Publié le 20 Apr 2014 - 09:28
PROROGATION DE 8 MOIS DE L'INSTRUCTION DU DOSSIER DE L'EX-PRÉSIDENT TCHADIEN

 Les avis divergents des avocats 

 

Selon les avocats de l'ex-président tchadien, la prolongation de l'instruction du dossier de Hissein Habré par les Chambres africaines extraordinaires dénote une absence de preuves suffisantes contre leur client. Un point de vue que ne partagent pas les avocats des victimes, selon qui cela témoigne du sérieux que les autorités judiciaires attachent au procès. 

 

À l'issue de sa première session extraordinaire, tenue le jeudi 17 avril 2014 dernier à Dakar et axée sur l’examen du projet de budget réaménagé de l'affaire Hissein Habré, le Comité de pilotage des Chambres africaines extraordinaires a annoncé la prorogation de 8 mois au moins de l'instruction du dossier de l'ancien président tchadien. 

Ce prolongement, selon les avocats de Hissein Habré, dénote l'absence de preuves suffisantes contre leur client. ''Ce prolongement montre en réalité que voilà bientôt un an qu'ils n'ont pas encore de preuves suffisantes contre Hissein Habré, malgré le fait qu'il ait été arrêté et mis sous mandat de dépôt'', a déclaré, au bout du fil, Me Ibrahima Diawara, un des avocats de l'ancien président tchadien, joint hier par EnQuête. 
 
Mais contrairement à ce qu'il défend, Me Assane Dioma Ndiaye estime que ''la commission, en prolongeant l'instruction du dossier, est en train de faire un travail essentiel, avec des expertises, des déplacements sur les lieux où il y a eu des incidents''. Et, poursuit-il, ''cela traduit la volonté des autorités judiciaires d'avoir plus de temps pour bien mener les investigations et surtout la remise et l'exécution des mandats d'arrêt internationaux''. 
 
En outre, l'avocat considère que ''ce serait une bonne chose qu'on puisse avoir les personnes actuellement détenues à N’Djamena et les autres qui sont encore en fuite''. Me Assane Dioma Ndiaye ajoute que ''cela renforcerait la crédibilité du procès, pour montrer que ce n'est pas seulement un procès contre Hissein Habré, mais contre les faits de 1982 à 1990''.
 
D'autre part, l'avocat estime que le fait que ''la Chambre d'instruction envisage une autre commission rogatoire dénote du sérieux qu'elle attache à la recherche de l'information à charge et à décharge de Hissein Habré''. 
 
En effet, il faut souligner que ce prolongement de l'instruction du dossier de Habré n'est pas sans conséquence sur le budget des Chambres africaines extraordinaires qui a d'ailleurs été réaménagé par le comité de pilotage. Seulement, indique le document transmis à EnQuête, ''ce réaménagement approuvé n’entraînera aucune contribution financière supplémentaire de la part des partenaires''.  
 

ASSANE MBAYE

 
 

 

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