Publié le 18 Dec 2014 - 13:42
RETARD DANS LES DECLARATIONS DE PATRIMOINE

Le Forum civil au secours de l’OFNAC

 

L’OFNAC peut compter sur le soutien du Forum civil qui, devant la réticence notée  chez certaines personnes assujetties pour faire leur déclaration de patrimoine, a décidé de se faire entendre dans les prochains jours.

 

‘’On ne cherche à créer des problèmes à personne. Nous invitons tout le monde à jouer le jeu’’, ainsi avait déclaré la présidente de l’Office national de lutte contre la corruption, (OFNAC) lors de la cérémonie d’ouverture d’un atelier sur ‘’le développement de meilleures pratiques d’investigation et de poursuite des crimes financiers, du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme’’ tenu en début de semaine. Nafi Ngom Keïta avait, en effet, déploré la lenteur notée chez certaines personnes assujetties pour faire leur déclaration de patrimoine. 

Or, la loi n°2012-30 du 28 décembre 2012 portant création de l’OFNAC,  oblige le président de l'Assemblée nationale, le premier questeur de ladite institution, le Premier ministre, les ministres, le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), les  administrateurs de crédits, les ordonnateurs de recettes et de dépenses, les comptables publics, effectuant des opérations portant sur un total annuel supérieur ou égal à un milliard (1 000 000 000) de francs CFA, à se soumettre à cet exercice.

Ces assujettis ont-ils du mal à justifier leur patrimoine ?  L’OFNAC ira-t-il  jusqu’au bout de sa mission ? L’institution dirigée par Mme Keita ne risque-t-elle pas de connaître le même sort que la défunte Commission nationale de lutte contre la corruption et la concussion (CNLCC) ? Autant de questions qui interpellent  le coordonnateur du Forum civil. Joint par EnQuête, Mouhamadou Mbodji se veut ferme : ‘’On est dans un régime présidentiel où les membres du gouvernement prennent leurs responsabilités d’une décision du chef de l’Etat, qui lui-même est soumis à la même contrainte.

Refuser de déférer à l’invite de l’OFNAC est une défiance à la haute autorité et à la Nation toute entière’’, déclare-t-il. ‘’Il faut comprendre que la loi prend ses origines dans la transposition d’une directive de l’UEMOA (code de transparence). (…) La conscience a imposé au président Macky Sall de procéder à une déclaration de patrimoine’’ Donc, rien ne peut justifier, selon le coordonnateur de cette branche locale de Transparency international (TI), ‘’le refus’’ des ministres de  se soumettre à cet exercice de transparence. D’autant qu’ils ‘’doivent agir dans le sens de la pédagogie par l’exemple pour que leurs collaborateurs puissent suivre’’.

‘’Personne n’est au-dessus de la loi’’

Il rappelle que dans d’autres secteurs comme  la Cour des comptes et l’Autorité des marchés publics, les assujettis ont fait leur déclaration ‘’sans tambour ni trompette’’. Toutefois, M. Mbodji reste ‘’positif’’ et préfère accorder une circonstance atténuante aux membres du gouvernement qui ‘’sont peut-être pris par leur agenda’’. Pour lui, ‘‘la démarche progressive n’est pas mal’’, même si le Sénégal ‘’peut aller plus loin en termes de pédagogie pour assurer à cette réforme une totale réussite’’. Si maintenant ces personnes assujetties refusent ‘’d’adopter une position raisonnable’’, M. Mbodji  pense que Nafi Ngom et ses hommes doivent sanctionner (voir ailleurs).

Mais le Forum ne compte pas rester les bras croisés dans cette affaire. ‘’Je me donne une semaine encore, nous allons interroger l’OFNAC par rapport au délai. Est-ce un retard justifié ou pas ? Ensuite nous allons réagir’’, promet le coordonnateur du Forum civil. Il n’a pas manqué d’interpeller le président de la République, initiateur de cette réforme.  ‘’Personne n’est au-dessus de la loi y compris les membres du gouvernement.

Ils gèrent l’argent des Sénégalais ; donc ils doivent rassurer les Sénégalais et afficher leur engagement autour du crédo porté par le président Macky Sall qui est une gouvernance sobre et vertueuse’’, indique M. Mbodji. Pour lui, l’obligation de la déclaration de patrimoine est ‘’un changement de paradigme dans la gouvernance du pays’’ en ce sens qu’elle veille aux ‘’possibilités et aux risques d’enrichissement illicite’’.

DAOUDA GBAYA

 
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