Publié le 16 Apr 2020 - 14:44
RIPOSTE AFRICAINE AU CORONAVIRUS

L’ONU plaide pour l’implication des collectivités locales    

 

Pour la Commission économique de l’organisation des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), les villes sont parmi les plus aptes à comprendre et à secourir leurs populations.

 

‘’Écartés’’ de la riposte gouvernementale pour faire face à la pandémie de Covid-19, les élus des villes sénégalaises ont reçu le soutien de la Commission économique pour l’Afrique (CEA). Dans le cadre de son analyse visant à éclairer les mesures stratégiques face à la maladie, la CEA a appelé, hier, par un communiqué, ‘’à une prise en compte adéquate de la vulnérabilité des économies des villes, alors que les gouvernements africains consolident leurs efforts et définissent des mesures de relance pour atténuer les impacts économiques régionaux’’. Un constat qui a fait dire à Thokozile Ruzvidzo, Directrice de la Division du genre, de la pauvreté et de la politique sociale de la CEA, qu’’’en tant que moteurs et facteurs de la croissance économique, les villes sont confrontées à des risques considérables, à la lumière de la Covid-19. Ce qui a des répercussions sur la résilience du continent à la pandémie’’.

L’organisme régional de l’Organisation des Nations Unies (ONU) prévoit un impact économique sévère de la pandémie de Covid-19 sur les villes africaines, en raison de la forte baisse de la productivité, des emplois et des revenus occasionnée par les mesures de restriction. Et compte tenu de ces circonstances, il préconise une ‘’désagrégation de l’analyse et de l’identification des priorités et des réponses aux échelles sous-nationale et urbaine (dans) une première étape’’. Un appel voilé aux gouvernements africains à intégrer les collectivités locales dans les plans nationaux d’atténuation des conséquences économiques de la maladie.

Pourtant, les autorités locales sont des intervenants de première ligne, face à ces chocs et crises. Compte tenu de la proximité de leurs circonscriptions, elles sont bien placées pour mener et agissent déjà face à certaines des conséquences immédiates, ce qui leur permet de mieux comprendre les besoins et les mesures nécessaires. Après l’annonce des mesures de l’Etat d’urgence et de couvre-feu par le président de la République, l’Association des maires du Sénégal (AMS) avait rapidement affiché son adhésion et salué des mesures ‘’courageuses et responsables face au risque de contamination et de propagation du virus au Sénégal’’. Mais des voix s’étaient élevées pour dénoncer une mise à l’écart de certains élus locaux par les autorités administratives. Cependant, certaines municipalités, comme la mairie de Dakar ou encore celle de Mermoz Sacré-Cœur, ont entrepris des actions locales d’aide à leurs habitants.      

Les PME représentent ‘’80 % des emplois en Afrique’’

Au plan continental, la contribution économique des villes est bien supérieure à leur poids dans la population. Selon les données de la CEA, ‘’les villes africaines comptent 600 millions d’habitants et représentent plus de 50 % du PIB de la région. Ce taux est encore plus élevé, plus de 70 % pour des pays comme le Botswana, l’Ouganda, la Tunisie et le Kenya. Un tiers des PIB nationaux (31 %) provient en moyenne de la plus grande ville dans les pays africains’’.

Ainsi, les entreprises et les commerces des villes africaines sont très vulnérables aux effets de la Covid-19, en particulier les PME qui représentent ‘’80 % des emplois en Afrique’’. Ces risques sont aggravés par une hausse probable du coût de la vie, comme le montrent, par exemple, ‘’certains rapports initiaux d’augmentation allant jusqu’à 100 % du prix de certains produits alimentaires dans certaines villes africaines’’, retient l’organisme onusienne.

Aussi, la baisse probable des sources de revenus pour les autorités locales, en raison des effets réducteurs de la Covid-19 sur leur capacité déjà limitée à répondre à cette crise, est également alarmante. C’est pourquoi la CEA préconise aussi des mesures proactives pour la reprise économique urbaine, notamment par un renforcement des finances et les capacités des autorités locales en tant que premiers intervenants, des renflouements à court terme et des exemptions pour les PME, et une anticipation du potentiel des programmes de travaux publics à forte intensité de main-d’œuvre pour la création d’emplois à moyen terme. Mais à plus long terme, retient la CEA, ‘’la vulnérabilité aiguë des économies des villes exige des efforts pour revitaliser et améliorer la productivité des villes africaines grâce à des investissements adéquats visant à combler les déficits et les obstacles importants auxquels elles sont confrontées’’.

Lamine Diouf

 

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