Publié le 17 Jul 2020 - 17:28
RAPPORT - FLAMBEE DES VIOLENCES, EXPOSITION COVID, PRECARISATION…

Les femmes, grandes perdantes de la pandémie

 

Le Timbuktu Institute et la Fondation Konrad Adenauer ont publié un rapport sur l’impact de la crise sanitaire sur les femmes et leur rôle dans sa gestion. Il fait état de leur plus grande exposition au virus et de plusieurs autres conséquences.

 

La surreprésentation féminine au sein du personnel soignant mondial comme africain de même que dans le secteur informel, a montré leur rôle incontournable dans les situations de crise et leur place de pilier dans les sociétés de l’Afrique subsaharienne qui vont de pair avec leur vulnérabilité face à cette crise sanitaire.

En effet, les femmes constituent 65 % du personnel soignant, sur le continent africain. Ce qui veut dire que le personnel soignant féminin est plus exposé au risque de contracter la maladie que celui masculin. Sur le plan économique, le document a relevé l’accentuation de la précarité financière des femmes en raison de la pandémie. Il se trouve que le secteur informel, domaine dans lequel elles sont fortement représentées, ne peut appliquer le télétravail.

Au Sénégal, le Fonds de riposte Covid-19, dans le cadre duquel est prévue la distribution de vivres censée aider les femmes, s’est heurté à des problèmes d’acheminement contestés par les familles nécessiteuses. En outre, des femmes commerçantes, surtout celles évoluant dans le milieu agricole, sont confrontées au problème d’écoulement de leurs produits dans les marchés hebdomadaires ou ‘’loumas’’ qui ont été astreintes à la fermeture. L’interdiction du transport interurbain a encore exacerbé leurs problèmes. Il s’en est suivi une perte de revenus qui ont eu un impact négatif sur la vie des femmes du monde rural dont la plupart incarne le rôle de cheffe de famille et à qui incombe la prise en charge financière de tous les membres de leurs familles.

Ainsi, au cours d’un débat d’experts paysans sur les effets de la Covid-19, il a été souligné que ‘’ la fermeture du marché de Keur Momar Sarr, qui est le deuxième plus grand marché de la région de Louga, après celui de Dahra Djolof, a bloqué la commercialisation des produits issus des activités agricoles du lac de Guiers que sont la patate, l’oignon, la pomme de terre, etc.’’

En outre, l’avancement des horaires de fermeture des lieux publics, tels que les quais de pêche, n’a pas du tout profité aux femmes. Par ailleurs, les tâches ménagères telles que l’approvisionnement en eau dans les localités qui n’ont pas accès au liquide précieux, ont exposé les femmes à la maladie, car devant impérativement prendre le risque d’affronter le virus. Cette responsabilité est d’autant plus grande en cette période où se laver les mains devient un geste de protection vital.

Flambée des violences exercées sur les femmes

Le rapport souligne également la flambée des violences exercées sur les femmes et l’inégalité en termes de représentativité et de prise de décisions dans la gestion de la crise.  Selon les experts, ces cas de violence ne sont autres que le résultat du confinement des couples. Les restrictions imposées aux populations afin de limiter la propagation du virus ont permis aux familles de se retrouver pour des raisons parfois indépendantes de la volonté de leurs membres. Très vite, le constat d’une multiplication exponentielle des cas de violences basées sur le genre a été un fait notoire un peu partout dans le monde. 

Le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) estime, en ce sens, qu’à l’échelle mondiale, six mois de confinement pourraient conduire à 31 millions supplémentaires de violences basées sur le genre.

En Afrique, ce phénomène social est croissant, les violences domestiques ont pris une ampleur énorme pendant la pandémie de Covid-19 et engendrent très souvent des problèmes de santé aux personnes victimes.

EMMANUELLA MARAME FAYE

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