Des élèves voilées exclues
La rentrée scolaire a été mouvementée hier, à l’institution Sainte Jeanne d’Arc de Dakar. La direction de cet établissement privé catholique a mis à exécution sa menace de ne pas accueillir les élèves voilées. Ces dernières ont été exclues des salles de classe, en dépit des mises en garde du ministère de l’Education.
Elle avait menacé de ne pas admettre dans les salles de classe les élèves voilées, lors de la présente année scolaire. L’institution Sainte Jeanne d’Arc l’a fait. Et ce, malgré la mise en garde du ministère de l’Education, lorsque la polémique s’était installée en mai dernier.
Selon des parents d’élèves, des filles qui se sont présentées avec un voile sur la tête ont été isolées dans un amphithéâtre. Nos sources rapportent que lorsqu’elles sont entrées en classe, on les a fait sortir, avant que les parents ne soient convoqués. A leur arrivée, on leur a notifié que leurs filles ne peuvent pas être admises au sein de l’établissement, parce qu’elles portent le voile. Cette mesure a mis les parents d’élèves réunis en comité dans tous leurs états. L’un d’eux ne cache pas sa colère, d’autant plus que, renseigne-t-il, lors de la remise des bulletins du second semestre, la direction leur avait croire ‘’que c’était une rumeur’’. Il s’y ajoute qu’au moment des inscriptions et réinscriptions, c’est le règlement de 2017 qui était en vigueur sur le site de l’Isja. Ledit règlement stipule en son article 5.2 : ‘’La tenue vestimentaire doit être propre, décente, respectant les règles d’hygiène et de pudeur par respect pour autrui (...).’’
A en croire notre interlocuteur, c’est celui-ci qui était en vigueur. Mais, entre-temps, la direction a élaboré un nouveau à l’insu des parents. ‘’Ils ont voulu jouer avec les mots, car dans le nouveau règlement, il n’est pas écrit que le port du voile est autorisé ou interdit, mais juste que l’élève doit se présenter découvert’’, indique notre interlocuteur qui précise que, malgré cela, tous les élèves ont été acceptés pendant la réinscription.
Pour les parents, cette pilule ne passera pas et c’est pourquoi ils interpellent les autorités pour que la Constitution soit respectée. Ils veulent que les enfants qui ont subi un préjudice moral soient réhabilités. ‘’Nous ferons tout ce que la justice autorise pour que le droit soit dit. On n’a jamais vécu ça. Ce qu’ils apprennent à nos enfants, c’est tout simplement l’apologie de la ségrégation’’.
Pour rappel, en mai dernier, la direction de l’Isja avait envoyé un message aux parents d’élèves les avisant sur une série de nouvelles mesures qu’elle compte mettre en œuvre, dès cette présente ouverture des classes. Parmi lesquelles il y a surtout le port du voile. ‘’(...) La Congrégation des sœurs de Saint-Joseph de Cluny, tutelle de l'institution Sainte Jeanne d'Arc, dans le cadre actuel de la relecture générale de sa mission et du projet éducatif, a décidé de statuer sur la tenue autorisée pour les élèves de l'Isja ; celle-ci se composera, à partir de la rentrée de septembre 2019, de l'uniforme habituel, avec une tête découverte, aussi bien pour les filles que les garçons’’, disait le message qui avait soulevé une vive polémique.
Le ministère de l’Education était monté au créneau pour désapprouver la mesure de l’Isja. Dans un communiqué, Mamadou Talla invoquait la Constitution et la loi d’orientation 91-22 du 30 janvier 1991 qui rejette toutes les formes de discrimination basées sur l’origine, la race, le sexe et la religion. Le ministre s’engageait à prendre ‘’toutes les dispositions pour (…) une application stricte des lois et règlements en vigueur, en relation avec les inspecteurs d’académie’’.
Ce qu’espèrent les parents qui promettent de se faire entendre, surtout que la plupart des élèves voilées sont dans le secondaire et font la rentrée aujourd’hui.
FATOU SY