Publié le 16 Apr 2014 - 20:40
STOCKAGE DES PRODUITS PETROLIERS

Senstock, l'équation

 

Le Sénégal est un pays importateur de produits pétroliers. Le stockage est donc une question centrale dans cette activité. Il est nécessaire de disposer d’infrastructures adéquates pour éviter les ruptures de stocks. Pour cela, les sociétés multinationales évoluant dans le sous-secteur de la distribution des hydrocarbures disposaient chacune d’un dépôt. Dakar Océan Terminal (DOT) pour Oilibya (sa vache laitière, selon un acteur), Bel-Air Dakar (BAD) pour Shell et Société des Produits Pétroliers (SPP) pour Total. Le stockage était donc monopolisé par les majors.

L’homme d’affaires sénégalais Cheikh Mbacké Sèye, patron de Diprom, décide alors d’investir ce domaine afin de casser le monopole, dit-on. Il construit un dépôt d’une capacité de 29 000 m3. Mais son projet devient vite celui de l’État.

Celui-ci veut en être actionnaire majoritaire, via Petrosen, d’après un article publié en 2008 par le journaliste Abdou Latif Coulibaly et actuel ministre de la Promotion de la Bonne Gouvernance. L’objectif déclaré de Samuel Sarr, alors ministre de l'Énergie, était d’avoir un lieu de stockage national commun. Ainsi naît Senstock.

Mais l’État se rend compte plus tard qu’il n’a pas les moyens de ses ambitions. Il demande donc aux majors de faire leur entrée dans le capital. Total prend 15%, en contrepartie de son dépôt cédé à Senstock, mais Oilibya et Shell demandent à avoir plus d’informations pour pouvoir plaider le dossier à leur siège. Finalement, ils n’investiront pas dans le projet et verront leurs dépôts fermés sur décision du ministre Samuel Sarr. 

Succédant à ce dernier à la tête du département de l’Énergie, Karim Wade confirme la décision. Actuellement, l’État ne détient que 20% de Senstock via la  Sar. Et les 65% reviennent à Diprom, qui devient ainsi majoritaire et en situation de monopole par rapport à ses autres concurrents. En 2013, le ministre Aly Ngouille Ndiaye décide de rouvrir les dépôts de Shell (Vivo Energy) et Oilibya. Mais il fait machine arrière, selon Sud Quotidien.

Aujourd’hui, le dossier reste une nébuleuse. Et au même moment, les indépendants frappent à la porte. Eux aussi veulent avoir leur appartement dans la grande cour de Senstock. Ils ne cessent de dénoncer leur mise à l’écart. Seront-ils entendus par  l’actuel ministre en charge de l’Énergie, Maïmouna Ndoye Seck ?

Les Majors et l’État insaisissables

Afin d’avoir la vision la plus large sur toutes les questions que nous avons traitées dans ce dossier, nous avons pris contact avec les différents acteurs. Si, du côté des indépendants, il n’a pas été difficile de trouver un interlocuteur, ce fut par contre presque une omerta du côté de l’État et des majors.

Au ministère de l’Énergie, les premières tentatives ont été sans succès. Nous avons  même adressé une correspondance à la ministre, en date du 7 avril. Elle a alors demandé à ses services (nous tenons l’info de ces dits services) de prendre les mesures idoines pour apporter des réponses à nos questions. Sans suite, avec un leitmotiv : ''nous viendrons vers vous, soyez-en assurés''. Encore sans suite...

Quant à Total, une dame dont l’adresse mail porte le nom de Marième Ngom nous a demandé de lui envoyer le questionnaire. Elle n'a jamais refait signe de vie, en dépit de plusieurs relances. Oilibya, quant à elle, n’a pas répondu à un seul des mails envoyés.

 

 

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