Publié le 6 May 2024 - 13:04
STLOUIS’DOCS 2024

Le Grand Prix décerné au film ‘’Coconut Head Generation’’ d’Alain Kassanda

 

Le festival international du film documentaire de Saint-Louis (Stlouis’Docs) a été clôturé, samedi soir, à travers notamment la remise de récompenses. Le Grand Prix du festival international du film documentaire de Saint-Louis a été décerné au film ‘’Coconut Head Generation’’ d’Alain Kassanda (Nigeria-France).

 

Comment raconter la jeunesse contemporaine africaine ? Comment raconter les enjeux de nos sociétés modernes ? "Société où jadis nos grands-parents et parents combattaient les colons et la police de l’oppresseur, aujourd’hui sont devenus nos dirigeants. Mais aujourd’hui, c’est nous leur jeunesse, leurs propres enfants qu’ils combattent à l’aide de police et d’armées’’. L’on se demande comment en sommes-nous arrivés-là ?

Ainsi, le jury officiel de Stlouis’Docs souligne qu’à travers le portrait des membres d’un ciné-club de l’université d’Ibadan, la plus vieille université du Nigeria, le réalisateur congolais Alain Kassanda nous donne à ressentir l’ébullition, les questionnements, les espoirs et les rêves de cette jeunesse.

Mais il nous fait vivre au plus avec ces jeunes citoyens qui sont politiques au premier sens du terme, des hommes de la cité qui œuvrent pour l’élévation de la cité. Cela est fait de manière subtile à travers les extraits des films qu’ils regardent durant les ciné-clubs, à travers les discussions et les débats.

‘’La dignité, c’est bien de cela dont il s’agit. Jamais misérabiliste, malgré la dureté et la précarité économiques, le réalisateur nous montre des êtres dignes, intelligents, remplis de pertinence face aux enjeux de notre société, que ce soit l’écologie, la mal gouvernance, la faillite des démocraties dites modernes, la place des femmes, la question du genre, de l’art, de la transmission de notre art et savoir, la restitution de nos œuvres et cultures…’’, a apprécié le jury.

Autant de sujets traités "sans jamais être dogmatique ou monolithique, mais plutôt du côté de la complexité et de la nuance".  Une ‘’prouesse" de ne pas être un film à message où à parole uniquement. Le jury salue ainsi "un grand film qui nous restitue une énergie, une dignité, une beauté, la nôtre".

Ce même film a remporté le prix décerné par le jury de la critique dans cette catégorie.  "Pour le discours engagé de la jeunesse, particulièrement celle féminine. Pour son discours qui prône en même temps l’unité et appelle au respect de la diversité.  ’Coconut Head Generation’ est une expression stigmatisante que les jeunes se sont réappropriée avec comme objectif ultime de sortir de la médiocrité ambiante, d’être une force de proposition afin de créer un environnement où le développement sera au rendez-vous’’, ont salué Oumou Régina Sambou et Cie.

"Oni Nobu, l’homme nouveau" remporte le prix de la catégorie long métrage

En ce qui concerne le prix de la catégorie long métrage, il est revenu au film "Oni Nobu, l’homme nouveau" de Carlos Yuri Ceuninck (Cap-Vert). Carlos Yuri Ceunonck dresse le portrait de Quirino, un homme de 76 ans qui habite seul, depuis plus de 30 ans, dans un village abandonné, au fond d’une profonde vallée, entre la mer et les montagnes. ‘’Commençant à se sentir vieillir, Quirino est confronté au dilemme d’avoir à quitter le seul endroit qu’il n’ait jamais connu ou d’y terminer ses jours".

D’après le jury officiel, "ce film, qui contemple la mère nature, comme l’immortalité de l’être, nous emmène dans une errance entre les temps anciens et la moderne Afrique, une errance entre l’âpreté de la montagne giflée par la mer et la bruyante et sombre ville. Mais il nous questionne aussi sur la place que nous laissons à nos anciens dans nos sociétés et mémoires modernes". Il apprécie un film ‘’magnifique au niveau de sa photo, de son traitement sonore et puissant par son évocation onirique’’.

Ce film a également reçu le prix de la Mention spéciale décernée par le jury de la critique.

‘’Dox daje’’ primé

Le 1er prix court-moyen a été remporté par le film ‘’Lev La Tet’’ d’Erika Etangsalé (Réunion, France).  Le jury officiel apprécie ce film pour ‘’sa beauté formelle’’ qui nous transporte entre rêve et mémoire de l'île de la Réunion aux terres froides et brumeuses de la France. Il s’agit aussi d’un film ‘’qui nous raconte une transmission indicible entre un père réunionnais noir et sa fille française métisse’’.

C’est le récit de Jean-René, un ancien ouvrier aujourd’hui à la retraite. Il vit en France métropolitaine, à Mâcon, depuis son émigration de l’île de La Réunion à l’âge de 17 ans.  ‘’Durant cet exil sans retour, le père de la réalisatrice va vivre un second effacement de son être et identité. Il en fera des cauchemars, mais aura des rêves d’inscrire sur la pellicule la mémoire des jours heureux avec ses enfants. Métier que plus tard l’une de ses filles, également atteinte des mêmes cauchemars, fera du rêve de son père son métier, devenir réalisatrice. Une cinéaste réunionnaise’’, a expliqué le jury, qui parle d’un film ‘’esthétiquement puissant, à la bonne distance émotionnelle, magnifique et poétique’’.

Quant au 2e prix de la catégorie court-moyen métrage, il a été décerné à ‘’Dox daje - Marcher, se croiser’’ - (Sénégal-France). C’est un film d’Éléonore Coyette et d’Aïssatou Ciss. Il relate l’histoire d’une photographe et d’une réalisatrice (Aïssatou Ciss et Marion Colard) ‘’qui, après avoir exposé ensemble le fruit de leur rencontre et amour commun pour la photo, ont décidé d’aller plus loin, mais ici dans l’univers et les territoires de la photographe goréenne Aïssatou Ciss’’, salue le jury.

Il magnifie ce film où l’’’on ressent la délicatesse, la poésie, les questionnements d’un jeune artiste, mais aussi l’amour de deux artistes qui se respectent, malgré des parcours et imaginaires différents’’.

Pour sa part, le jury de la critique a décerné le prix au film ‘’Kilawu’’ (catégorie court et moyen métrage) de Kasongo Ngongo Olivier. Pour ce jury, ce film est une quête de sens… qui nous amène à nous poser des questions sur les défis de nos centres urbains, l’humanisation de nos villes, la prise en charge des maladies mentales et des marginaux, la solidarité africaine tant chantée.

De son côté, le film ‘’Zinet, Alger, le bonheur’’ de Mohamed Latreche a reçu la Mention spéciale du jury de la critique, dans cette catégorie. Ce, pour ‘’le travail mémoriel’’. Pour le jury, il est important d’immortaliser nos grands cinéastes, valoriser leurs œuvres et immortaliser les grands moments de nos histoires communes.

STLOUIS’DOCS

PRIX WIDO

Lors de la cérémonie de remise des prix à la 15 édition du festival du film documentaire de Saint-Louis (Stlouis’Docs), deux prix ont été décernés par Wido. Le prix Prix 2002 est revenu au film ‘’Bataille contre l’oubli’’ de Abdoul Aziz Basse. Quant au prix Mention spéciale, il a été remporté par le film ´´Yaakaar’´ de Daba Kebe. À noter qu’au-delà des prix Wido, la section compétitive du Stlouis’Docs a rassemblé 21 films documentaires (courts, moyens et longs métrages) soumis aux regards d’un jury officiel de professionnels du Cinéma, de l’Audiovisuel et de la Culture et d’un Jury de la Critique de l’ASCC (Association Sénégalaise de la Critique Cinématographique).

BABACAR SY SEYE

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