Publié le 17 Apr 2015 - 18:06
RÉDUCTION DE SON MANDAT CASAMANCE, TRANSHUMANCE…

Le grand oral de Macky Sall

 

Depuis Kaffrine où il est en tournée économique, le président de la République a fait face hier à des journalistes des groupes GFM, D-Média et de la RTS. Pendant plus de deux heures d’horloge, le chef de l’Etat a abordé plusieurs sujets dont la réduction de son mandat qui est de plus en plus agitée même dans son propre parti l’Apr. Macky Sall a aussi évoqué la question de la transhumance, ainsi que le conflit casamançais… C’est donc  sans détour que le chef de l’Etat a répondu à toutes les questions brûlantes de l’actualité nationale.

 

Réduction du mandat :

‘’Le président l’avait dit, il faut qu’il respecte son engagement. C’est quoi respecter son engagement ? Il ne faut pas aussi qu’on m’engage dans ce que je ne peux pas faire. Là aussi, c’est de la démagogie et je ne tomberai pas là-dessus. Si c’était un décret, je l’aurais pris et le débat serait clos. Ce n’est pas un décret. Même pour respecter l’engagement, il y a des procédures. Il faut certainement passer par un référendum. C’est un débat qui n’est pas simple. Pour certains, ça ne peut être qu’un référendum pour d’autres il faut passer à l’Assemblée nationale ou démissionner. C’est une question juridique. Il s’agit de la charte fondamentale du pays. La constitution d’un pays, on ne peut pas s’amuser avec. La volonté, elle est restée ferme. La décision qui m’appartient sera de proposer, selon les règles et les formes que la constitution permet. Le débat ne peut pas être tranché par moi. J’ai fait un engagement, je le porterai devant qui de droit, c’est-à-dire devant le peuple sénégalais. Sous quelle forme ? Je pense que ça devrait être un référendum. (…).’’

Benno Bokk Yaakaar

‘’On ne sait pas si Benno aura un avenir radieux. Mais on annonce des situations qui n’ont rien à voir avec la réalité. La réalité est que la coalition se porte très bien. Il n’y a aucun problème de fond. Dans la presse, les gens s’agitent de tout bord, de l’Apr tout comme des autres partis, et ne sont pas au fait des choses. Quand on est dans la périphérie, on ne sait pas forcément ce qui se passe à l’intérieur. C’est ça qui peut donner l’impression qu’il y a des problèmes au sein de Benno. Il n’y a aucun problème en tout cas jusqu’au moment où je vous parle. Aujourd’hui, les positions à prendre au sein de Benno Bokk Yaakaar ne se posent pas. On va aller vers 2017 ; plus la date s’approche, la tension va monter parce que le débat va se poser.’’

Conflit en Casamance 

‘’Je veux vraiment lancer un appel à la presse pour ne pas amplifier ce phénomène tout à fait anodin. L’armée fait des patrouilles de jour comme de nuit sur l’ensemble du territoire national. Et s’il arrive que ces rondes trouvent des gens en possession d’armes ou dans des endroits qu’ils ne devraient pas être, il peut arriver qu’il y ait une confrontation. Mais cela ne remet absolument pas en cause le processus de paix. La presse doit nous aider en évitant d’amplifier des discours parfois qui n’ont rien à voir avec la réalité. Des gens viennent dans les médias pour faire des fanfaronnades pour essayer de briser le processus de paix, et vous ne devrez pas être les relais de cette information parce qu’il y va de la sécurité nationale.

Vous croyez que les grands médias internationaux, CNN, qui accompagnent leurs armées montrent tout ? Ils ne le font pas. Quand l’Etat islamique exécute, est-ce que vous voyez la presse montrer les images. C’est une question de protéger l’opinion. Je lance encore une fois un appel à la presse pour que cette question soit traitée avec justesse et précision. C’est une question de sécurité nationale et on ne peut pas la traiter comme on traite l’actualité nationale. C’est une question de sécurité nationale qui peut porter atteinte à la vie des personnes, de nos soldats, des populations. Donc on doit la traiter avec lucidité et responsabilité. Nous continuons nos efforts de paix.’’

Rapport avec la Gambie

 ‘’Le président Yaya Jammeh sait bien que le Sénégal n’est pas dans les dispositions de faire quelque action que ce soit pour essayer de déstabiliser son régime. Nous avons d’autres chats à fouetter, d’autres choses à faire que de nous immiscer dans des problèmes en Gambie. Maintenant le Sénégal est une terre d’accueil, c’est une réalité. Entre Sénégalais et Gambiens et entre Sénégalais et autres Africains y compris d’anciens chefs d’Etat, les gens vivent en paix chez nous. Ce que nous leur disons, c’est de respecter le droit d’accueil et d’asile dans notre pays. On ne tolère pas des attaques contre le régime gambien depuis le Sénégal. C’est pourquoi nous avons expulsé M. Sidiya Bayo. On ne peut pas le protéger, on ne peut pas encourager de telles actions. Un Gambien qui vit paisiblement chez nous, on ne peut pas l’expulser tant qu’il n’est pas dans des actions subversives. C’est valable pour les Guinéens et pour toutes les nationalités qui sont chez nous. Le Sénégal n’est pas une terre de déstabilisation. Vraiment c’est nous faire un mauvais procès. Il faut que le président Jammeh sache que je suis un démocrate, je suis préoccupé par le développement du Sénégal, je ne suis pas dans autre chose (…).’’

Envoi de soldats en Arabie Saoudite

‘’Nous avons étudié la possibilité de participer dans la sécurisation des frontières à l’intérieur de l’Arabie Saoudite. Mais pour que cette décision soit prise, il faut des préalables. On ne peut pas se réveiller un beau matin et envoyer nos soldats. On doit d’abord étudier les types d’accords qui nous lient à l’Arabie Saoudite. Lorsque nous sommes en maintien de l’ordre ou de la paix, ce sont des situations qui ne nécessitent pas une information préalable devant le parlement. On peut le faire par courtoisie républicaine. Mais quand j’envoie des soldats au Mali, je ne suis pas obligé d’aller au parlement pour informer que nos soldats vont aller, par devoir de solidarité au Mali.

Le Sénégal n’est pas en guerre. Il n’est en guerre avec aucun pays au monde. Donc je ne fais pas une déclaration de guerre que l’Assemblée nationale doit pouvoir ordonner. Mais lorsque demain, après toutes les études faites entre les deux armées, entre les diplomates et entre les chefs d’Etat, s’il s’avère que je dois envoyer des troupes, je le ferai dans le cadre de cette relation privilégiée. Si la décision est prise, l’information sera donnée. Notre devoir, c’est voir, si l’éventualité doit se poser, quelle doit être la posture ? Quelle mesure doit être prise ? Dans quelle condition cela doit se faire ? Nous en sommes là. Tous ceux qui doivent travailler dans cette posture le font déjà. Les ambassadeurs et les chefs d’Etat suivent cette question. Nous ne sommes donc pas dans des oppositions sunnites et chiites. Nous sommes dans le cadre de relation diplomatique entre le royaume d’Arabie Saoudite et le Sénégal.’’

Marchés publics

 ‘’Nous avons fait une réforme sur la base d’un constat. L’avènement du code des marchés publics a aussi généré des blocages à cause de la superposition de tous les marchés à la direction centrale des marchés publics parce que toutes les administrations, toutes les collectivités sont obligées, même pour acheter des consommables, dès que ça dépasse 15 millions de F CFA, de recourir à des procédures. Ce qui bloque le plus, c’était le volume de marché qui est insignifiant. On a dit qu’il faut augmenter le seuil, le plafond. On a donc augmenté le seuil à 70 millions s’il s’agit des travaux et à peu près 50 millions s’il s’agit des services.

Maintenant, la direction s’occupe d’autres choses. Cela participe à alléger mais ce n’est pas dans ces faibles montants que véritablement il y aura de la grande corruption. C’est une bouffée d’air qui a été donnée pour que les gens se contentent de l’essentiel. Il ne faut pas non plus que les procédures soient un obstacle. Ça doit aider à crédibiliser notre Etat de droit mais on n’est pas là pour faire des procédures ; on doit les respecter parce que c’est le règlement. Mais tout cela doit être fait dans les règles de l’art. Nous avons même fait recourir au programme des Nations unies pour le développement pour leur confier des marchés de l’Etat. C’est ce qui nous permet d’avancer.

On ne peut pas avancer à pas de tortue quand on veut de l’émergence dans le pays. Ce n’est pas possible. Il faut qu’on sache ce qu’on veut. Si on veut rester là, être noté bon élève du Fonds monétaire international, de la Banque Mondiale, moi je ne suis pas là pour ça. Ça ne m’intéresse absolument pas. Je suis là pour faire émerger le Sénégal dans le bon sens. Maintenant il faut respecter la bonne gouvernance. Nous avons fait ce qu’aucun pays, ici en Afrique, n’a fait en termes de gouvernance, de déclaration de patrimoine, en créant l’OFNAC. Il ne faut pas qu’on nous fasse ce procès. Je suis un réformateur ; à chaque fois que je vois des goulots d’étranglements, je les réformerai. Je ne suis pas là pour constater et pleurnicher sur des blocages. Non je les modifie. Les lois sont faites pour être modifiées. Seulement il faut faire les modifications en dialoguant avec les acteurs.’’

Subventions de l’électricité

 ‘’Ce que le Fonds monétaire a dit est une réalité. Le Fonds aussi, on lui fait souvent un faux procès. Ce qu’il dit est que nous finançons un secteur où les principaux bénéficiaires sont même des personnes privilégiées par rapport à la grande masse. Dans le secteur urbain, nous subventionnons l’électricité alors que seulement 26% des Sénégalais en milieu rural ont accès à l’électricité. 74% n’ont pas accès et sont dans la pénombre absolue. En 2012, on a mis 120 milliards de subvention dans l’électricité, plus que le budget du ministère de la Santé, plus que le budget de l’Agriculture à l’époque. Ce n’est pas cohérent, il faut des solutions structurelles à long terme. Ce qu’on a comme solution, c’est le mixte énergétique. Il faut diversifier pour éviter la spéculation.

Mettons également du gaz, du fuel lourd, bannissons le diesel. La baisse du coût des produits pétroliers a été une conjoncture favorable. Cette année,  la subvention est de moins de 40 milliards. Lorsque nous aurons fini d’accueillir nos centrales à charbon et nous en avons pour 125 mégawatts, 300 mégawatts avec une autre centrale à Mboro, c’est par cette réponse que nous allons améliorer la fourniture et réduire les subventions qui iront aux secteurs sociaux tels que la santé. Il ne s’agit pas de dire que nous sommes contre les subventions, c’est un jeu d’écriture et ce qu’on donne à l’électricité, qu’on le redistribue aux autres secteurs tels que l’éducation, les infrastructures. Nous sommes en phase avec nos partenaires et nous donnons à la Senelec des obligations de résultats. La Senelec fait des efforts mais il faut qu’elle s’inscrive dans cette optique.

Engagements dans les régions 

‘’Plus de 2 000 milliards. On a cet argent parce que chaque année, le budget du Sénégal, c’est au moins aujourd’hui 2 900 milliards et on va aller vers 3 000 milliards. Quand vous prenez le BCI, on dit qu’il y a 1 000 milliards. Ces 1 000 milliards sont répartis dans la réalisation de salles de classe, des pistes… Quand nous venons dans une région, nous essayons d’être un peu  équitable, de voir ce qui a été programmé pour  cette région. Tout ce qui a été dit sera fait et a commencé à être fait. Nous avons des indicateurs très précis. Nous sommes à 38% de taux d’exécution pour la région de Kaolack sur les 50 actions prévues dans la région.’’

Éducation

‘’Il faut sauver l’année scolaire. Tous les Sénégalais doivent intervenir pour que notre école soit sauvée. Je lance un énième appel aux enseignants. J’appelle à la signature d’un accord entre le gouvernement et les enseignants. Nous gardons espoir qu’un accord sera trouvé.’’ 

PROPOS RASSEMBLES PAR ALIOU NGAMBY NDIAYE

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