Elle s’est réjouie, par ailleurs, de la grande mobilisation des pays comme le Sénégal qui essayent d’avoir des structures d’accueil qui respectent les règles de sécurité.

ABBA BA

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