Les patrons de presse déçus, la Dgid invoque l'égalité et la transparence
Entre des patrons de presse qui semblent vouloir un traitement particulier en matière fiscale, et la Direction des impôts et domaines qui dit s'appuyer sur les critères de transparence et d'égalité, le langage est de type sourd, même si le ministre de l'Economie et des Finances a promis de prendre en compte le cri de détresse d'un secteur jugé sinistré.
Le nouveau code général des impôts n'agrée pas les éditeurs de presse auxquels la Direction générale des impôts et domaines présentait le document lors d'une réunion d'information organisée ce week-end. Cette réforme qui entre en vigueur en 2013 se donne pour objectifs généraux «l’amélioration du bien-être social et la promotion de la croissance économique». Mais aussitôt présentée, elle est la cible des patrons de presse. Selon ces derniers, le secteur des médias n’est pas considéré dans ce nouveau code.
«L’enjeu de la réforme du code des impôts est important pour les entreprises de presse et pour l’Etat du Sénégal», a souligné Madiambal Diagne, président du Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse (CDEPS). «Il n’y a pas d’institutions fiables sans une presse libre et démocratique. (Donc) l’enjeu majeur est comment l’Etat compte gérer le secteur des médias en tenant compte de leur environnement économique et social qui est aujourd’hui précaire», a plaidé Diagne, par ailleurs propriétaire du Groupe Avenir Communication (GAC).
Partant de cette même précarité qui frappe les entreprises de presse, Mamoudou Ibra Kane, du Groupe Futurs Médias, réclame une prise en compte de l’apport des médias à la bonne gouvernance. «Je suis étonné qu’on parle d’une réforme du code général des impôts et domaines sans qu’il y ait aucune mention pour la presse. Ce qui risque d’arriver, c’est une fermeture en cascade des entreprises de presse», déplore l'animateur de l'émission Grand Jury. Son presque homonyme, Mamadou Ibra Kane, directeur de publication des quotidiens Stades et Sunu Lamb, fustige la mise à l'écart des entreprises de presse. «Notre secteur d’activité n’a pas été associé. Il n’y a pas au Sénégal une politique d’activité pour la presse. Cela relève du fait que nous ne nous retrouvons pas dans le nouveau code général des impôts et domaines.» Selon M. Kane, «la presse est dans une situation de sinistre extrêmement grave. Il lui faut donc un regard particulier».
“L’administration fiscale travaille sur des règles impersonnelles et précises“
Interpellé aussi bruyamment, le directeur général des impôts et domaines se dit surpris par la réaction des chefs d’entreprises de médias. «La Direction des impôts et domaines est aussi un peu déçue de votre déception. Vous dénonciez beaucoup de manquements qu’il y a eu dans le passé. Aujourd’hui, nous voulons mettre en place une fiscalité transparente avec des règles saines», a répliqué Amadou Ba. «L’administration fiscale travaille sur des règles très précises et impersonnelles. La transparence, c’est de traiter les citoyens sur une égale dignité. Quelles que soient les procédures, les agents des impôts et domaine n’accepteront pas d’être au service d’un clan», a déclaré M. Bâ, pour déclarer que les entreprises bénéficieront d’importants abattements et crédits d’impôts. ''La forte réduction de la base d’imposition des bénéfices justifie une révision du taux de l’impôt sur les sociétés, qui va passer de 25 à 30%'', explique le DGID.
Le nouveau CGI sera aussi caractérisé par ''un droit commun incitatif, c’est-à-dire des règles fiscales communes applicables à tous, avec comme résultats des niveaux d’imposition relativement plus faibles pour les contribuables et un rendement fiscal accru pour l’Etat'', ajoute Amadou Bâ.
Elle annonce que la réforme engendrera une baisse de 28,9 milliards de francs CFA par an de l’impôt sur le revenu des salariés. Toutefois, le patron de la Dgid tient à rassurer ses interlocuteurs. ''Il y a des innovations extrêmement importantes qui concernent tout le monde. Vous êtes dans le code. Il n’y a aucun avantage auquel vous bénéficiiez dans le passé et sur lequel on serait reven'', a-t-il souligné. Un point sur lequel le ministre de l’Economie et des Finances s'est appesanti. «Ce code ne fera rien de moins avantageux que ce qui a été consenti antérieurement. Aucune disposition ne va venir détériorer la situation dans laquelle vous êtes», a déclaré Amadou Kane. «Nous allons faire en sorte que votre cri d’alarme soit pris en compte», a-t-il ajouté. A sa suite, les techniciens de la Direction générale des Impôts et Domaine s'évertueront à simplifier les termes du nouveau Code qui, expliquent-ils, visent à rendre plus dynamique l'Economie sénégalaise.
ALIOU NGAMBY NDIAYE
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