Publié le 1 Mar 2020 - 14:53
SOUS-REPRESENTATION DES FEMMES DANS LES INSTANCES DE GOUVERNANCE

Le genre dans tous ses états 

 

Dans le dessein de renforcer la gouvernance des femmes dans les entreprises, la Cellule genre du ministère du Travail, du Dialogue social et des Relations avec les institutions a initié une rencontre pour jeter les bases d’un processus qui va inverser la tendance actuelle en leur défaveur. Des pistes de réflexion ont été définies, en vue d’une amélioration de la situation, comme réussir un meilleur équilibre entre vie familiale et vie professionnelle.

 

‘’Il y a un ensemble de pesanteurs sociales et culturelles qui font qu’à l’échelle nationale, les femmes sont sous-représentées dans les instances de gouvernance, qu’elles soient politique, sociale, économique, etc.’’, constate Seynabou Mbaye, Coordonnatrice de la Cellule genre du ministère du Travail, du Dialogue social et des Relations avec les institutions. Elle constate que ‘’les femmes déléguées du personnel ne sont pas nombreuses’’. Parce que, dit-elle, ‘’les femmes ont beaucoup de charges sociales. Ce qui constitue un frein à leur accession à certains postes. Sont aussi mis en cause, par rapport à cette situation, leur environnement social qui leur met beaucoup de pression. Ce qui explique qu’elles renoncent, de fait, à certains postes’’.

En écho à ces propos, son ministre de tutelle, Samba Sy, a lancé cette interrogation rhétorique : ‘’Je vous demanderai pourquoi nous voulons qu’il en soit ainsi ?’’ ‘’En esprit irrévérencieux’’, selon ses mots, il a ajouté : ‘’Au vu de la séquence historique actuellement vécue, nous voulons qu’il y ait un monde qui avance. Et nous pensons que les femmes peuvent évidemment nous valoir cette avancée.’’

Une assertion qui rejoint le thème de l’atelier de formation et de renforcement des capacités initié par la cellule genre dudit ministère : ‘’Quelles stratégies pour améliorer la représentativité des femmes dans les élections de délégués du personnel.’’

Le premier écueil à gravir, selon lui, est d’insérer dans les mentalités le besoin de perpétuer la quête de savoir et de compétences, en vue d’une meilleure efficience dans le travail des femmes. Ce faisant plus explicite, il parle de la nécessité de réussir un meilleur équilibre entre vie familiale et vie professionnelle. Sans cela, ajoute-t-il, beaucoup de nos prétentions pourraient ne relever que de vœux pieux.

Le second défi, à ses yeux, est celui du renforcement de l’engagement militant, civique et patriotique. Cet engagement, dans le long terme, s’inscrit dans le processus de déconstruction des mentalités contemporaines. Pourquoi sur une longue échéance ? Parce qu’à court terme, la manière risque d’être contre-productive.

En somme, cela suppose d’expliquer et de réexpliquer les bien-fondés de ces options pour faire adhérer les populations à ces principes. ‘’On ne va pas au forceps pour changer les mentalités’’.

Le dernier challenge relevé de sa communication est celui de l’amélioration de l’accès à l’information. Car, remarque-t-il, la faiblesse de la disponibilité des données statistiques, désagrégées selon le sexe, est souvent une difficulté qui ne facilite pas l’analyse de l’impact des politiques publiques sur les hommes et les femmes.

Les bons points relevés dans les conditions de la femme

La coordinatrice genre du ministère du Travail est d’avis que ‘’le cadre juridique n’est pas un obstacle en soi pour elles’’. La loi étant favorable à la promotion et à la protection des femmes. D’ailleurs, d’innombrables actions et mécanismes ont été mis en place, au niveau politique. Et à côté des instruments internationaux promouvant l’égalité des femmes et des hommes ratifiés, est venue s’adjoindre la Constitution de janvier 2001 qui pose le principe de l’égalité de l’homme et de la femme devant la loi.

Le ministre du Travail cite le PSE qui place le genre au cœur des initiatives majeures pour une participation inclusive et équitable des acteurs au processus de développement. Dans cette perspective, la stratégie nationale pour l’équité et l’égalité du genre, réactualisée en 2015 pour l’horizon temporel 2016-2026, ambitionne de ‘’contribuer à faire du Sénégal un pays émergent avec une société solidaire, dans un Etat de droit sans discrimination pour les hommes et les femmes, avec les mêmes chances de participer à son développement et de jouir de sa croissance. C’est dans ce sillage que l’Administration publique a connu des avancées significatives, avec la création de cellules genre dans tous les ministères’’, dit-il.

Autre progrès énuméré par Samba Sy : l’adoption de la loi 2020-5 du 10 janvier 2020 qui criminalise le viol et la pédophilie. Elle vise à lutter contre les inégalités de genre, notamment les discriminations et les violations de droits fondamentaux des femmes.

L’atelier d’hier a regroupé 44 représentants venus de différentes organisations : le Haut conseil du dialogue social (HCDS), le Conseil national du patronat (CNS), le Centre national d’études supérieures (CNES), l’Unacois, la CNTS, les cellules genre des autres ministères et des inspecteurs du travail. Ils vont élaborer une stratégie qui va permettre, petit à petit, de relever le faible niveau de représentation des femmes dans les instances de représentation du personnel.

MAMADOU DIALLO (STAGIAIRE)

 

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